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Théâtre : J’ai pris mon père sur mes épaules, "Puissant", comme on dit dans les cités !
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Attention: voilà une pièce beaucoup plus profonde que son titre.On n'en sort pas indemne.

THEATRE

J’ai pris mon père sur mes épaules

De Fabrice Melquiot

Mise en scène : Arnaud Meunier

Avec : Rachida Brakni (Anissa), Vincent Garanger (Grinch), Riad Ghami (Mourad), Nathalie Matter (Philippe, Betty, la mort), Bénédicte Mbemba (Céleste), Maurin Ollès (Énée), Frederico Semedo (Bakou) et Philippe Torreton (Roch).

INFORMATIONS

Théâtre du Rond-Point

Jusqu'au  au 9 mars

à 20h30, 15h le dimanche, relâche les lundis.

RECOMMANDATION :

EN PRIORITE

THÈME

• Au tout début du mois de novembre 2015, dans une cité comme il en existe tant au bord des centres-villes, Anissa vit d’expédients et d’un amour double, à la fois sentimental pour un père (Roch) et physique pour son fils, Énée.

• Tout un monde s’agite autour de ce trio, et notamment des amis : celui de Roch (Grinch) et ceux d’Énée, sa studieuse amie Céleste, le prometteur Bakou ainsi que Mourad, un beur en rupture d’Islam.

• La perspective du décès de Roch, atteint d’un cancer agressif et récurrent, met en branle cette micro-société et surtout Énée, qui donnait jusque là peu de sens à sa vie.

• Au même moment, des secousses violentes touchent l’immeuble, qui se fissure, et un personnage aussi silencieux qu’inquiétant parcourt les lieux à intervalles réguliers…

POINTS FORTS 

• Les comédiens, issus de générations et de profils très différents, interprètent avec une grande justesse un texte ciselé, rarement déclamatoire ; il faut saluer la performance mémorable de Philippe Torreton, ainsi que celle de Vincent Garanger.

• Le décor - un cube de béton pivotant dont trois des côtés révèlent les intérieurs et les vies des uns et des autres - fonctionne parfaitement pour donner à la pièce la circulation et les variations nécessaires au maintien de la concentration. Tout ceci fait que les 2h45 de spectacle sont passées sans aucun “tunnel“ ni temps mort.

• Le texte est puissant, qui adapte la tragédie aux mœurs et au langage du temps ; cela occasionne des ruptures de tension – par une phrase ou une attitude - plutôt bienvenues. En effet, outre qu’elles sonnent vrai, elles libèrent la tension par le rire, et atténuent sans l’effacer le pathétique des situations évoquées.

• Les thématiques brassées dans la pièce vont au-delà de ce que son titre suggère : outre les relations père-fils, sont abordés la nature et la force des liens pouvant s’établir dans une cité, ce dont il faut se dépouiller pour mourir et la trace qu’on laisse après sa mort.

POINTS FAIBLES 

C’est plus un avertissement qu’une critique : la pièce aborde assez frontalement des questions telles que celles des cités, de la jeunesse et de son absence de perspective, de la maladie et de la mort, de sorte que pour un public plutôt aisé et âgé, et qui, par surcroît, se sentirait (à tort ou à raison) menacé par la maladie, le spectacle peut être source d’inconfort. Mais c’est le prix à payer pour la justesse de son propos.

EN DEUX MOTS 

Une Énéide dans la Cité, qui tourne au road-movie avorté vers un improbable Far West portugais…

UN EXTRAIT 

« La scène représente notre jeunesse, assise dans un kebab qui change de propriétaire tous les six mois… »

L’AUTEUR 

Fabrice Melquiot, né en 1972, est devenu comédien et dramaturge après des études à la Fémis. Il est l’auteur d’une quarantaine de pièces, certaines destinées au jeune public (Bouli Miro, remarqué par la Comédie Française), et d’autres, comme J’ai pris mon père sur mes épaules - où il n’hésite pas à s’inspirer librement du récit de Virgile pour le transposer de nos jours - sont empreintes de poésie et de crudité. Ses œuvres sont jouées en France comme à l’étranger, et mises en scène aussi bien par l’Américain Ben Yalom que le Chilien Victor Carrasco. Plusieurs pièces (Le Diable en partage, Ma vie en chandelle, Marcia Hesse, Les Séparables…) ont été distinguées par des prix.

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