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L’injustice à chaud puis la raison à froid…
©JOEL SAGET / AFP

Deux temps

Plusieurs personnalités ont été jugées en deux temps: médiatiquement d’abord et longtemps après judiciairement. Les exemples les plus criants sont peut-être ceux de Noël Forgeard, Julien Dray, François Fillon et maintenant Carlos Ghosn. Notre cerveau est fait de telle sorte que nous sommes rapidement prêts à accepter un jugement médiatique en place de grève, surtout si l’accusé est puissant.

Arnaud de Montlaur

Arnaud de Montlaur

Arnaud de Montlaur est consultant politique.

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Noël Forgeard d'EADS a été jugé médiatiquement de manière violente . En 2006 on a tout entendu à son sujet dans une presse déchainée. Les mots étaient très durs et tant pis pour lui, pour sa famille, pour l’industrie Française. Il est viré en quelque mois avec des conséquences énorme pour le co leader mondial de l’aéronautique, en terme d’emploi d’image, de valorisation. Trois ans plus tard, l’AMF le met hors de cause et en 2015, donc après 9 ans d’attente, la justice le blanchi ce qui donne trois lignes dans un journal !

Ca n’intéresse plus personne, passez il n’y a rien à voir.

Julien Dray a été terrassé par des histoires de montres appuyées par les journaux et les télévisions qui l’ont clairement mis dans le fossé de la route politique. Quelques années plus tard, blanchi par la justice, il peut revenir sur la scène politique, mais son image est a toujours associée à cette histoire de montres même si la justice l’a lavé de tous soupçons.

Francois Fillon a été foudroyé médiatiquement avec une violence jamais vue. A trois mois de l’élection présidentielle, l’homme favori pour l’Elysée a été jugé par les chaînes d’info en continu 12 heures par jour durant des mois. Une telle propagande, au bout d’un moment, rentre dans les têtes et les Français ne lui donnent pas les clefs de l’Elysée. Sa femme et ses enfants sont trainés dans la boue, l’ont-ils mérité, quand le saura-t-on ?

Aujourd’hui, 2 ans après, le seul procès n’a toujours été que médiatique. Toujours pas de réponses judiciaires.

Carlos Ghosn est jugé médiatiquement en ce moment. Il est en prison sans jugement depuis 3 mois. Il n’a pas de téléphone. Par contre, il a de la lumière jour et nuit dans sa cellule. Il n’a pas de droits aux visites, il a le droit de s’assoir mais pas de s’appuyer contre un mur. C’est une forme de torture psychologique totale. J’entends ce matin que sans aucune forme de jugement, il peut rester encore des mois et des mois dans ces conditions.

Pour le pire des criminels, chez nous, la garde à vue est de seulement quelque jours.

Le président Macron, quand il était ministre des Finances du président Hollande, a eu des divergences avec Monsieur Ghosn et aujourd’hui - a priori - le gouvernement français ne fait rien pour aider son ressortissant.

J’ai pris quatre exemples de personnes célèbres. Je pourrais en prendre des dizaines d'anonymes ou de connus, des hommes ou des femmes brulés au pilori, aphones devant la puissance des medias. Nous nous privons certainement avec cette façon de faire de personnes imminentes, cette façon de faire est bien dommageable en plus que d'être injuste.

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