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LR : Laurent Wauquiez a-t-il vraiment une stratégie ?
©ROMAIN LAFABREGUE / AFP

Habile… trop habile ?

En imposant le conservateur François Xavier Bellamy comme tête de liste aux européenne de mai prochain Laurent Wauquiez joue gros.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Le Président du Parti Les Républicains a choisi un candidat  "disruptif", étiqueté catholique conservateur, voire Sens Commun, la frange la plus à droite des sensibilités du Parti pour incarner LR à l'élection européenne de mai prochain. Depuis que son nom a été validé, le brillant professeur de philosophie de 33 ans, adjoint au maire de Versailles battu aux législatives de 2017, suscite un grand scepticisme, quand  il ne fait pas carrément l'objet de vives critiques dans le parti. Au nom du nécessaire renouvellement Laurent Wauquiez est passé outre, ignorant les grands caciques, à commencer par Gérard Larcher. Le président du Sénat réclamait "une tête de liste incarnant l'équilibre" et faisait observer que "  si cette partie (- conservatrice),de notre famille politique existe et est importante, elle n'est pas majoritaire"; Eric Woerth, le président de la Commission des Finances à l'Assemblée Nationale, s'en est pris pour sa part à "la stratégie du rétrécissement d’un parti de plus en plus conservateur". Cependant pour atténuer le choc et  montrer qu'il est lui aussi soucieux d'équilibre et du respect des diverses sensibilités, Laurent Wauquiez a présenté un trio tête de liste à la Commission Nationale d'Investiture. En numéro deux figure  Agnès Evren, vice présidente de la Région Ile de France, qui préside la fédération LR de Paris, proche de Valérie Pécresse "qui représente la droite urbaine"(sic) selon Wauquiez, et en troisième position Arnaud Danjean, député européen sortant, qui a soutenu Alain Juppé lors des primaires de la droite en 2016. Pour  Laurent Wauquiez, ils sont " les nouveaux visages de la droite". Il promet par ailleurs que la moitié des vingt premières personnalités figurant sur la liste LR seront des nouveaux candidats afin de  répondre à "l'exigence de renouvellement", et afin de " donner leur chance à de  jeunes talents. La liste LR étant actuellement créditée de 12% des voix dans les sondages, c'est dire que les places seront chères pour les sortants les plus connus, comme Rachida Dati, Brice Hortefeux , Geoffroy Didier, Nadine Morano . D'autant qu'il faudra respecter un minimum d'équilibre régional pour sa composition. Ce choix a finalement été validé par la Commission d'Investiture par trente huit voix contre deux, dont celle du sénateur Pierre Charon, sarkozyste historique, qui souhaitait que Laurent Wauquiez conduise personnellement la liste, ce à quoi le chef du Parti se refuse, au nom de la promesse faite à ses électeurs de la région Auvergne-Rhone-Alpes qu'il préside, mais surtout parce qu'il vise la présidentielle de 2022.

Laurent Wauquiez promet qu'il "sera totalement engagé" dans cette bataille et il a défendu le trio," des  personnalités qui portent des vraies valeurs" et plus particulièrement la candidature de François Xavier Bellamy qui a eu , "comme Alain Finkielkraut le courage de dénoncer la déconstruction du pays après mai 68". Est-ce suffisant pour mener une bataille nationale quand on n'a qu'une maigre expérience politique? Dans l'esprit du président de LR,  la réponse est oui puisque la campagne européenne sera une campagne autour des "valeurs" de la droite....en France. Et, pour Laurent Wauquiez, qui mieux qu'un jeune candidat, opposé à l'avortement " à titre personnel" et hostile au mariage pour tous pour les incarner et surtout pour mobiliser cet électorat qui est resté fidèle à François Fillon lors de la présidentielle perdue ? Autrement dit, analyse un député LR,  la direction du parti  passe (- pour le moment ), par pertes et profits son électorat " vaguement social démocrate sensible aux sirènes d'Emmanuel Macron qui envoie des signaux à la droite avec son refus de revenir sur la suppression de l'ISF". Le même note que cette campagne peut être une " étape pour LR de redevenir visible...On nous a tellement reproché de ne pas avoir de convictions". Mais la plupart des élus s'inquiètent de voir la base de l'ex UMP, un alliage composé d'un  électorat populaire et d'une droite bourgeoise et conservatrice, se détourner définitivement des Républicains. Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy réussissaient cette alchimie...autrefois. Le président l'UDI, le centriste Jean-Christophe Lagarde qui présente sa propre liste ne s'y est pas trompé il a déjà lancé un appel, considérant que "la droite traditionnelle, celle de Chirac et Sarkozy, n'aura pas de liste pour la représenter aux élections européennes"... Hier matin  Laurent Wauquiez n'était pas présent à la réunion de groupe des députés LR à laquelle il assiste fréquemment en sa qualité de chef du parti, redoutant peut être de devoir écouter les craintes de ceux qui redoutent un échec historique du Parti avec cette stratégie, ou plutot cette tactique. Car, comme le faisait remarquer Rachida Dati :" Laurent Wauquiez sera comptable du résultat ".

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