Pour Theresa May, pas question de Brexit sans accord. Sauf que les Anglais ne s’entendent toujours pas sur le type d’accord<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Pour Theresa May, pas question de Brexit sans accord. Sauf que les Anglais ne s’entendent toujours pas sur le type d’accord
©DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Atlantico business

Brexit : Theresa May propose d'amender son projet d’accord et demande aujourd'hui aux députés de voter sur un plan B.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

Ce qui se passe désormais en Grande Bretagne est de plus en plus incompréhensible. Theresa May doit aujourd’hui proposer aux députés de Westminster de voter sur des modifications qu‘elle a apportées à son projet de deal pour qu'il leur soit acceptable par une majorité. C’est à dire un accord qui scellerait une rupture, mais qui prévoirait des conditions amiables du divorce. Le compromis n’est pas facile. Pour les uns, un Brexit sans accord conduit l’économie dans le mur et pour les autres, un Brexit avec accord revient à rester dans le statu quo.

Ajoutons à cela, qu’en cas de plan B acceptable, il lui faudra ensuite revenir à Bruxelles pour le négocier avec la Commission. Or, Michel Barnier qui représente les 27 membres de l'Union européenne a dit mille fois  que la dernière mouture accouchée après deux années de travail n’était pas amendable, sauf changements importants dont il faudrait reparler. Bref on n’en sort pas.

1er point. Du côté de l’opinion publique anglaise, plus on se rapproche de la date du 29 mars, plus on se rend compte que l'opération Brexit n'a pas été préparée ; le monde des affaires, notamment, commence à s’inquiéter sérieusement de ce qui peut se passer dans la nuit du 29 mars. C’est toujours la grande inconnue. Quelle frontière, quels contrôles, quelles taxes de douane ?

2e point, Theresa May s’est engagée à appliquer la décision du Brexit jusqu’au bout, mais de tout faire pour parvenir à un accord pour éviter le chaos économique.

3e point : les députés refusent de donner une majorité à son premier projet mais rien n’est prêt pour sortir sans accord.

4e point : A partir de ce constat, Theresa May propose aujourd’hui un plan B et viendra sans doute demander de repousser la date du Brexit à la fin de l’année, le temps de négocier ce plan B avec Bruxelles. Un amendement à surveiller de près dans le vote d’aujourd’hui : celui du duo travailliste/conservateur Cooper – Boles, qui stipule que si l’accord porté par Mme May n’est pas adopté d’ici une date fixée au 26 février, les députés pourront demander eux-mêmes à l’UE de reporter la date-butoir du 29 mars de 9 mois. De quoi la soulager d’un acte qui s’avère maintenant plus que probable.

5e point, Bruxelles est prêt à accepter un délai supplémentaire, à condition qu’il y ait un vrai plan d’organisation avec une composante politique cohérente, ce qui pour l’instant n’est pas le cas.

Le comble dans cette affaire, c‘est que la position des trois grandes parties prenantes est justifiable mais complètement incompatible.

Theresa May veut aller jusqu'au Brexit parce qu‘elle entend respecter le résultat du referendum. Organiser un second vote ferait courir le risque de fracturer la Grande Bretagne et ses deux grands partis. Elle veut donc faire le job, mais elle ne veut pas faire tomber la Grande Bretagne dans le chaos, d‘où la nécessité pour elle d’un accord. Donc, elle n’acceptera jamais un Brexit sans accord.

Le parlement britannique est violemment partagé entre ceux qui ne veulent pas de Brexit et ceux qui veulent un Brexit. Mais il y a, du côté des partisans du Brexit, une autre fracture entre ceux qui souhaitent un Brexit sans accord et ceux qui exigent un Brexit avec accord, comme Theresa May.

Ce qui complique tout, c’est que ces fractures traversent les deux grandes familles politiques qui ont toujours structuré la démocratie britannique, les travaillistes et les conservateurs.

L’Union européenne est claire et unie sur une position qu'elle a définie et négociée. L‘accord avec le Brexit doit permettre de gérer la phase de transition sans drame, ni chaos, mais dans un cadre qui n’est pas négociable, c’est à dire dans le respect des valeurs de paix et de solidarité qui sont à la base de la construction européenne.

Ce que redoutent les Européens, c’est que le désordre britannique réussisse à semer le désaccord dans l'Union européenne. En Europe aussi, beaucoup pensent que le projet caché des Anglais était de déstabiliser l’Union européenne. Parce que pour les partisans du Brexit, le hard Brexit est vivable et profitable dans une Europe éclatée. Le hard Brexit dans une Europe solidaire est mortifère pour les Anglais.

Ceux qui ont voté contre le savaient mais ils n’ont pas gagné.

Theresa May le sait, c’est pourquoi elle se bat pour un accord.

Quant à ceux qui ont poussé un vote pour un hard Brexit (en promettant monts et merveilles aux populations les plus fragiles), ils pensaient qu’ils allaient faire exploser l'Union européenne. Ils n‘ont pas réussi à semer la zizanie. Mais ne s’estiment pas battus. Pas encore.

Le match continue. A la fin, il faudra bien payer les factures. Et pour les Européens, pas question que les Anglais aient le beurre et l’argent du beurre.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !