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Réaction aux Gilets Jaunes : Emmanuel Macron met le détricotage en marche
©JOEL SAGET

Gouvernement

Moratoire, gel, abandon, report, renoncement, la langue française foisonne de mots et de formules pour qualifier ce qui va sans doute prendre l'allure d'une reculade en rase campagne de l'exécutif devant la crise déclenchée par le mouvement des Gilets Jaunes.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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C'est Edouard Philippe qui après avoir reçu tout la journée d'hier les représentants des partis politiques à Matignon, est chargé de faire des annonces " fortes" susceptibles de ramener le calme dans le pays. A l'exception des Ecologistes, tous les représentants des partis politiques réclament au minimum l'abandon de l'augmentation au 1er janvier, des taxes sur le carburant supposées financer la transition écologique, ce qui n'est pas le cas.
 Emmanuel Macron, qui est silencieux depuis son retour d'Argentine, se tient en retrait mais n'en est pas moins à la manoeuvre. Il l'a fait savoir en réunissant une dizaine de ministres hier soir à l'Elysée. Il l'a aussi montré auparavant dans la journée en allant partager le déjeuner de CRS cantonnés dans le 20e arrondissement de la capitale. Aux policiers qui vivent des heures éprouvantes, il a promis une prime exceptionnelle. Qu'en sera-t-il pour ces Gilets Jaunes qui conservent, malgré les violences, le soutien de 70% des Français, tant ils reconnaissent dans les propos de ces nouveaux "héros" venus de nulle part qui expliquent ne "plus y arriver à cause des taxes et être à découvert à partir du 15 ou du 20" du mois"? Alors les nouvelles augmentations attendront... Edouard Philippe qui ne voulait rien entendre la semaine dernière encore, et qui rejetait toute idée de concertation avec les " corps intermédiaires", n'a pu que constater l'échec de cette stratégie et se voit contraint d'opérer une révision déchirante au lendemain de l'effroyable journée du samedi 1er décembre. C'est tout le mode de cette gouvernance marquée par la "verticalité", autrement dit l'exercice du pouvoir sans être à l'écoute de l'opinion, qui est aujourd'hui remis en cause à travers ce mouvement d'ampleur qui a tendance à essaimer chez les lycéens et les agriculteurs.

Le principe d'un moratoire sur les taxes -carburants chemine depuis plusieurs jours, mais on attendait de voir comment se déroulerait la manifestation du 1er décembre, et, le cas échéant, l'arbitrage d' Emmanuel Macron parti au G20...L'absence d'ouverture a contribué à radicaliser les Gilets Jaunes dont les plus "modérés" sont aujourd'hui débordés voire menacés. La question des taxes sur le carburant, entérinée ce matin par le nouveau Délégué Général de la République En Marche, est déjà dépassée...Le nouveau d Dans la majorité même, on commence à revendiquer une amélioration du pouvoir d'achat avec augmentation du SMIC, (-base de calcul des salaires), la défiscalisation des heures supplémentaires dès le 1ert janvier, et certains s'approprient même le ras le bol fiscal en réclamant un "Grenelle de la fiscalité et des dépenses publiques", autrement dit une remise à plat du calcul d'impôt, avec la remise en cause de la suppression de l'ISF...Il n'est plus question de contenir les déficits et de complaire à Bruxelles: "Dans une situation pareille, il faut se libérer de la règle des 3%", a notamment plaidé le président de la région Normandie, le centriste Hervé Morin. Et Marine Le Pen y est allée de sa supplique sur TF1, en s'adressant à Emmanuel Macron : "Ne croyez pas que ce sera analysé comme un aveu de faiblesse. Ce sera analysé comme le geste d’un homme d’Etat, responsable, qui écoute les Français, les respecte, bref, qui les aime". Il faut dire que aussi Le temps presse, car à force d'avoir tiré sur l'élastique, celui-ci finit par craquer! 
 Aujourd'hui c'est Edouard Philippe qui monte au front devant le Parlement. Ce faisant, il renoue avec la fonction dévolue à l'occupant de Matignon, celle de diriger la majorité, mais surtout de remplir le rôle de fusible pour préserver la fonction présidentielle, un rôle qui s'est perdu au fil des quinquennats, avec la présidentialisation et la personnalisation du régime. A cet égard, le climax a été atteint avec Emmanuel Macron. Lorsque cette crise des Gilets Jaunes sera terminée, Edouard Philippe restera-t-il à Matignon? La question est posée ouvertement jusque dans les rangs de La Rem. Dans les couloirs du pouvoir, on commence à spéculer sur l'identité, ou à défaut le profil, de son éventuel successeur...Le nom de Xavier Bertrand qui revendique une image sociale et qui a claqué la porte de LR, revient souvent dans les conversations, ainsi que celui de Jean-Yves Le Drian, populaire est populaire chez les députés de la majorité. Mais pour l'heure, ce n'est pas le remaniement mais le détricotage des mesures impopulaires qui est en marche accélérée... 

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