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Trump président de la Fed et président de l’OPEP
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Beau coup

En deux mots, Jerome Powell, le président de la Banque centrale américaine, a cédé le pouvoir à Donald Trump.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

Voir la bio »

Il dit effectivement deux mots le 28 novembre, à l’Economic Club de New York : « Just below », juste au-dessous… du taux neutre, celui qui est jugé bon pour stabiliser la croissance américaine, et non plus trois mots : « a long way », un long chemin (pour l’atteindre), comme il disait début octobre. « Juste au-dessous », donc il n’y aura que 2 hausses de taux au plus en 2019 et pas 3, pourquoi pas 1, et1 ou zéro en 2020 !Trump est Président de fait de la Fed. Les taux d’intérêt à 10 ans passent de 3,25% le 7 novembre à 3 le 30 !
Jerome Powellvient en effet de faire comprendre,lors de son intervention le 28 novembre à l’Economic Club de New York, qu’il ne montera pas les taux d’intérêt trois fois l’an prochain, étant pratiquement acquis qu’il les montera encore une fois (la quatrième) cette année. Il ne peut quand même pas tout lâcher face à Donald Trump, et pourtant ! Voilàdes semainesque le Président Trump peste contre la Fed, plus exactement contre lui,son Président, Jerome Powell. Des bordées de critiques etaussi, pour partie, contre Stephen Mnuchin, le Secrétaire d’Etat au Trésor qui lui aurait recommandé de le nommer. Il ne cesse en effet, ce Powell, de monter les taux d’intérêt, sous le prétexte que c’est sa mission et que l’inflation est là ! Mais, pour Donald Trump, il affaiblit l’économie américaine et ruine ses efforts!


De fait, les derniers chiffres sur la croissance américaine sont un peu moins favorables : 9 millions d’acheteurs en moins lors du dernier Black Friday,le prix des maisons cesse de monter, la Fed d’Atlanta, célèbre pour ses calculs de PIB coïncident, annonce une croissance qui passe de 3 à 2,5%. Bref, la bourse s’inquiète. Les signes de décélération s’amoncèlent, selon Donald Trump. Mais ce dernier ne dira pas qu’il s’agit là de l’atténuation mécanique de son soutien fiscal de l’an dernier. En effet, il a, un temps, soutenu l’activité et surtout la bourse – mais les meilleures choses ont une fin. Moins encore, Donald Trump ne reconnaîtra pas sa responsabilité dans le ralentissement mondial, avec l’agitation qu’il mène sur les droits de douane ou les renégociations d’accords douaniers.La croissance américaine ralentit à cause de Jerome Powell qui monte les taux et menace ainsi sa réélection ! Il faut qu’il arrête !
Jerome Powell plie donc, maistrès mal ! D’abord, lui et ses collègues ont préparé le terrain. Richard Clarida, le vice-président de la Fed, a ainsi annoncé mardi « monter les taux trop tôt pourrait indûment réduire l’expansion économique, tandis que les bouger trop lentement pourrait alimenter l’inflation… » ce qui est d’une rare banalité, sauf si l’on comprend qu’il est soucieux d’un excès de hausse des taux. Jerome Powell fait alors pire, comparant sa démarche à celle de quelqu’un qui avance sans lumière dans une pièce pleine de meubles !« Que faites-vous ? Vous ralentissez. Vous vous arrêtez, tâtez votre chemin» dit-il. Il faut avoir plus d’information sur ce qui se passe, note Richard Clarida, qui justifie ainsi le gradualisme de la politique monétaire. Et Jerome Powell reconnaît qu’il aime bien discuter avec les hommes d’entreprise : « vous percevez les choses plus tôt ». Les marchés financiers, (jadis ?) convaincus par le sérieux, la technicité des modèles économétriques maniés par une armée de PHD, tout ce qui fonde cetteforward quidance où la Fed nous mène, doivent être inquiets d’apprendre que son chef avance désormais dans le noir et craint de se cogner aux meubles ! Heureusement, tel n’est pas le cas de Donald Trump. Dans une interview au Washington Post publié le 28 il déclare ainsi : « Je ne suis pas content de la Fed. Ils font une erreur, car j’ai un instinct, et mon instinct m’en dit souvent plus que le cerveau de n’importe qui » !

Trump Président (de fait) de l'Opep lors de la réunion les 6 et 7 décembre à Vienne ? Il veut en effet que l’Opep produise au moins autant, sinon plus, pour que le prix du pétrole baisse encore. Mais nous ne sommes plus aux 78$ du 3 octobre ! A 50$ le barilde WTI aujourd’hui, Donald Trump craint évidemment moins les effets indirects d’un pétrole cher qui pousserait la Fed à monter ses taux !Il est ainsi très heureux de devenir exportateur de pétrole, de produire autant, sinon plus, que l’Arabie Saoudite. Il voudrait que ceci continue, même si le prix du baril, aux niveauxdes coûts de  production de l’Opep ne permet pas à ses membres d’équilibrer leurs budgets. Il faudrait 53$ pour la Russie, 83$ pour l’Angola, 84$ pour l’Algérie et 88$ pour l’Arabie saoudite. Trump officiellement Président de l’Opep, ce serait plus de pétrole moins cher et un creusement du déficit budgétaire des pays de l’Opep ! Donc des emprunts et une montée des taux longs chez eux ! Ils vont donc résister et s’engager à produire un peu moins (pas trop l’Arabie saoudite, amie de Trump pour de multiples raisons, mais sans doute la Russie). Pendant ce temps, les Etats-Unis vont continuer de pomper, le ralentissement économique mondial devenir plus sensible, donc les excédents et les stocks monter, lesprix du pétrole se stabiliser, au pire (pour Donald Trump). Mais il lui faut se modérer dans son désir de baisse du prix du baril : s’il s’effondre, la bourse va prendre peur !

Avec ces deux présidences en sus, Donald Trump gère les taux d’intérêt décisifs et les prix des matières dans le monde ! Il peut alors rêver de prolonger la croissance américaine jusqu’à sa réélection : encore un an et demi à tenir !

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