L'affaire Mennel, ou la pernicieuse stratégie du "féminisme islamique" des Frères musulmans<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
L'affaire Mennel, ou la pernicieuse stratégie du "féminisme islamique" des Frères musulmans
©Capture d'écran Youtube

Bonnes feuilles

Lydia Guirous vient de publier "Libérons-nous du féminisme" aux éditions de l'Observatoire. A ses yeux, le néo-féminisme occidental est devenu une lamentable et hypocrite police de la pensée. Pour Lydia Guirous, l’égalité homme-femme ne s’ajuste pas en fonction de la confession, des origines ou du "territoire". Extrait 2/2.

Lydia Guirous

Lydia Guirous

Lydia Guirous est essayite, auteure de « Assimilation en finir avec ce tabou français » aux éditions de l’Observatoire et de « Ca n’a rien à voir avec l’Islam ? Face à l’islamisme réveillons-nous » aux éditions Plon, réédition en version augmentée et inédite.

Voir la bio »

La culture « pop » et la téléréalité, qui forgent malheureusement une partie des références culturelles de la jeune génération, sont également envahies par ces signes de l’islamisme rampant. Ainsi, sur TF1, on a pu découvrir en février 2018 une jeune chanteuse voilée en audition dans l’émission phare « The  Voice »  : Mennel. Elle a une voix pure, de grands yeux bleus, un teint pâle ; elle est « issue de la diversité » et chante « Hallelujah » du juif Leonard Cohen… Jusque-là, c’était, pour TF1, le parfait coup marketing télévisuel. Toutes les cases étaient cochées pour susciter l’émotion. Dans une vision multiculturelle et « vivre-ensembliste », ils avaient imaginé le produit Mennel pour plaire à « la famille moyenne » devant son écran, le samedi soir. Mais c’était sans compter sur l’attachement à la liberté des femmes des Français. Ces derniers ont immédiatement réagi sur les réseaux sociaux à la vue du signe d’asservissement des femmes que la future starlette portait fièrement, en plein prime time, sur la première chaîne de télévision de France !

Le plan marketing n’a pas suffi à faire passer la pilule du voile islamiste. Hé oui, les Français ne sont pas des veaux ! Ils ont immédiatement dit leur désapprobation comme une forme de résistance à l’infiltration islamiste dans la culture populaire française. Pourtant, elle avait fait des efforts pour que son voile passe plus pour un accessoire de mode qu’un élément de propagande. Il était porté de manière assez élégante, entourant son magnifique visage, et la couleur choisie faisait ressortir le bleu de ses beaux yeux en amande. Le réalisateur avait bien fait son travail : elle nous était présentée telle une apparition divine. Elle était l’immaculée, la douceur et la grâce réunies. Et c’est là qu’est le piège.

Le machiavélisme des Frères musulmans ne connaît pas de limite. Face à cette pureté et cette innocence, qui oserait jeter la première pierre ? Qui oserait soulever l’ambiguïté de cette jeune fille ? Elle, si belle, au visage d’ange, ne peut être qu’innocence et sa foi pure et dépolitisée. La critiquer vous mettrait forcément dans la case du réac, aigri, raciste, « islamophobe » pavlovien, sexiste… Et j’en oublie sans doute. Mennel est la belle ; ses opposants, des bêtes. La beauté au turban du nouveau monde multiculturel, face aux monstres rabougris du vieux monde laïc et féministe ! Il a fallu que remontent à la surface ses anciens tweets, dans lesquels elle remettait en cause la véracité des attentats de Nice, comprenait le djihadisme, soutenait les Frères musulmans et assumait son antisémitisme pour que les consciences des naïfs se remettent brièvement en question. Brièvement, car ces gens-là, les bien-pensants mainstream, ne reconnaissent jamais leurs erreurs de jugement. Ils préfèrent accuser, caricaturer, ignorer pour être sûrs de maintenir leur position dans le camp des donneurs de leçons, des « sachants ». Au début, après avoir subi leurs caricatures (oui, j’ai été qualifiée d’« islamophobe » – moi pourtant musulmane –, de raciste, de xénophobe – je suis née en Algérie – et de « faire le jeu du FN », car je dénonçais les reculs de la laïcité face à l’islamisme…), j’ai voulu comprendre les motivations de ce microcosme. J’ai d’abord pensé qu’ils avaient raté leur vocation, qu’une frustration pouvait expliquer leur comportement. J’imaginais qu’ils avaient sans doute voulu être professeurs pour « faire la leçon », noter, commenter et parfois punir. Mais la mission du professeur est trop désintéressée et anonyme ; la transmission est un engagement de tous les jours, un sacerdoce, une mission pour l’intérêt général, pour la nation et son avenir. J’ai donc abandonné cette hypothèse, car elle ne permet pas de satisfaire au narcissisme débridé des censeurs modernes. J’ai pris mon parti de les laisser commenter, critiquer, ignorer parfois, caricaturer et dénaturer mes propos. Ils ont un monde de retard. Ils sont en fait très conservateurs, et restent arc-boutés sur les schémas qu’ils connaissent. Ils ont des grilles de lecture issues de la pensée de gauche. Ils ne supportent pas la complexité des situations, ni les évolutions. Par réflexe, ils méprisent ceux qui ne rentrent pas dans leur schéma de pensée.

Pour eux, le monde se divise de la sorte : d’un côté, le bourgeois-riche-oppresseur-colon-raciste-profiteur-salaud et, de l’autre, l’immigré-prolétaire-victime de racisme-pauvre-opprimé-analphabète. Alors, bien sûr, quand vous êtes une femme, issue de l’immigration, d’un milieu rural modeste, jusque-là tout va bien. Mais, dès lors que vous êtes un peu bourgeoise dans votre éducation, vous ne pouvez pas être victime du racisme des bourgeois anciens colons. Et si, de surcroît, vous êtes diplômée d’une grande école, sans avoir bénéficié de programmes Égalité des chances (passe-droits qui discréditent dans les faits), vous devenez un ovni qui remet en question leur schéma figé dans la sauce SOS Racisme des années 1980. Le logiciel bugge, la machine s’emballe, panique à bord, mais comment faire pour comprendre ce phénomène ? Pourtant rien d’exceptionnel, il y en a tant comme moi. Grande découverte : la méritocratie républicaine fonctionne encore ! Mais il faut s’en donner la peine. Merci et vive la France ! Le pire chez ces gens-là, c’est qu’ils ne se rendent même pas compte à quel point ils sont devenus les nouveaux racistes. Du racisme ethnique classique, aujourd’hui pratiqué sous couvert de « bienveillance », ils ont créé un nouveau racisme culturosociologique.

Extrait de l'ouvrage de Lydia Guirous, Le Suicide féministe, publié aux éditions de l'Observatoire. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !