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Les entrepreneurs pourraient ils être des Gilets Jaunes ?
©PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Et que doivent penser les entrepreneurs de ces personnes amassées dans les rues pour se plaindre, ce qui semble un exercice pour lequel la France semble plus douée, que pour proposer et agir ?

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Encore un mouvement. Un jour, ils ont des chapeaux ronds et surtout des bonnets rouges, ils sont Bretons. Puis ils se transforment en « playmobiles», dotés de ces fameux gilets jaunes, qui pour la plupart n’étaient jamais sortis du coffre des voitures qui les hébergent, dans lesquels ils pourrissent, comme tout vestige d’une législation inutile en provenance d’Europe et alourdie par la France. La France, pays de la mode, vient de subir un coup fatal. Fatal à l’image d’un pays, pour qui l’esthétique est érigée en art et qui s’exhibe avec ce vêtement ridicule devant les caméras des journalistes internationaux. 

Que devrions nous penser de ces gens amassés dans les rues pour se plaindre, ce qui semble un exercice pour lequel la France semble plus douée, que pour proposer et agir ?

A titre personnel, je n’aime pas les uniformes. Institutionnels ou éphémères, je les déteste. Tout ce qui habille de façon uniforme est clivant, sépare, oppose ceux qui le portent et ceux qui l’évitent. Il y a ceux qui l’ont, qui seraient alors du côté de la force et de la vertu, même quand ils étaient au service de l’extermination des Juifs. Je n’aime pas les armées, aussi vertueuses qu’elles se prétendent et encore plus, quand elles sont marquées politiquement. Plus de 80% des extrêmes y étaient présents, de gauche et de droite, et pouvaient ainsi manifester à couvert, contre leur adversaire, sous prétexte de manifester une détresse sociale. Même si je comprends qu’il y avait aussi des milliers de gens sans agenda particuliers. 

Comment nier la détresse sociale ? Comment nier l’arrogance de Paris pour le provincial, même quand on en est issu, qui pousse à des décisions qui sont plus handicapantes pour eux que nous « les urbains » ? Comment nier que la colère monte, partout dans le monde, et que la peur ou la réalisation d’un avenir qui s’efface un peu plus chaque jour pour tant de citoyens du monde risque de causer un cataclysme terrible ? Comment nier que ceux qui vivent sur les petits territoires, qu’on laisse mourir dans les campagnes, et qui n’ont plus aucun espoir d’y trouver un emploi (16 millions aux USA), deviennent des êtres transhumains, ni totalement morts, mais plus vivants ? 

Nous ne pouvons pas nier qu’il est temps, comme le répète depuis 5 ans Christine Lagarde, que l’inclusion et l’écoute de la part des élites, devrait retrouver d’urgence un rang prioritaire sur le bureau de nos gouvernants, mais aussi des entreprises. Le lait monte, alimenté par un feu qui gagne en intensité. Les perceptions enflamment la réalité, la déforment aussi, amenant dans la rue ceux qui en fait croient manifester contre un président sourd et arrogant, quand il ne font que crier leur dégoût de 3 décennies de politiciens qui ont ruiné la France, avec application, à leur seul bénéfice. Electoral au moins. 

Macron n’a rien dégradé à la vie des Français en 18 mois. Et au final, si ses plans s’exécutent, ils seront peut être mieux lotis dans les 5 années à venir. Il doit gérer le « mistigri » que lui ont refilé ses prédécesseurs, les erreurs des uns, s’enrichissant de la lâcheté des autres, le tout empilé en un mille feuille que nous serions bien impudents de reprocher à Macron seul, sans demander des comptes à Hollande, Sarkozy, Chirac et Mitterrand. Le désespoir des seniors, pour ne prendre que cela, prend sa source dans les années socialistes, qui font de la retraite à 60 ans un marqueur social et l’ont condamné au chômage. 40 ans après, le senior français à la plus faible longévité d’Europe et le plus faible retour à l’emploi.

Alors les gilets jaunes, nous entrepreneurs serions certainement les plus légitimes à le devenir, et pourtant, pendant que chacun fait son cinéma sur les autoroutes de France, nous continuons à bosser. Même le dimanche. La Loi Pacte est vide et ne permettra pas à nos entreprises de créer des emplois et vous offrir de la croissance. Les charges ne baissent pas et nos clients nous paient en retard. Nous pourrions être dans les rues, nous sommes au bureau. Car la France ne se réformera pas dans la rue. Elle se réformera si nous proposons et imposons des mesures. La bataille du pouvoir d’achat est ridicule. Entendez moi bien, loin de moi de cracher sur les 20ù au moins de nos concitoyens qui font leur course à 1 euro près. Mais pour tous ceux, comme moi, qui ont vécu dans des pays émergents, où ce qui regardé comme une misère chez nous est considéré comme un rêve pour eux, il est clair que nous sommes trop privilégiés, et que nous ne savons plus nous contenter de moins. Et qu’il va pourtant falloir nous y habituer.

Je pense que beaucoup ont oublié, ce que signifiait le terme de pouvoir d’achat, qui consiste à dévaloriser les biens pour le soit disant bénéfice du consommateur, en oubliant que cela dévalorise surtout les hommes qui les produisent, qui y ont perdu leur emploi, bercés par les promesses de la grande distribution, avec la complicité du politique, pendant 30 ans.  Le prix toujours plus bas s’est traduit en chômage plus haut.

En conclusion, je compatis vraiment. Non pour ceux qui vivent plus mal, parce que le tabac ou l’essence aurait augmenté. Le tabac mauvais pour tous, et que qu’une personne sans moyen, privilégie son paquet de tabac sur ses enfants en dit long sur l’égoïsme montant. L’essence, il faut vite que nos entreprises passent au télétravail au moins 2 jours par semaine, et évitent ainsi  à nos salariés, tant de déplacements inutiles, pour faire acte de présence sans impact sur la productivité, au contraire. Il faut que les actifs, soient incités à l’être plus, même si c’est au détriment des retraités. Doper l’activité des entrepreneurs et des soit disant « riches » c’est offrir plus d’espoir, pour l’avenir, aux plus démunis. S’offrir un avenir, demande des efforts au présent. C’est dur, mais nécessaire. Il faut investir d’urgence dans les territoires, afin de redonner espoir à ceux qui y vivent. Cela passe, notamment, par l’investissement dans l’internet et les technologies. L’avenir en rose n’est pas assortit à un présent en jaune.

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