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Semaine  d'itinérance mémorielle : bien maigre retour sur investissement pour Emmanuel Macron
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Première guerre mondiale

Entre selfies et invectives, Emmanuel Macron sillonne le Nord et l'Est de la France depuis le début de la semaine pour se recueillir sur les lieux symboliques de la Première Guerre mondiale.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Heureux qui comme Emmanuel Macron, s'en est allé en itinérance mémorielle dans l'Est et le Nord de la France. Depuis dimanche dernier le Président de la République se livre à un double exercice: commémorer le  centenaire de la fin de la Grande Guerre  de 14/18, célébrer le courage des Poilus, et tenter de reconquérir  les Français en plein désamour voire défiance à son égard. De Strasbourg, pour symboliser la réconciliation franco-allemande en musique en compagnie du président Allemand, à Morhange (Moselle),- théâtre d'une des batailles les plus meurtrières du conflit avec 27.000 victimes en une seule journée,  Notre Dame de Lorette (Pas-de-Calais), où se trouve la plus grande nécropole militaire française, Emmanuel Macron a sillonné ces contrées toujours marquées par les stigmates de la Grande Guerre. A ces blessures enfouies dans la terre et les esprits, sont venues s'ajouter celles provoquées par la désindustrialisation et la grogne générale qui gagne le pays. Au cours de cette séquence des images de commémoration et d'interpellations se seront entremêlées en permanence. La semaine a été rythmée par une  alternance de selfies, de recueillement, d'engueulades, de saluts à la" France qui gagne", d' hommages, et...de cafouillages virant à la polémique avec l'hommage aux Maréchaux de France dont Pétain faisait partie. Du coup ce ne sont plus seulement les souvenirs glorieux et douloureux de la Première Guerre mondiale qui ont été ravivés, mais les aspects les plus sombres de la Seconde qui ont resurgi. Alors, quel bilan va-t-on tirer de cette  séquence inédite faite d'échanges virils succédant à des moments de gravité ?

Sur le plan mémoriel, cette " itinérance" a permis de raviver, au delà du traditionnel 11 novembre, le souvenir de la Grande Guerre, ses millions de morts, le sacrifice des Poilus,  auprès des Français.

Sur le plan de l'actualité, Emmanuel Macron qui voulait renouer le contact avec les Français, a vraiment pu "prendre la température" du pays, et cela vaut tous les sondages. Sous couvert de pragmatisme, face à la grogne  des "gilets jaunes",  il se voit contraint d'adoucir la potion amère de l'augmentation des taxes sur les carburants à coup de chèques-énergie. En attendant l'élaboration d'un " plan", le gouvernement se livre à des gesticulations autour des prix à la pompe. Le Ministre de l'Ecologie, François de Rugy convoque les pétroliers en compagnie de Bruno Le Maire et leur demande sur un ton martial de baisser les prix!   Et, ô surprise, il fait mine de découvrir que les prix à la pompe ne baissent pas aussi vite que ceux du prix du baril : il faut plus de temps pour amener le pétrole du puits à la pompe que de temps pour subir les effets de l'annonce d'une hausse des taxes : tout le contraire de la cote de popularité d'Emmanuel Macron... Le Président aura également pu constater que l'impérieuse nécessité de taxer le diesel au nom de la transition énergétique ne convainc guère ses concitoyens. D'autant qu'il a quasiment vendu la mèche : en tentant de se justifier, il a lâché qu'il préfère taxer l'essence plutôt que le travail... Et Monsieur de la Palice aura compris que les taxes ne serviront pas rendre l'air plus pur mais à compenser des baisses de charges salariales, par ailleurs nécessaires...Au final, cette confrontation populaire aura permis au Chef de l'Etat de prendre la mesure de l'ampleur de la grogne engendrée par la hausse des taxes. Redoutant un effet boule de neige le 17 novembre, le gouvernement est donc chargé de préparer un train de mesures pour les adoucir...pour les plus modestes. Les usines à gaz tournent à plein régime. Va-t-on également renforcer l'atténuation de la hausse de la CSG pour les retraités? Rien n'est impossible. Dans ce contexte, Emmanuel Macron peut-il encore dire  qu'il ne changera pas de politique? En attendant il se dit " heureux" d'avoir rencontré les Français. Sans doute espérait-il plus . Non  pas des flots d'éloges pour saluer son courage et sa témérité, mais qu'au hasard d'un échange avec un ou une concitoyenne, il se produise une étincelle qui aurait ravivé la flamme pas si ancienne de la relation entre le Chef de l'Etat et les Français. Il n'en a rien été. Emmanuel Macron  fait des efforts :   de patience dans ses échanges, tentant de gommer l'image d'arrogance qu'on lui reproche. C'est un premier pas .Pas assez en tous cas, pour espérer un rebond de sa cote de popularité .

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