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Après une présentation éclatante, le plan Santé de Macron est mort-né dans le budget de la Sécurité sociale
©ERIC FEFERBERG / AFP

PLFSS

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale est voté en première lecture, conduisant les engagements du Président de la République et de la Ministre des Solidarités et de la Santé au cimetière des promesses brisées.

Jean-Carles Grelier

Jean-Carles Grelier

Jean-Carles Grelier est Député (LR) de la Sarthe. Il est également porte-parole sur les questions de santé et Orateur du Groupe sur le PLFSS. 

 
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Des dizaines d’heures de débat, peut-être des centaines. Seuls quelques amendements de l’opposition ont été adoptés. Le discours transpartisan promis au long des élections présidentielles et législatives par la majorité est derechef renvoyé à sa propre hypocrisie : rien de ce qui ne vient d’ailleurs que d’elle-même n’est bon à prendre. 

Pire, la proportion de propositions rejetées issues de l’opposition pour cause d’irrecevabilité juridique ou financière n’a jamais été aussi importante depuis bien longtemps. La réplique d’André Laignel résonne d’une même voix dans la majorité : « vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaires ». 
Est-ce à dire que le texte qui vient d’être voté serait satisfaisant ou suffisant ? La réponse est évidemment non. Le nouveau monde de la République exemplaire et ouverte, expression qui a d’ailleurs étonnamment disparu du story-telling d’En Marche depuis l’Affaire Benalla peut s’offrir une nouvelle virginité.
C’est au prix d’artifices comptables et de mesures conjoncturelles que le Gouvernement et sa majorité docile au Parlement continuent de claironner le retour à l’équilibre des comptes de la sécurité sociale, pour la première fois depuis 18 ans. des comptes de la sécurité sociale. Et surtout au prix d’un effort colossal demandé aux français, tantôt patients, tantôt mères ou pères de famille, tantôt retraités, tantôt salariés ou employeurs.
Pourtant l’orthodoxie budgétaire dans laquelle les politiques de santé, les politiques familiales ou les politiques de vieillesse ont été enfermées, est mortifère. Le politique est en permanence subordonné aux décisions économiques. Le Ministère de la Santé n’est plus que le petit télégraphiste de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie ! 
Dire qu’il n’y aurait pas d’économies à réaliser serait mentir. Mais vouloir à tout prix enfermer ce beau vaisseau qu’est la sécurité sociale dans une logique comptable finira par tuer le malade en bonne santé. Les comptes seront à l’équilibre en 2019 mais le système aura périclité. N’est-ce pas déjà le cas ?
En effet, les patients accèdent avec de plus en plus de difficultés à l’hôpital pour se soigner. Ils ne trouvent plus de médecins de ville à aller consulter. Ils ont de plus en plus difficilement accès aux dispositifs médicaux et aux médicaments pour se traiter.
Mais ce sont encore 1 milliard d’euros d’économies qui seront réalisées sur le dos des hôpitaux, alors même que leur déficit a doublé entre 2016 et 2017.
Ce sont 1 milliard d’euros d’économies qui vont être imposées à l’industrie du médicament, alors même qu’une pharmacie d’officine ferme tous les deux jours, elles qui sont souvent la dernière présence médicale sur nos territoires, ruraux et urbains. Le dernier lien de confiance, l’ultime recours pour les patients. Alors même que plus de 500 médicaments essentiels ont été signalés en tension ou en rupture d’approvisionnement, conduisant à des pertes de chance inacceptables pour les patients et mettant en danger la qualité et le fonctionnement de notre système de santé. La France n’est plus fournie en traitement contre la pathologie de Parkinson. Qui s’en émeut ? Qui s’en alerte ?
Ce sont 260 millions d’euros d’économies qui sont rabotés sur la politique familiale, devenue complètement indigente, par la sous-revalorisation des prestations. 
Ce sont 39 millions d’euros de charges supplémentaires qui seront supportés par les exploitants agricoles, au titre de la « désocialisation » des heures supplémentaires, par rapport au dispositif qui avait été mis en place sous Nicolas Sarkozy.
Dès sa prise de fonction, la Ministre avait promis de ne procéder à aucun déremboursement de médicaments, 3 ont été déjà supprimés des listes de l’Assurance maladie.
Alors qu’elle avait promis un reste à charge zéro sans coût supplémentaire pour les assurés sociaux, l’augmentation du coût de l’assurance complémentaire sera de 2,5% pour une famille avec 2 enfants ou pour un étudiant. Le comble est atteint pour les retraités qui après la hausse de la CSG, auront à subir une augmentation évaluée à 9,4%.
Alors qu’elle avait promis le 21 juin dernier que seraient annoncées en juillet des mesures fortes pour les services d’urgence visant notamment à actualiser les procédures de traitement des appels au 15 et renforcer la formation des personnels régulateurs, rien n’est paru à ce jour. Pire, Olivier Véran, Député LREM, a fait voter un amendement ne proposant pas moins que de financer à hauteur de 60 euros une consultation de réorientation à l’issue de laquelle le patient devra quitter l’hôpital sans avoir été soigné, pour aller consulter un hypothétique praticien de ville auprès duquel il s’acquittera de 25 euros supplémentaires. 
Non, Docteur Véran, il ne suffira pas de casser le thermomètre pour faire tomber la fièvre !
Si le chapitre des promesses non tenues est interminable, celui des actions est particulièrement court. Les paroles ne sont pas suivies d’actes. Les engagements se distillent en plans à long terme sans vision ni hauteur – plan pauvreté, plan psychiatrie, plan prévention, plan d’accès aux soins, etc.
On aurait pu croire que les annonces portées au plus haut niveau de l’Etat trouveraient dans ce budget de la sécurité sociale un écho, une manifestation concrète. On aurait pu croire que les engagements portés par le Président de la République, le Premier ministre ou la Ministre de la santé seraient suivis d’effets, concrets et tangibles. Mais après des présentations éclatantes, les plans expirent dans l’épreuve du budget.
Les grands discours sombrent en concertations, en groupes de travail, en consultations, en commissions, en demande de rapports, sans aucune manifestation concrète. Les chantiers sont ouverts mais jamais refermés. Depuis 18 mois, la majorité ne nous sert que des mots, encore des mots, toujours des mots. 
Mais la santé des français exige des actes forts. Elle les exige maintenant.
Les professionnels de santé attendent des actes. Ils les attendent maintenant. 
La chute de la natalité depuis 2 années consécutives, les difficultés d’accès aux soins, la prise en charge du handicap, la gouvernance de la prévention, la psychiatrie, la reconnaissance du statut des aidants familiaux et bien d’autres sujets essentiels pour la santé des français nécessitent davantage que des gesticulations oratoires. Et la situation des EHPAD demande une attention particulière
A force d’espérer ce qui ne viendra pas, les « mots vont finir par cacher l’inexistence des pensées » disait l’écrivain Pierre Baillargeon.

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