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Le trouble institutionnel compulsif d’Emmanuel Macron
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Disruption

Quand la macronie change à sa guise les règles du jeu électoral au risque de se prendre les pieds dans le tapis

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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Le Président est atteint d’une manie : la volonté obsessionnelle de disrupter les règles électorales. Il a inventé le TIC : trouble institutionnel compulsif.

Les symptômes en sont les suivants. Pour les élections européennes, les huit anciennes circonscriptions sont remplacées par une circonscription unique, tandis que l’idée de circonscription transnationale a fait long feu. Pour les élections législatives, les effectifs parlementaires seront rabotés, les circonscriptions redécoupées, la proportionnelle instillée. Et, pour les élections locales, plusieurs conseils départementaux  et métropoles devraient fusionner.

L’histoire politique montre qu’il ne faut toucher aux lois électorales que d’une main tremblante. Problème : sitôt élu, Macron était déjà atteint d’une Parkinson électoraliste. En pleine campagne législative, En Marche ! s’était en effet plaint d’être pénalisé par les règles relatives aux durées des spots de campagne, assises depuis 50 ans sur une prime aux partis représentés à l’Assemblée. Dans un bel élan de fraternité, le Conseil constitutionnel accueillit avec bienveillance cette main tendue pour faire battre les autres partis en lui accordant le quintuple de la durée initialement attribuée. Même le FN si prompt à la pleurnicherie n’avait osé mendier telle pitance.

Cette fièvre du dimanche soir d’élection a muté en acharnement à construire un Elu Nouveau, déraciné de sa circonscription, en lévitation par rapport au terrain, éloigné de ses électeurs. 

Les représentants au Parlement européen sont tentés de défendre les intérêts de leur nation ? Le Président exige donc qu’on les élise sur des listes transnationales. Et tant pis si le Brexit constituait une occasion en or d’accroître l’influence française en récupérant une partie des 73 sièges britanniques bientôt vacants. Et tant pis encore si le Parlement européen s’est opposé avec force à ce projet de liste transnationale le 7 février dernier. Le Château a immédiatement réagi en déclarant que « La France continuera à défendre cette idée dans les mois et années à venir ». Et, au cas où le message n’aurait pas été assez clair, l’a fixé comme objectif pour les élections de 2024 dans la déclaration de Meseberg du 19 juin. Le traité de Lisbonne marqua le mépris de l’ancien monde pour la démocratie directe, la déclaration de Meseberg est le bras d’honneur du nouveau monde à la démocratie représentative.

Les députés osent se faire les porte-paroles de leur circonscription ? Elisons donc une poignée d’entre eux sur une liste nationale, et observons le panier de crabes de légitimités concurrentes qui s’annonce au Palais Bourbon entre le député qui a obtenu, sur sa personne, la confiance d’une majorité d’électeurs et celui qui s’est donné la peine d’être bien placé sur une liste nationale éligible à la proportionnelle par la grâce des bureaucraties des partis, et rien de plus. 

Les Français jugent leurs élus inaccessibles ? La prochaine réforme les enverra sur Jupiter. Première fusée, une expédition de députés élus à la proportionnelle. Deuxième fusée, mise sur orbite des autres en doublant la taille des circonscriptions. Plus de raison de se plaindre, les Français pourront guetter leurs élus au télescope.

Face à cette maniaquerie, les garde-fous existent – opposition parlementaire, Conseil constitutionnel – mais ne sont pas infaillibles. Une proposition : inscrire dans la Constitution le scrutin majoritaire pour arracher cette règle aux arrangements politiciens et dissuader les velléités révisionnistes qui peuvent aujourd’hui se contenter d’une loi ordinaire pour se concrétiser. Et, à défaut de loi constitutionnelle, une loi d’airain : qui se frotte aux règles électorales s’y pique souvent. La droite qui a redécoupé les circonscriptions législatives en 1986 et en 2009 a mordu la poussière en 1988 et en 2012 ; même sort aux départementales de 2015 pour la gauche qui a redécoupé les cantons la veille. Un taquet pour le pouvoir actuel en 2022 achèverait de montrer que le TIC n’accouche que de réformes en toc.

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