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Remaniement à la peine : la macronie rattrapée par la politique
©LUDOVIC MARIN / AFP

Arrivera, arrivera pas...

On ne va pas vous faite le coup de "un seul être vous manque et tout est dépeuplé", et pourtant cela y ressemble un peu quand on observe le feuilleton du remaniement gouvernemental.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Certes, la machine continue de tourner mais quelque chose s'est grippé au niveau des commandes. Comme toujours en pareil cas ; comme si la démission surprise de Gérard Collomb et son difficile remplacement jetaient soudain une lumière crue sur ce que l'on voyait poindre: un désaccord au sommet, mais aussi la faiblesse du vivier  de la macronie qui n'a pas su faire émerger de nouveau talents. Edouard Philippe et Emmanuel Macron ne sont pas, ou plus,  d'accord et à terme, on sait comment cela se termine...Il n'est pas (encore ) question de rupture, mais le grain de sable est dans la machine et on n'en est qu'au début du processus .Pour le moment l'urgence consiste à reformer une équipe gouvernementale, à trouver un nouveau locataire pour la Place Beauvau...et à préparer les élections européennes. Puisque l' équipe en place ne donne pas entière satisfaction, il était question de procéder à un  remaniement élargi afin de relancer la machine à la manière d'un moteur tournant au ralenti qui retrouverait toute sa puissance. Edouard Philippe plaidait en ce sens et l'a fait savoir. Emmanuel Macron ne disait rien .Dans les Ministères on a fait les cartons en attendant les annonces. Par exemple, le départ de la Ministre de la Culture, Françoise Nyssen était donné pour imminent;  mais hier, elle défendait encore sa proposition de loi sur les "fake news" à la tribune de l'Assemblée. Avec une épée de Damoclès sur la tête.

Le scénario (aujourd'hui caduc), souhaité par Matignon était le suivant : le premier ministre présente la démission de son gouvernement avant d'être reconduit dans la foulée avec une équipe renouvelée. Et pour conférer de la solennité à cette démarche, il prononce un discours de politique générale sanctionné par un vote de confiance à l'Assemblée. Cela ne devait poser aucun problème compte tenu de l'ampleur de la majorité. Puisque le Président de la République disait attendre les propositions du Premier Ministre et qu'Edouard Philippe se posait en protecteur et jouait les pompiers de service... Mais Emmanuel Macron ne l'entend pas ou plus de cette oreille. Après une semaine de tractations diverses et une journée de valses-hésitations, l'Elysée a fait savoir hier soir que le remaniement "n'occasionnerait pas la démission du gouvernement". Une décision prise en commun ou une véritable divergence entre Matignon et l'Elysée?

Pour montrer qu'il n'y a pas péril en la demeure, Emmanuel Macron s'est offert une ballade dans Paris dans la soirée à l'issue de sa rencontre avec les startuppers de la Station F. Le chef de l'Etat ne s'est pas contenté d'encourager les entrepreneurs au dynamisme, il a aussi vanté les mérites du système social français, manière de rappeler que la baisse des charges c'est bien, mais qu'il y a des limites, celles qui permettent de garantir les soins médicaux aux entrepreneurs qui se plaignent. A la même heure Edouard Philippe, tout à son intérim de Ministre de l'Intérieur, se rendait dans un commissariat du 19e arrondissement, un secteur sensible avant d'effectuer une tournée avec la BAC ( Brigade anti-criminalité). Quant à son "successeur" au Ministère de l'Intérieur, on l'attend toujours et on continue de se perdre en conjectures sur le bon " profil", politique ou technicien ou  politique et technicien, car l'une des hypothèses consisterait à scinder le poste en deux, l'un des Ministres étant plus spécifiquement chargé de la Sécurité ...Cette configuration a déjà existé sous François Mitterrand et sous la première cohabitation (Pasqua-Pandraud)... Problème: les candidats qui correspondraient au poste ne sont pas nombreux, sinon inexistants dans la galaxie des Marcheurs. On cite toujours les mêmes noms, ceux de Christophe Castaner, Jean-Yves Le Drian, qui sont ministres. Et ceux qui dans l'opposition ou au Centre passaient pour "macron-compatibles",  deviennent soudain très prudents et ne veulent pas se brûler les ailes dans une macronie mouvante qui n'a pas encore trouvé ses repères, ni révélé de nouveaux talents. C'est précisément la mission assignée à la nouvelle équipe dont s'est entouré Gilles Le Gendre, le nouveau patron du groupe La République en Marche de l'Assemblée. Cinq vice-présidents sont chargés d'épauler les élus (- de juin2017), manquant d'expérience politique,  dans leur travail d'élu "local" et dans leurs relations avec les médias. Après plus d'un an, la REM, dont la majorité des membres ont été élus "sur la vague", découvre les vertus de la politique de terrain . Pour cette nouvelle équipe, il s'agira aussi de prévenir et soigner les états d'âme de députés en proie au doute sur leur propre fonction et qui se sentent désarmés dans une Assemblée où les oppositions de droite et de gauche reprennent des couleurs, autrement dit où les clivages du vieux monde ressurgissent.

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