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Pourquoi ce grand silence politique sur la litanie de faits divers de plus en plus violents qui émaille le quotidien des Français ?
©CHRISTOPHE SIMON / AFP

Braquage au molosse, attaques à la batte de baseball, coups de poignard mortels…

La multiplication d'agressions et d'actes violents ces derniers jours (le bus à Angoulême ou bien encore le meurtre du chef de la police municipale Pascal Filoé à Rodez) n'a pas fait réagir la classe politique. Ces violences empoisonnent pourtant la vie des Français.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Atlantico : Comment interpréter cette recrudescence de faits-divers violents ? De quoi est-ce le marqueur ?

Xavier Raufer : D'abord : Interpréter dans le champ du social, c'est poser un diagnostic - exercice impossible sans vocabulaire étalonné. En médecine, où la vie des gens est en jeu, c'est la cruciale nosographie, description méticuleuse des maladies et symptômes, partant de termes d'une précision - justement dite "chirurgicale". En criminologie, ou la vie des gens est autant en jeu, pareil. Donc par pitié, pas de faits-divers, expression du mépris de caste de journalistes soumis. Il s'agit bien plutôt de crimes traumatisant tous un quartier et une famille. Votre fils part fêter son anniversaire, on vous ramène un cadavre en sang. Ces médias écumant au moindre gros mot devraient mieux orienter leur sensibilité.
Sur le fond : nous récoltons ce que Taubira, Cazeneuve et leurs médias aux ordres, ont semé. Des voyous ont la bride sur le cou. Partout en France, Ils lynchent, surinent, s'entretuent à la kalachnikov. D'autant que - comme récemment prouvé dans Atlantico pour la Justice - le gouvernement Macron-Philippe ignore la sécurité. Un ministre de l'intérieur quasiment en cavale et une garde des Sceaux donnant la pénible impression de tomber de l'armoire. Quant au président, il n'a nul intérêt pour la sécurité : les grands flics - qui ont du flair - le sentent. Quand il aborde le sujet, il y a un peu en lui de Marie-Antoinette : "qu'ils mangent de la brioche". L'effet sur les racailles est évident - il y a même un proverbe pour cela : "Quand le chat n'est pas là, les souris dansent".

L'insécurité et la violence "gratuite" inquiètent les citoyens, mais ces affaires sont rarement vues comme significatives par les études concernant la hausse des violences. Quel poids leur accorder ? N'y-a-t-il pas un décalage entre les statistiques qui recensent ces agressions et le carnet de bal des faits divers tel qu'on le voit dans la PQR tous les jours ? 

Quand les médias-du-système parlent avec mépris de "politiser des faits-divers", ils font comme leurs géniteurs maoïstes qui, naguère en Chine, exaltaient la révolution devant de misérables esclaves crevant de faim. 
De même, nier le réel criminel est absurde - voire contre-productif. Ces propagandistes de la collective Pravda du vivre-ensemble on beau peindre Malmö en aimable thébaïde, appeler "rixe" des émeutes ; "délinquants" des tueurs ; dire "subtiliser" ou "dérober" pour éviter le mot vol ; hypnotiquement écrire "personne" pour anonymiser le criminel, ils n'arriveront à rien. Pas plus qu'en jouant les Précieuses Ridicules, en baptisant un taulard "personne-en-situation-de-privation-de-liberté". 
Comme ils sont choisis par Niel, Drahi & co. pour être dociles, pas savants, rappelons-leur l'inanité d'antérieures vagues de censure : L'inquisition n'a en rien freiné la Réforme ; et l'Okhrana (services secrets tsaristes), qui contrôlait toute la presse russe et corrompait allègrement celle du reste de l'Europe, n'a pas retardé la révolution d'Octobre. 
Donc à l'instant, le système visse un couvercle sur une cocotte-minute, ce qui n'est jamais bon. Quelles études sérieuses sont faites sur ces sujets criminels par les services officiels ? Aucune - les médias-du-système intimident les fonctionnaires pour qu'ils s'écrasent. Il y a d'excellents rapports parlementaires - que nul officiel ne lit. Restent les criminologues et des médias libres, comme Atlantico.

Quels sont les risques de voir les partis politiques laisser cette thématique de l'insécurité à des partis, ou des personnalités dite "populistes" ? 

Les politiciens de droite sont d'usage terrifiés par le dernier stagiaire arrivé à Libé. Même ceux qui jouent les durs à la télé. Autour d'eux - souvent très près... - des "communicants" hurlent d'horreur au moindre mot fort - ne parlons pas même d'un acte... - prédisant une baisse au prochain sondage... Jadis ces sorciers éviscéraient des volatiles, aujourd'hui ils scrutent les enquêtes d'opinion - résultat identique. 
Et puis, souvenons-nous de la récente présidentielle. Avez-vous entendu Mme Le Pen parler de sécurité ? Pas moi.  Reste que les électeurs ne sont pas fous. (Mao disait "L'œil du paysan voit juste"). Ils voient mieux que les élites le seul vrai problème de sécurité de la France : ces cités hors-contrôle où on abat le colonel Beltrame, où l'on tire à la kalach' sur la police, où on crame des gardiens de la paix au cocktail Molotov. Cités d'où sont issus la plupart des terroristes ayant ensanglanté la France de 2015 à 2018. Coulibaly (l'hyper-Casher) de la sinistre Grande Borne, ainsi de suite. Or la calamiteuse gestion de ces coupe-gorge depuis un demi-siècle porte un nom : "politique de la ville" et là, les libéraux font comme la gauche - voir Marseille. Donc, pour être crédibles sur ces graves sujets, la droite et la gauche auront beaucoup à se faire pardonner.
Enfin : "populisme". Comme "terrorisme", ce terme ne relève pas de la science politique, mais vise à disqualifier. Le "populiste", c'est le type qu'on déteste. Un peu juste pour sauver sa peau (politique) et chasser les gens de la table

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