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Journées parlementaires du Modem : François Bayrou face au défi du contrôle du centre-droit d’ici 2022
©LUDOVIC MARIN / AFP

Bayrou ou Macron

L'université d'été du Modem s'achève ce dimanche dans un contexte tendu : le mouvement de François Bayrou est toujours l'allié d'Emmanuel Macron, mais montre des signes d’impatience vis-à-vis de La République en marche.

Edouard Husson

Edouard Husson

Universitaire, Edouard Husson a dirigé ESCP Europe Business School de 2012 à 2014 puis a été vice-président de l’Université Paris Sciences & Lettres (PSL). Il est actuellement professeur à l’Institut Franco-Allemand d’Etudes Européennes (à l’Université de Cergy-Pontoise). Spécialiste de l’histoire de l’Allemagne et de l’Europe, il travaille en particulier sur la modernisation politique des sociétés depuis la Révolution française. Il est l’auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur l’histoire de l’Allemagne depuis la Révolution française, l’histoire des mondialisations, l’histoire de la monnaie, l’histoire du nazisme et des autres violences de masse au XXème siècle  ou l’histoire des relations internationales et des conflits contemporains. Il écrit en ce moment une biographie de Benjamin Disraëli. 

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Atlantico : Certaines personnalités du groupe Modem comme Marielle De Sarnez perdent patience et supportent de moins en moins Emmanuel Macron. Exception faite de François Bayrou qui continue de son côté à le soutenir. Mais alors que le macronisme semble être en perte de vitesse, un espace se dégage au centre droit. Concrètement, qui est le plus à même de le récupérer ?

Edouard Husson :Le ralliement de François Bayrou et du MoDem à Emmanuel Macron a représenté un appoint décisif durant la campagne présidentielle. C’est sans aucun doute ce qui a permis à Emmanuel Macron d’être au deuxième tour. De fait, le parti centriste n’en a pas tiré beaucoup d’avantages. Le départ du gouvernement , au bout de quelques semaines, de François Bayrou et de Sylvie Goulard, est dans toutes les mémoires. Par contraste, Jean-Michel Blanquer, Gerald Darmanin, Bruno Le Maire, Edouard Philippe, venus de chez les Républicains, sont bien installés au gouvernement et on peut même dire que leur apport est décisif pour la solidité du travail entrepris. En fait, tout se passe comme si la stratégie politique d’Emmanuel Macron reposait sur une tension féconde entre les Macroniens issus du PS et ceux issus de LR, tandis qu’il n’y a pas de place pour une force centriste, le MoDem, dont LREM n’est gère qu’une version rajeunie. 

Quelle carte Emmanuel Macron peut-il jouer dans cette situation ? Comment peut-il lui-même récupérer cette espace ?

Il faut bien voir que nous sommes à la fin d’une période historique. Républicains indépendants, UDF, MoDem, LREM: autant d’organisations successives du giscardisme, dont François Bayrou puis Emmanuel Macron ont recueilli l’héritage. Or le giscardisme vit ses derniers feux comme le montre l’érosion croissante du soutien à l’Union Européenne - en tout cas dans sa version fédérale. En l’occurrence, nous avons affaire à une illusion d’optique: LREM perd du terrain et on se remet à parler du MoDem. En réalité, le MoDem et LREM sont aussi épuisés idéologiquement l’un que l’autre. Etre « libéral, centriste et européen » au moment où droite et gauche se redéfinissent en fonction du Brexit, de Trump et de la crise politique allemande, relève du paradoxe. On peut imaginer qu’Emmanuel Macron réussisse à réattirer une partie de ses électeurs issus du MoDem; mais c’est une stratégie bien plus incertaine que de s’installer durablement au centre-droit - la seule stratégie gagnante pour lui. 

Comment mesurer l'état de tension existante entre les cadres du Modem et LREM ?

L’autorité de François Bayrou sur son parti reste forte. Et la ligne qui semble s’imposer lors de l’université d’été est celle d’un soutien conditionnel au président de la République et à son gouvernement. Le MoDem se sent en position de force depuis que son candidat au perchoir a recueilli 85 voix - le double de des effectifs propres. La visite de Christophe Castaner est donc un signe envoyé aux cadres et aux militants du MoDem. Pourtant, il me semble que ces histoires d’appareil ne sont pas décisives. Ce qui se joue, c’est le retrait de la confiance envers le Président de la République chez un certain nombre d’électeurs MoDem. C’est le secteur où Emmanuel Macron a le plus perdu depuis son élection. Arrivera-t-il à reconquérir cet électorat qui est, programmatiquement parlant, le plus proche de sa ligne? 

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