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Fête de la violette : les Républicains s’installent dans leur équilibre des faiblesses
©JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

Multiples chapelles

Ce samedi a lieu la fête de la Violette, organisée par Les Populaires, le mouvement de Guillaume Peltier. Numéro 2 des Républicains, il est détesté par des gens comme Valérie Pécresse, sur les sujets européens comme sur les sujets économiques.

David Desgouilles

David Desgouilles

David Desgouilles est chroniqueur pour Causeur.fr, au Figaro Vox et auteur de l'ouvrage Le Bruit de la douche aux éditions Michalon (2015).

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Atlantico : Ce samedi a lieu la fête de la Violette, organisée par Les Populaires, le mouvement de Guillaume Peltier. Ce sera l'occasion de porter le regard vers celui qui est peut-être le troisième homme des Républicains, derrière Valérie Pécresse, et bien évidemment Laurent Wauquiez. Comment interprétez-vous le rôle et le poids de Guillaume Peltier dans la structure du parti LR ?

David Desgouilles : Guillaume Peltier est important dans la mesure où il figurait, avec Virginie Calmels, sur le ticket de Laurent Wauquiez lorsqu'il a été élu il y a un an. Depuis, Virginie Calmels a quitté l'exécutif de LR, et l'on ne sait plus très bien où elle est, même si certains bruits l'annoncent proche de Bruno Retailleau. C'est donc officiellement Guillaume Peltier le numéro deux du parti. Et c'est lui que les gens comme Valérie Pécresse aiment détester, sur les sujets européens comme sur les sujets économiques.

Par ailleurs, la fête de la Violette des "Populaires" interviendra après une autre rentrée politique, celle du mouvement de Julien Aubert ("Oser la France"), dans le Luberon, et qui a connu un certain succès. Guillaume Peltier, comme Julien Aubert, représentent, au sein de la droite classique, cette mouvance beaucoup moins libérale que les autres sur le plan économique, quoiqu'ils aient des itinéraires tout à fait différents. Peltier est plutôt un militant politique qui a commencé au Front national de la jeunesse (FNJ), qui a été mégrétiste et qui est ensuite devenu sarkozyste. Alors que Julien Aubert est énarque, il a suivi une continuité, placé dans la lignée gaullo-souverainiste de Philippe Séguin et Charles Pasqua.

Il se trouve que Laurent Wauquiez a décidé de laisser s'exprimer toutes les voix dans son parti. Visiblement, il y a beaucoup de mauvaise foi de la part de gens comme Jean-François Copé ou Valérie Pécresse à son égard, qui lui reprochent de caporaliser le parti, alors qu'au contraire, il laisse parler tout le monde. En fait, ce qu'on reproche à Laurent Wauquiez, sans jamais le dire, c'est de laisser parler Guillaume Peltier et Julien Aubert. 

Depuis son élection à la tête du parti, Laurent Wauquiez a eu plutôt tendance à se montrer agressif et subversif que rassembleur et capable de prendre de la hauteur. Lui qui se présente volontiers comme méthodique et froid a-t-il son jeu bien en main, ou bien s'est-il laisser prendre dans le piège d'un équilibre des faibles marqué par sa querelle avec Valérie Pécresse ?  Face à Emmanuel Macron, les LR ne se révèlent-ils pas décevants et conscients de l'être ?

Les Républicains se remettent d'une défaite historique. C'était la première fois que la droite classique n'était pas présente au second tour d'une élection présidentielle. C'est une très grosse claque. A partir de là, Emmanuel Macron est arrivé, et il a été jusqu'à nommer un membre des Républicains comme Premier ministre. Cela non plus n'a pas mis les Républicains dans une situation facile. Laurent Wauquiez arrive et prend le parti dans cet état-là. Il a commis des maladresses, l'histoire de l'EM Lyon en était une incontestablement. Il a toujours eu un discours clivant, mais il n'est pas du tout le premier. Bien sûr, on peut dire qu'il fait "du Sarkozy", et ce n'est sans doute pas la meilleure chose qu'il puisse faire. Il est d'ailleurs paradoxal que Nicolas Sarkozy lui reproche mezza voce de se montrer trop clivant. Il est tout de même très mal placé pour formuler ce reproche. Lui, clivant, il l'a souvent été, et cela ne l'a pas empêché de rassembler sur sa personne. Là-dessus, il y a donc aussi une part des critiques à l'égard de Wauquiez qui sont un peu exagérées. Il se montre clivant par rapport à Emmanuel Macron, mais Emmanuel Macron aussi est clivant, dans sa façon de construire l'opposition nationaliste-progressiste, etc. Aujourd'hui tout le monde est  clivant : Mélenchon, Marine Le Pen. Laurent Wauquiez n'a pas intérêt à être le seul à ne pas affirmer des positions tranchées dans un tel contexte.

Voyons l'avenir. Si Laurent Wauquiez  se trouve dans une situation où rien ne bouge, où il n'y a pas d'événement majeur en Europe, il peut attendre, et profiter, petit à petit, de la grosse méforme, qui s'annonce longue, d'Emmanuel Macron dans les sondages. Emmanuel Macron a en effet pris une trajectoire très difficile en termes de popularité. Laurent Wauquiez pourrait alors commencer à capitaliser dans un contexte qui favoriserait un retour des anciens partis – des Républicains en tout cas, pour les socialistes j'y crois beaucoup moins.

En revanche, dans le cas de grands chambardements au niveau européen, et je ne parle pas des élections européennes, mais d'une confrontation entre l'Italie et l'Allemagne sur les questions migratoires par exemple, ou sur les questions économiques ( Pacte budgétaire non respecté, refus de l'austérité etc.), cela pourrait avoir de grandes conséquences sur la vie politique française. En effet, si le duo Di Maio-Salvini décide de provoquer un bras de fer avec Angela Merkel, comment réagira la France, quelle sera la position d'Emmanuel Macron par rapport à ce rapport de force éventuel, et par ricochet, quelle sera l'attitude et la situation des Républicains par rapport à Emmanuel Macron ? Là, on peut avoir, à nouveau, une situation difficile pour les Républicains, pas du fait de Laurent Wauquiez, mais du fait que les clivages politiques seraient bouleversés. Tout séisme politique est accompagné par le déplacement de plaques tectoniques. Placés au coeur d'une faille, les Républicains pourraient en subir les dommages collatéraux. S'il n'y a pas d'évènement majeur en Europe dans les deux ou trois prochaines années, alors Laurent Wauquiez peut attendre qu'Emmanuel Macron s'éteigne, comme ses prédécesseurs, avec une popularité de plus en plus faible. Si en revanche, on a des évènements en Europe qui bouleversent tous les paysages politiques européens et le paysage politique français avec, les Républicains pourraient être balayés, ou subir une implosion.

Enserrés entre un Emmanuel Macron qui droitise sa politique économique, et une droite nationaliste qui cherche à faire le pont avec la droite gaulliste sur le plan des valeurs, comment les Républicains peuvent-ils éviter l'asphyxie ? 

Le débat de jeudi soir prochain, à l'occasion de L'Emission politique, sur France 2, entre Laurent Wauquiez et Edouard Philippe sera intéressant. On va voir sur quels sujets Wauquiez va essayer de porter le fer face au Premier ministre. Dans cette émission, c'est celui qui intervient face à l'invité du jour, à savoir Edouard Philippe, qui a le privilège de choisir son angle d'attaque. On a peut-être un léger indice sur ce plan puisque, lors des journées parlementaires LR  qui ont eu lieu à Divonne-les-Bains, Wauquiez a mis l'accent sur la France périphérique et les classes moyennes. Je le vois bien axer le débat sur le prix de l'essence qui augmente, et le fait que cela pèse sur le pouvoir d'achat dans les zones rurales où l' on est obligé d'utiliser son véhicule. Il devrait aussi évoquer les classes moyennes subissent aussi ces augmentations de taxes, et essayer ainsi de concurrencer le Rassemblement national sur ces thèmes, très porteurs dans la France périphérique . Concurrencer le RN mais aussi une autre tentation dans ces territoires :  l'abstention, qui risque d'être au rendez-vous des élections européennes comme elle l'a été lors des législatives de juin 2017. Il devrait aussi insister sur  le domaine régalien (sécurité, immigration), en essayant de concurrencer Marine Le Pen sur ce sujet. Enfin, il devrait évoquer la situation des retraités, et de leur pouvoir d'achat.

 Sera-t-il plus audible que Marine Le Pen sur tous ces thèmes ? Ce n'est pas impossible. Marine Le Pen n'est pas en grande forme même si le contexte actuel de victimisation la sert. Elle ne sera pas tête de liste aux Européennes, et elle n'a pas encore récupéré toutes ses forces. Laurent Wauquiez va essayer de se faire une place. Lors de sa dernière intervention dans l'Emission politique, il avait été très bon lorsqu'il avait été confronté à Alain Minc, l'homme de la mondialisation heureuse. Je lui conseille de s'en souvenir., ce qui implique de profiter de ce rendez-vous pour se rapprocher davantage du discours de Guillaume Peltier ou Julien Aubert, plutôt que celui de Valérie Pécresse. 

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