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Un Brexit deal à la canadienne, la solution vers laquelle les Leavers et Michel Barnier semblent converger
©Brendan Smialowski / AFP

Disraeli Scanner

Lettre de Londres mise en forme par Edouard Husson. Nous recevons régulièrement des textes rédigés par un certain Benjamin Disraëli, homonyme du grand homme politique britannique du XIXe siècle.

Disraeli Scanner

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Benjamin Disraeli (1804-1881), fondateur du parti conservateur britannique moderne, a été Premier Ministre de Sa Majesté en 1868 puis entre 1874 et 1880.  Aussi avons-nous été quelque peu surpris de recevoir, depuis quelques semaines, des "lettres de Londres" signées par un homonyme du grand homme d'Etat.  L'intérêt des informations et des analyses a néanmoins convaincus  l'historien Edouard Husson de publier les textes reçus au moment où se dessine, en France et dans le monde, un nouveau clivage politique, entre "conservateurs" et "libéraux". Peut être suivi aussi sur @Disraeli1874

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Londres,
Le 5 septembre 2018
Mon cher ami, 
Au risque d'accumuler les références cinématographiques désobligeantes pour notre Premier ministre, Theresa May me fait penser à Basil dans Fawlty Towers, cette série télévisée de la fin des années 1970. Pris régulièrement en flagrant délit de ratage, Basil, le patron d'hôtel immortalisé par John Cleese, ne reconnaît jamais qu'il a tort et défend mordicus le bien fondé de ses décisions. La question, me direz-vous, est de savoir qui sera sa Sybil - devant qui Basil finit toujours par filer doux: le peuple britannique ou la Commission Européenne? 
Et si le dilemme était tranché par le fait que les partisans du Brexit et Michel Barnier tombent d'accord sur un accord de type canadien? C'est en effet le résultat le plus important de la semaine. Tandis que nous travaillons avec David Davis, depuis sa démission, à un plan alternatif au plan de Chequers, calqué sur le modèle de l'accord signé en 2016 entre le Canada et l'Union Européenne, Michel Barnier vient de faire savoir à une délégation de députés britanniques que le plan de Chequers était, selon lui, enterré, et qu'il fallait prendre modèle, si l'on voulait un accord sur le traité entre le Canada et l'Union Européenne! 
Pour faire vite, la grande différence avec le plan de Chequers tient à ce que la Grande-Bretagne ne continuerait pas à se soumettre aux normes de l'UE comme le prévoit le plan de Chequers et n'aurait pas à se recourir aux arbitrages de la Cour Européenne. L'accord avec le Canada est fondé sur la reconnaissance réciproque des normes sur une proportion donnée de produits, modulable et révisable, et sur le recours, en cas de litige, à un tribunal d'arbitrage établi en commun. Ajoutons, point essentiel, que la Grande-Bretagne reprendrait le contrôle des flux migratoires puisque le traité ne porte que sur la liberté d'échange des biens et des services. Le point d'achoppement qui reste est celui de l'Irlande du Nord, que l'Union Européenne, contre toute prudence historique et politique, s'obstine à vouloir maintenir dans le marché unique européen. Un peu comme si l'on avait expliqué à Ottawa qu'il fallait un statut spécial pour le Québec dans l'accord. 
Mon cher ami, je ne sais pas ce qu'il en adviendra mais le fait est que la convergence entre David Davis et Michel Barnier pourrait permettre une sortie par le haut. Le parti conservateur, globalement libre-échangiste - trop, à mon goût - pourrait se rallier à un tel accord. Le Labour se diviserait à son propos. Il faut juste trouver à Theresa May un moyen de sauver la face. Si elle abandonnait le plan de Chequers instantanément, on peut imaginer que ses soutiens s'effondreraient comme une avalanche. Elle va donc vraisemblablement continuer à proclamer "C comme.... Chequers" jusqu'à ce qu'un plaisantin réplique "C comme....Canada" et déclenche un pas de danse du Premier ministre et les applaudissements de la salle. 
Je ne sais pas si nous sommes dans Fawlty Towers ou dans un théâtre de l'absurdité politique comme le monde postmoderne sait le mettre en scène. Nous allons devoir faire avec le débat quelque peu anarchique qui traverse les deux grands partis. Sans compter qu'à Bruxelles, on ne s'ennuie pas plus qu'à Londres: la Commission vient de proclamer une interdiction pour les capitales européennes d'organiser des séminaires bilatéraux avec Londres. Michel Barnier ne tient pas plus ses troupes que Theresa May. 
Rien n'est fait, donc. Mais une solution raisonnable - et révisable dans le sens des intérêts britanniques - est à portée de main. Ma seule véritable crainte c'est que Boris Johnson semble se rallier à la solution canadienne.....
Bien fidèlement
Benjamin Disraëli

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