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Pourquoi le prélèvement à la source est la réforme de trop
©FRANCOIS LO PRESTI / POOL / AFP

Edito

La réforme fiscale semble de plus en plus menacée malgré les récentes déclarations de Gérald Darmanin.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Depuis quelques jours une petite musique distillée depuis le sommet de l’Etat laisse entendre que la fameuse réforme fiscale du prélèvement à la source pourrait être à nouveau retardée. Emmanuel Macron vient d’exprimer à deux reprises lors de déplacements à l’étranger ses doutes sur les risques que comporterait le changement de système. Tout se passe comme s’il voulait revenir sur un projet qui n’était pas le sien à l’origine, mais celui de François Hollande, sans perturber l’administration qui s’était donnée corps et âme à cette révolution qui au demeurant a déjà coûté dans sa préparation au moins deux cents millions d’euros avec une campagne de communication d’envergure auprès des Français.

Il est vrai que le climat politique s’est profondément modifié depuis quelques mois. Dés le 6 juillet, nous écrivions dans ces colonnes que la réforme avait du plomb dans l’aile. La popularité du chef de l’Etat a sensiblement fléchi, suscitant des résistances de plus en plus fortes au changement. Emmanuel Macron se veut depuis son élection le champion de la transformation du pays et vient de réaffirmer son intention de continuer sur cette voie à marche forcée. Cette boulimie de réformes qui se traduit par un embouteillage des textes au Parlement commence à inquiéter l’opinion qui voudrait des résultats immédiats alors qu’un certain temps est nécessaire pour produire des effets. D’autant que la puissance publique a toujours beaucoup d’imagination pour concevoir de nouveaux projets, mais se montre souvent moins efficace dans leur mise en œuvre. Et voici que la croissance se dérobe alors que sa poursuite au rythme de 2017 aurait mis de l’huile dans les rouages. Les marges de manoeuvre du gouvernement ont disparu alors que la conjoncture devient maussade et que rien n’a été fait pour réduire le poids de la dette et des dépenses publiques. La poursuite de la baisse du chômage parait de plus en plus aléatoire, alors qu’on connait la sensibilité de nos compatriotes sur ce point. Menée par les seize millions de retraités qui vont subir la désindexation de leurs pensions alors que l‘inflation revient et que ceux-ci ont déjà subi l’augmentation de la CSG, l’opposition se durcit sous la houlette du monde des petites entreprises qui mesurent la surcharge de travail et de coûts que le dispositif nouveau entrainerait pour elles. La crainte d’une diminution du pouvoir d’achat se généralise d’autant que les feuilles de paye à la fin du mois de janvier se traduiraient par une diminution sensible puisqu’elles déduiraient l’impôt qui serait désormais prélevé au fil des mois au lieu d’être payé avec le décalage que l’on connait aujourd’hui. Un choc sensible pourrait en résulter, dont on ne peut mesurer l’ampleur.
C’est cet aspect psychologique qui inquiète le plus les dirigeants avec aussi le risque imprévisible d’un bug informatique, comme celui qui a sévi pendant plusieurs années au niveau des soldes des militaires. Mais on peut être assuré que la population n’aurait pas la patience dont a fait preuve à l’époque la grande muette. Il y a une certaine « traitrise » des logiciels souligne un spécialiste, d’autant qu’il existe des secteurs difficiles comme celui des employés à domicile, le régime du RSI, les crédits d’impôts, les APL, d’autant que la multiplicité des régimes particuliers constitue autant de chausse-trappes pour l’efficacité du nouveau dispositif.
Alors que la moitié des Français ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu, et qu’une grande partie des assujettis ont opté pour le prélèvement mensuel, on s’interroge sur l’intérêt que présente aujourd’hui un projet qui est en train de créer un nouveau pôle de stress dans l’opinion. En réalité, le prélèvement à la source conçu par Bercy parait inopportun dans le climat anxiogène actuel : pour de nombreux spécialistes il constitue la réforme de trop qu’il convient de reporter à des jours meilleurs.

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