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L'entrée en matière d'un policier noir américain pour infiltrer le Ku Klux Klan
©JIM WATSON / AFP

L'entrée en matière d'un policier noir américain pour infiltrer le Ku Klux Klan

En 1978, le policier noir Ron Stallworth débute sa mission d'infiltration en vue d'intégrer le Ku Klux Klan. Et d'emblée, l'homme doit détailler les raisons de son engagement. Extraits du livre "Le Noir qui infiltra le Ku Klux Klan" de Ron Stallworth, publié chez Éditions Autrement (1/2).

Ron Stallworth

Ron Stallworth

Policier américain désormais à la retraite, Ron Stallworth a infiltré le Ku Klux Klan à la fin des années 70 à Colorado Springs, dans l'État américain du Colorado. Il est l'auteur de l'ouvrage Le Noir qui inflitra le Ku Klux Klan, ainsi que Gangsta Code: The Sociological Implications of Gangster Rap Music and Hip Hop Culture et Bringing the Noise: Gangster-Reality Rap Music and the Dynamics of Black Social Revolution.

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Pourquoi je voulais rejoindre le Ku Klux Klan ? Jamais je n’avais imaginé qu’on me poserait un jour une question pareille. Ça me démangeait de lui répliquer : « Figurez-vous que j’ai envie de vous soutirer un maximum d’informations pour démolir le Klan et tout ce qu’il représente. » Mais j’ai résisté, j’ai respiré un grand coup, tout en me creusant la tête pour enchaîner rapidement sur un argument crédible. Et, bien sûr, j’ai formulé les choses tout autrement. 

On m’avait traité de négro assez souvent au cours de mon existence lors de petites altercations de la vie courante qui avaient viré au torrent d’injures ou en service, lorsque je verbalisais ou arrêtais des gens, pour que je le sache : quand le mot « négro » sortait de la bouche d’un Blanc, toute la dynamique changeait. En l’utilisant, mon interlocuteur me faisait savoir qu’il se considérait intrinsèquement supérieur à moi et s’arrogeait un pouvoir fictif. « Négro », c’était le langage de la haine. Maintenant que je me faisais passer pour un des leurs, j’allais pouvoir l’utiliser aux dépens de ces suprémacistes blancs.

Je me suis lancé :

« Je déteste les négros, les Juifs, les Mexicains, les métèques, les niakoués et tous ceux qui n’ont pas cent pour cent de sang aryen dans les veines. »

Au moment où j’ai prononcé cette phrase, j’ai su que mon opération d’infiltration commençait. 

« Y a pas longtemps, ma sœur s’est mise à traîner avec un négro. Et chaque fois que j’imagine les sales pattes noires de ce type sur son corps blanc et pur, ça me fout la gerbe. Je veux rejoindre le Klan pour qu’on arrête d’insulter la race blanche. »

J’avais touché la corde sensible. Ken s’est radouci, sa voix est devenue presque amicale. Il m’a appris qu’il était soldat à Fort Carson et qu’il vivait à Security avec sa femme. Il avait pour mission d’organiser une nouvelle section du Ku Klux Klan à Colorado Springs. 

« Et le Klan prévoit d’agir comment ? »

J’étais prêt à noter.

« On a tout un tas de projets. Avec les fêtes qui approchent, on a prévu d’organiser un “Noël blanc” pour les familles pauvres. Interdit aux négros. »

Extrait de "Le Noir qui infiltra le Ku Klux Klan" de Ron Stallworth, publié chez Éditions Autrement.

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