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EDF : des bons résultats conjoncturels qui masquent une situation de fond très inquiétante
©JACQUES DEMARTHON / AFP

Embellie

EDF a augmenté ses objectifs de résultat opérationnel et de ratio d’endettement sur l’ensemble de l’année 2018. La Bourse salue d'ailleurs la performance. Comment expliquer cette hausse ?

Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent est ancien dirigeant de Elf Aquitaine et Gaz de France, et spécialiste des questions d'énergie. Il est président de la branche industrie du mouvement ETHIC.

 

Ingénieur à l'Institut polytechnique de Grenoble, puis directeur de cabinet du ministre de l'Industrie Pierre Dreyfus (1981-1982), il devient successivement PDG de Rhône-Poulenc (1982-1986), de Elf Aquitaine (1989-1993), de Gaz de France (1993-1996), puis de la SNCF avant de se reconvertir en consultant international spécialisé dans les questions d'énergie (1997-2003).

Dernière publication : Il ne faut pas se tromper, aux Editions Elytel.

Son nom est apparu dans l'affaire Elf en 2003. Il est l'auteur de La bataille de l'industrie aux éditions Jacques-Marie Laffont.

En 2017, il a publié Carnets de route d'un africain.

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Atlantico : EDF a profité de bonnes conditions en France, au premier semestre, permettant d’augmenter ses objectifs de résultat opérationnel et de ratio d’endettement sur l’ensemble de l’année 2018. La Bourse salue la performance. Comment expliquez-vous cette hausse ? A quoi est-elle due ?

Loïk Le Floch-Prigent : Il y a deux chiffres importants. Le premier est celui du résultat d’exploitation. Ce dernier s’explique par le fait que les réacteurs nucléaires ont bien fonctionné ainsi que l’hydrolique. Il faut s’en souvenir et garder cela en tête, car ce sont ces deux phénomènes qui ont conduit au résultat brut d’exploitation qui est satisfaisant. Ensuite, on a le résultat net et là par contre c’est l’inverse qui se produit du fait d’un résultat exceptionnel à la même période l’année dernière qui n’est pas reconduit. La situation de début 2018 pour EDF est bonne, mais maintenant le problème posé est le suivant : «Va-t-on continuer à vendre des actifs?». Aujourd’hui cela semble être le cas (alors que c’est à la fois un enrichissement et un appauvrissement). Le deuxième élément à prendre en compte, c’est que Flammanville va continuer de coûter cher tout comme l’EPR d’Hinkley Point. Par conséquent la situation réelle d’EDF reste une inconnue malgré des résultats bruts d’exploitation satisfaisants.

En ramenant cela à la dette d'EDF (36,2 milliards d’euros au 30 juin 2016), cette hausse est-elle encourageante ou juste conjoncturelle ? 

C’est incontestablement conjoncturel. Le fait d’avoir contracté cette dette avait pour objectif de faire du nucléaire. Aujourd’hui, les réacteurs nucléaires sont amortis et l’on dégage de la marge. Si jamais on suit un programme de désengagement du nucléaire, on ne bénéficiera pas de ces installations déjà amorties. Par conséquent l’on s’achemine vers un déséquilibre, car l’intérêt d’avoir contracté cette dette était de bénéficier des revenus que l’on allait dégager des 58 réacteurs nucléaires sur le long terme. Si jamais on les arrête, on va perdre cet élément clé sur lequel repose entre autres notre économie. 

Le fait de continuer à annoncer que l’on va arrêter des centrales qui marchent et qui sont amorties pour des raisons idéologiques représente un handicap certain. Un aveugle le verrait.

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