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Vus des Etats-Unis, Hollande et Sarkozy sont tous les deux "socialistes". Mais le premier inquiète plus que le second.
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Hayek reviens !

L'hebdomadaire britannique se méfiait cette semaine de la politique d'un François Hollande à l'Elysée. Un libéral américain va plus loin : selon lui The Economist est bien trop indulgent avec le candidat PS et ses idées dangereuses...

Nikolaï Wenzel

Nikolaï Wenzel

Nikolai Wenzel est professeur d’économie à Florida Gulf Coast University, et chercheur associé à l’Institut de Recherche sur la Gouvernance et l’Economie des Institutions (Université Paris II Panthéon-Assas).

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The Economist se méfie de François Hollande : son esprit anti-commercial, son refus de reconnaître la nécessité de réformes structurelles profondes, son amour d’un modèle économique qui ne peut mathématiquement pas durer, et un programme fiscal qui prétend réduire le déficit public tout en augmentant les dépenses, et créer des emplois tout en étouffant l’économie.  L’hebdomadaire espère toutefois qu’il ne s’agit, peut-être, que de “promesses électorales” sans suite.

Mais The Economist est trop généreux avec les idées fatiguées, sophistes, et franchement dangereuses de M. Hollande.  Malheureusement, ces idées sont répandues de part et d’autre de l’Atlantique.  Il s’agit, bien entendu, du keynésianisme et du dirigisme.  MM. Bush et Sarkozy ont caché la croissance de l’Etat et l’expansion keynésienne sous un pseudo-libéralisme.  MM. Obama et Hollande prétendent redistribuer la richesse sans la créer. 

Et on s’étonne que la crise économique dure, face à des politiques issues de l’analphabétisme économique.  On s’étonne que ceux qui ont accès aux privilèges de l’Etat s’enrichissent, alors que le chômage augmente et la précarité persiste.  Ce n’est pas une coïncidence que l’économiste F.A. Hayek ait dédié son livre, La Route de la Servitude, “aux socialistes de tous les partis.”  Si M. Hollande est le seul à se doter ouvertement du manteau de Jaurès et Saint-Simon, il n’est pas le seul à en avoir les idées.

Que propose donc M. Hollande parmi ses projets si peu originaux, et pourtant si nombreux (soixante!)? 

*Plus de dépenses publiques: pour l’enseignement, l’emploi, etc.

*Plus d’impôts: pour les particuliers, les entreprises

*Plus d’interventionnisme: notamment contre les banques et le marché du travail

Le tout repose sur une hypothèse de croissance annuelle de 2,5%, d’une réduction du poids de l’Etat de 56,5% à 53,9% du PIB, et une réduction de la dette de 88,7% à 80,2% du PIB.

Voici trois problèmes fondamentaux.

  1. 1.     Il faut créer la richesse avant de la redistribuer.

Si M. Hollande a un programme détaillé pour augmenter les dépenses, il n’est pas clair comment il propose de les financer (et tout en baissant la dette!).  En augmentant les taux d’imposition?  Mais “trop d’impôt tue l’impôt”: la France a déjà un taux d’imposition qui incite les entreprises à délocaliser et les individus à partir – que ce soit les stars ou les lauréats des grandes écoles qui vont travailler à Londres et à New York.  Il ne suffit pas de parler de croissance, ou de “créer” des emplois artificiels; encore faut-il encourager les entreprises à produire, à employer, à investir.

2. L’incertitude législative tue l’investissement. 

Il est déjà bien difficile de risquer son temps et son épargne face à l’incertitude économique.  Si on rajoute en plus l’incertitude législative...  Avec des taux directeurs près de 0% depuis trois ans, on devrait s’attendre à une forte relance aux Etats-Unis.  Mais ce n’est pas le cas.  Les banques américaines ne prêtent pas; leurs réserves approchent 1,5 milliard de Dollars.  Ce n’est guère surprenant: l’Etat fédéral punissait naguère les banques qui ne prêtaient pas assez (d’où les fameux emprunts “subprime”).  Mais en 2010, la loi Dodd-Frank congèle les marchés.  Non seulement elle permet aux autorités fédérales de réécrire les contrats d’emprunt, mais elle ordonne la création de 250 règles administratives, dont seulement un infime pourcentage a jusqu’à présent été écrit.  Un cauchemar de paperasses et d’incertitudes qui durera des années, pour le plus grand délice des cabinets juridiques.  Malheureusement, M. Hollande propose des réformes de la finance, en plus d’une attitude hostile au monde économique, ce même monde qui seul peut créer les emplois et la richesse dont la France a tant besoin.  Si on le laisse faire… 

3. On ne peut pas éternellement vivre au-dessus de ses moyens. 

Le modèle économique français est une hypothèque sur l’avenir (tout comme le grec, l’américain...).  On ne peut pas éternellement s’endetter, manger la graine de semence, décourager l’investissement par l’impôt trop élevé, tuer la sagesse par des taux directeurs artificiellement bas, et décourager le travail par un marché trop rigide et une généreuse subvention du chômage.  L’austérité contre laquelle se révoltent tant d’européens n’est pas la cause de la récession actuelle.  Au contraire, elle résulte d’abus fiscaux.  On pense au mal de tête qui suivrait un réveillon de 50 ans.  Il arrive un moment ou il faut arrêter, parce qu’on ne peut plus repousser l’inévitable. Certes, on peut reprendre encore quelques verres, mais il faudra un jour ou l’autre payer la note… 

La France n’a pas besoin d’un Etat encore plus accablant.  Malheureusement les sophismes économiques persistent.  Les idées de M. Hollande sont dangereuses.  L’électorat français se retrouve, comme son homologue américain, avec peu de choix.   Les socialistes de tous les partis peuvent se réjouir.  Pour le chômeur, le pauvre, l’étudiant, le français moyen, le brave épargnant, c’est une autre histoire…

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