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Flashback : jusqu'à présent, aucun débat présidentiel d'entre deux tours n'a changé la donne
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Dialogue de sourds ?

Alors que les candidats se préparent pour le débat qui les opposera ce mercredi 2 mai, Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion publique à l’IFOP, nous explique que cette confrontation orale qui réunit les deux favoris du premier tour n'a jamais changé la donne et ne joue qu'à la marge.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Historiquement, les débats présidentiels ont-ils déjà joués un rôle important dans l’opinion ou s’agit-il essentiellement d’un exercice symbolique ?

Jérôme Fourquet : Il s’agit d’un moment important dans toute campagne présidentielle et un passage obligé. Cette confrontation entre deux visions de la France est suivie par un nombre important d’électeurs. Une fois de plus, l’audience de mercredi devrait être au rendez-vous. C’est un rituel ancré au cours duquel il y a un affrontement psychologique entre deux candidats où l’on attend de voir qui prendra l’ascendant sur son adversaire.

D’ailleurs, on se souvient de certaines phrases célèbres qui ont marqué les esprits comme « Vous n’avez pas le monopole du cœur » de  Valéry Giscard d'Estaing ou « L’homme du passif » prononcé par François Mitterrand.

Malgré tout, ces débats présidentiels ne changent pas la donne électorale. Généralement, lorsque l’on compare les intentions de vote avant et après le débat, et même avant et après le premier tour, les tendances lourdes se confirment.

Ne faut-il donc s’attendre à aucun changement de tendance?

Cela peut éventuellement jouer à la marge, c'est à dire amplifier l’avantage pour le favori s’il domine le débat soit, au contraire, réduire un peu l’écart si ce dernier est mis en difficulté par le challenger.

Au vu de la forte participation lors du premier tour, il sera difficile de renverser la tendance en un seul débat. L’élection en cours est très solidement ancrée dans une logique de référendum sur Nicolas Sarkozy. Le changement incarné par François Hollande renvoie d’ailleurs surtout à l’alternance.

Il n’y a pas d’engouement très important autour de la campagne du candidat socialiste. Par contre, une majorité très nette d’électeur ne souhaite pas que Nicolas Sarkozy fasse un second mandat. Ce sont donc des logiques profondes qui s’assoient sur un corps électoral très large. Le débat ne pourra donc jouer qu’à la marge.

La proposition de Nicolas Sarkozy d’organiser trois débats aurait-elle pu changer véritablement les tendances en cours ?

Nous n’avons aucun élément pour le savoir. Sarkozy, qui est un très bon débatteur, n’a plus rien à perdre car il est très largement devancé. Mais dans son camp, François Hollande a peut être été sous-estimé.

Par exemple, lors de l’émission « Des paroles et des actes », le candidat de la gauche a été confronté plusieurs fois déjà à des partisans de Nicolas Sarkozy, le premier d’entre eux ayant été Alain Juppé. Mais celui-ci n’a pas réussi à le mettre en difficulté. Il n’est donc pas écrit à l’avance que François Hollande soit battu lors de ce débat.

A quel moment les intentions de vote se forment-elles ? Ne faut-il pas plutôt avancer la date du débat au lieu de le programmer quelques jours seulement avant le second tour ?

C’est une tradition. Le débat ne change pas l’arrivée. Il est difficile de dire à quel moment l’opinion se cristallise. En 2012, nous sommes une fois de plus sur un affrontement classique gauche-droite.

Un autre facteur important est le rejet de Nicolas Sarkozy qui s’est cristallisé, solidifié et ancré dans le pays à la fin de l’année 2007 et au début de 2008 lorsque son capital de popularité a fondu à un niveau très faible, un seuil qu’il n’a jamais quitté sauf exception.

Propos recueillis par Olivier Harmant

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