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Hulot et la fin de la voiture : la goutte de trop pour les automobilistes qui ne peuvent pas s’en passer ?
©GERARD JULIEN / POOL / AFP

Vroum !

La "Loi mobilités" présentée vendredi par Nicolas Hulot et Elisabeth Borne s'attaque frontalement à l'utilisation de la voiture. L'objectif étant, selon le projet, d'encourager une "France sans voitures".

Pierre Chasseray

Pierre Chasseray

Pierre Chasseray est délégué Général de l'association 40 Millions d'automobilistes.

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Atlantico : Nicolas Hulot et Elisabeth Borne ont présenté vendredi matin les contours de la future « Loi Mobilités ». Comme représentant des intérêts des automobilistes, êtes-vous inquiet des nouvelles mesures qui ont été annoncées ?

Pierre Chasseray : Evidemment que je suis inquiet, nous le sommes tous ! Une fois encore, la solution qui a été retenue est de créer de nouvelles taxes, comme s’il n’y en avait pas suffisamment. Les taxes s’accumulent et le gouvernement ne fait rien d’autre que de poursuivre dans des mesures politiquement et communicationnellement correctes, dont le seul effet est de faire porter entièrement le chapeau aux automobilistes, qu’on accuse d’être les responsables de tous les dérèglements climatiques. C’est criant d’injustice ! Surtout que la conséquence de ces nouvelles taxes, c’est que l’on privilégie les citoyens urbains sur ceux des campagnes. En effet, les incidences de cette guerre anti-automobilistes se font davantage ressentir dans les territoires ruraux. Je me suis rendu compte récemment de l’impact qu’il y avait, par exemple, sur le logement : tous les indicateurs le montrent, les campagnes continuent d’être désertées ! Les Français ne peuvent plus supporter les hausses continues du prix des carburants, les taxes écologiques, les systèmes de malus… Prenons un seul exemple – mais il y en a une myriade – avec le village de Saint-Ulphace, dans la Sarthe : des logements dont le loyer est inférieur à 300 € ne trouvent pas de locataires, simplement parce que du moment qu’ils sont situés à plus d’une dizaine de kilomètres du centre-ville, personne n’en veut : la mobilité coûte trop cher ! On fait un mal de fou aux campagnes, et il est urgent que cela cesse.

Les automobilistes avaient déjà été passablement échaudés par l’abaissement des limites à 80 km/h…

Mais c’est pareil tous les jours ! Ca se bouscule au quotidien, il n’y a pas une journée où les politiques parisiens n’inventent pas une nouvelle mesure contraignante pour les automobilistes ! On crée sans-cesse de nouvelles taxes ou de nouvelles mesures. Il faut dire aussi que cela rapporte : les radars bien-sûr, mais aussi les taxes sur les carburants : il faut se dire qu’un centime de taxe sur l’essence, c’est 500 millions d’euros supplémentaires dans les caisses de l’Etat. Il n’y a plus qu’à faire la multiplication : 2 centimes, un milliard ; trois centimes, un milliard et demi… 

A côté de ces mesures, le gouvernement s’apprête-t-il à proposer des alternatives sérieuses pour garantir aux Français une mobilité tout en limitant l’impact environnemental de leurs déplacements ?

Bien-sûr que non, il n’y a aucune alternative crédible ! On fait comme si toute la France était semblable à Paris, et on promet d’augmenter les facilités pour les cyclistes ou de favoriser l’essor des transports en commun… mais c’est juste risible : les habitants de la campagne n’ont que leur voiture personnelle pour se déplacer, et ils vont continuer à verser de plus en plus d’argent dans des taxes en tout genre, simplement parce qu’ils n’ont pas d’autre solution. 

Et que penser de la voiture électrique ?

La voiture électrique ? En voilà une trouvaille ! Mais on ne parle que de ça ! Seulement, je suis censé représenter l’opinion publique, et je peux vous assurer que l’opinion se moque bien de la voiture électrique ! Ca ne correspond pas du tout aux besoins des gens, sinon, il y a bien longtemps que les Français auraient acquis un véhicule électrique. La réalité, c’est que vous pouvez vous en servir éventuellement comme d’un second véhicule, mais en aucun cas comme voiture familiale. Tenez, en ce moment les Français partent en vacances : vous imaginez quelqu’un descendre de région parisienne jusque sur la Côte d’Azur avec un véhicule électrique ? L’autonomie est d’environ 200 km… Ca fera beaucoup de gens qui passeront leurs vacances à Bourges, et il n’y aura plus personne à Nice ! Non, les voitures électriques ne sont pas une solution aujourd’hui, sinon les Français l’auraient déjà adoptée.

En somme, vous avez le sentiment que conduire un véhicule personnel est en passe de devenir en quelque sorte un délit moral…

C’est exactement cela ! Il y a une sorte de condamnation morale a priori des automobilistes, qui sont les grands méchants loups. Mais ils sont pointés de l’index par des élites parisiennes, qui ont un IPhone à la composition particulièrement polluante au fond de leur poche, qui allument la climatisation à fond au bureau, et qui reprochent ensuite à la France des campagnes de saloper la planète. C’est du délire : on est dans l’hypocrisie la plus complète ! 

Par ailleurs, je ne crois pas qu’il soit sain de vivre dans un tel hygiénisme, nous sommes bombardés d’émissions et de messages alarmants sur l’état de la planète mais tout cela ne fait que renforcer le poids de l’Etat dans nos vies : il en vient à prendre de plus en plus de décisions à notre place. Nous ne voulons pas, en réalité, que quelque ministère que ce soit vienne réguler l’ensemble de notre vie. Assez !

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