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Affaire Benalla : bien plus qu’un fait divers, l’indicateur d’une décomposition française
©JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Polémique

Alors que la polémique médiatique se concentre sur les violences honteuses commises par Alexandre Benalla, le garde du corps d'Emmanuel Macron, Alexis Carré s'interroge sur l'identité de l'homme qui filme la scène. Taha Bouhafs, militant insoumis proche de Jean-Luc Mélenchon, est connu pour avoir déjà été présent lors de nombreuses scènes d'agitation similaire.

Alexis Carré

Alexis Carré

Alexis Carré est doctorant en philosophie politique à l'ENS (travaillant sur le libéralisme et la question de la guerre).

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Atlantico.fr : L'ampleur que prend "l'affaire Benalla" vous surprend-elle ?

Alexis Carré : Les faits qui sont reprochés à ce chargé de mission de l'Élysée sont difficilement justifiables. C'est aussi le cas de la manière dont sa hiérarchie semble les avoir traités.
Il est toutefois difficile de suivre les nombreuses voix qui voudraient faire de cet incident l'illustration d'un appareil d'État globalement arbitraire, violent et inégalitaire. Et c'est en définitive la conséquence la plus grave de cette affaire, qui menace de ternir dans son ensemble l'action des forces de l'ordre chargées d'encadrer ces manifestations violentes. Or leur comportement lors de ces événements est, compte tenu de la situation, largement exemplaire.
Seulement certains journalistes, on l'a vu avec Yann Moix à Calais, conçoivent effectivement la police comme un instrument d'État de nature essentiellement répressive et non comme une force de sécurité et de protection de la population. Dans cette mesure, ils voient dans toutes les bavures, qui sont statistiquement très rares, le signe d'une pratique générale ; ce qu'aucun élément concret ne confirme.

L'homme qui a filmé le garde du corps d'Emmanuel Macron en train de rouer de coups un manifestant est Taha Bouhafs, un militant de la France insoumise qui s'est fait déjà connaître pour de nombreuses violences lors de manifestations. Si cette vidéo est accablante pour le garde du corps d'Emmanuel Macron, ne l'est-elle pas au moins autant pour les militants insoumis qui ont provoqué les forces de l'ordre violemment ?

La manière dont communiquent les mouvements violents vise à présenter leurs membres comme des jeunes laissant exploser leur colère. Le phénomène serait donc spontané et passionnel. Cette violence est en réalité méthodique et renvoie à une longue tradition de pratiques dites subversives. Les partis ou groupes révolutionnaires veulent renverser l'ordre établi. Pour justifier leur propre violence il leur faut prouver que l'ordre qu'ils combattent est illégitime, qu'il est lui-même violent et injuste. Pour ce faire il leur faut exposer les forces de l'ordre à des situations où leurs concepts opérationnels deviennent inopérants et où elles sont donc amenées à commettre des erreurs et exercer la force de manière excessive ou sur des innocents. Le black block constitue un exemple typique de cette technique. Le public comprend que la police soit habilitée à faire un usage proportionnel de la force contre les manifestants violents. L'objectif du black block est donc d'attirer l'action de la police en dehors de ce cadre. Pour cela les militants ne vont pas créer une manifestation séparée mais au contraire s'immiscer au milieu des manifestants pacifiques. Les organisations ou individus non violents, mais favorables à la cause ou aux moyens d'action du black block, vont quant à eux tâcher d'empêcher l'identification des éléments violents. Par exemple en s'interposant entre le black block et la police ou encore en portant le même genre de vêtements noirs que ces derniers. 
Les forces de sécurité sont alors confrontées à une alternative. Soit elles agissent et prennent alors le risque de provoquer des victimes collatérales. Soit elles n'agissent pas et laissent faire les violences. En sachant que même lorsqu'elles interviennent, les techniques citées plus haut rendent impossible le rassemblement des preuves ou l'identification des auteurs.

Comment se fait-il que les exactions des policiers soient si systématiquement filmées par les mêmes militants ? L'extrême gauche, d'une certaine manière, ne cherche-t-elle pas à susciter les violences pour mieux se victimiser ?

Le perfectionnement des téléphones portables a rendu possible une mise en scène de la violence policière qui consiste à capter les images des réactions policières en omettant le travail préalable de harcèlement et de provocation effectué par certains militants violents.

En somme, les insoumis ont adopté le 1er mai une stratégie proche de la guerre civile ?

Pour faire une guerre civile, il faut être deux. Étant donné la détermination de ces groupes violents à provoquer des incidents, on peut au contraire saluer le professionnalisme des forces de sécurité. Avec la prise vidéo systématique des interventions par les "journalistes indépendants", le petit nombre d'incidents justifiant des sanctions à l'égard des policiers montre que le portrait d'une institution violente et raciste est très éloigné de la réalité. Aussi navrante que soit l'affaire Benalla, elle ne doit pas servir de prétexte afin de discréditer le difficile travail des forces de l'ordre.

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