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Nous remettrons-nous du "plan May" de Fake Brexit?
©Tolga AKMEN / AFP

Disraeli Scanner

Lettre de Londres mise en forme par Edouard Husson. Nous recevons régulièrement des textes rédigés par un certain Benjamin Disraeli, homonyme du grand homme politique britannique du XIXe siècle.

Disraeli Scanner

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Benjamin Disraeli (1804-1881), fondateur du parti conservateur britannique moderne, a été Premier Ministre de Sa Majesté en 1868 puis entre 1874 et 1880.  Aussi avons-nous été quelque peu surpris de recevoir, depuis quelques semaines, des "lettres de Londres" signées par un homonyme du grand homme d'Etat.  L'intérêt des informations et des analyses a néanmoins convaincus  l'historien Edouard Husson de publier les textes reçus au moment où se dessine, en France et dans le monde, un nouveau clivage politique, entre "conservateurs" et "libéraux". Peut être suivi aussi sur @Disraeli1874

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Hughenden, 
Le 18 juillet 2018
Mon cher ami, 
Boris Johnson vient de finir son discours de démission devant la Chambre des Communes. Voyez-vous, j’ai toujours eu du mal à prendre « Bojo » au sérieux. Et je ne change pas d’avis. Aujourd’hui, il n’était en rien bouffon. Mais comment peut-on être aussi peu politique? Le Premier ministre est complètement affaibli. Eh bien Boris la rappelle au discours de Lancaster de janvier 2017 et se contente de demander comment elle a pu s’éloigner à ce point de la vision grandiose qu’elle avait, dit-il, à l’époque esquissée, celle de Global Britain. Mais le problème, Boris, c’est le décalage entre les discours et les actes! Toi même viens de faire un nouveau discours. As-tu remarqué comme les tiens avaient l’air de s’ennuyer - poliment ? Nous n’avons plus besoin de discours mais d’actes, résolus, au service de notre pays. Veux-tu réaliser ta vision? Alors prends les moyens de renverser Theresa May si, comme tu le dis, une majorité de députés peut être rassemblée derrière la vision du discours de Lancaster. 
Nous sommes au milieu, mon cher ami, d’une semaine proprement vaporeuse. Le Premier Ministre est blessé à mort par sa propre faute. Mais personne n’a entrepris, jusqu’à aujourd’hui, d’accélérer la procédure de remplacement de Theresa May. Je comprends bien que tous, dans notre parti, ont peur des conséquences d’une dissolution et de la possible victoire des travaillistes. Mais ce sera de toute façon le point d’aboutissement si nous continuons comme nous faisons actuellement. Il ne vous aura pas échappé ce qui s’est passé en ce qui concerne plusieurs propositions d’amendement au plan de Fake Brexit. Les modifications étaient présentées par des Tories qui sont des Remainers. Et le gouvernement a été sauvé de la surenchère en faveur de l’Union Européenne par le ralliement de Brexiteers du Labour. Pour tenter de reprendre la main, Theresa May essaie de faire passer le raccourcissement de la session parlementaire, afin de l’arrêter vendredi et non à la fin de la semaine suivante. 
Le spectacle que nous offrons à l’Union Européenne est lamentable. Le Premier ministre affirme que la plupart de ses propositions ne sont pas négociables. Mais elle disait déjà la même chose lorsqu’elle défendait, voici plus d’un an, un Brexit dur. Theresa May a pensé ridiculiser Donald Trump en révélant ce qu’il lui avait conseillé en matière de négociation avec l’Union Européenne. A la place du Premier ministre, lui a-t-il dit, il aurait utilisé la possibilité pour un pays de poursuivre l’Union Européenne. Mais ce n’est pas du tout ridicule. Effectivement, Londres aurait pu interroger la compatibilité avec l’article 50 du Traité européen du phasage des négociations imposé par la Commission européenne. Selon des bons connaisseurs du droit européen, il aurait été possible d’argumenter qu’un accord sur l’article 50 ne pouvant avoir lieu qu’une fois le cadre général de la discussion posé, Londres avait toutes les raisons de refuser qu’on lui impose des conditions préalables sans discuter simultanément des principes de la négociation à venir. En l’occurrence, Donald Trump a un tempérament politique, pas Theresa LMay. 
En tout cas, le comité 1922, qui réunit les backbenchers du parti conservateur a reçu plus de 40 lettres de députés posant la question du leadership  de Theresa May. Le minimum requis pour engager un vote est de 48. A suivre. 
Bien fidèlement
Benjamin Disraëli

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