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Comment réussir à rentrer chez soi en toute sécurité quand on habite
un quartier à problèmes
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Lutte en milieu urbain

Petit manuel de "combat" en 4 leçons...

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Comme beaucoup de Parisiens, j’aime notre capitale pour une denrée de plus en plus rare à trouver: la mixité sociale et ethnique. Les quartiers huppés et monocolores de l’Ouest parisien (qui commence, n’en déplaise à Jean-Luc Mélenchon, place de Bastille et s’étend jusqu’à Saint-Germain-en-Laye et au-delà) m’ennuient. J’habite les hauts de Belleville, où coexiste pacifiquement une foule bigarrée de groupes ethniques et religieux venus des quatre coins du monde, et d’une large palette de milieux sociaux. Il faut voir le marché de la place des Fêtes, le dimanche, pour mesurer la richesse humaine du quartier.

La seule ombre à ce tableau, c’est le groupe de jeunes fumeurs de joints encapuchonnés qui avait décidé de squatter l’entrée de mon immeuble quatre ou cinq fois par semaine pour chahuter jusqu’à deux heures du matin. Pas forcément violents, ni hostiles. Mais quand vous rentrez chez vous à minuit, vous retrouver côte-à-côte avec cinq ou six gaillards tapis dans une obscurité qu’ils vous imposent (puisqu’ils ont dévissé les ampoules du hall), et qui vous épient pendant que vous ouvrez votre porte, reconnaissez que cela rend l’exercice «rentrer chez soi» moyennement agréable.

Il m’a fallu six mois pour dissuader ces jeunes adultes de continuer leur manège (même s’ils ont la tentation de revenir tous les trois mois). Voici comment:

1 - Se rappeler que la sécurité n’est pas une valeur d’extrême droite, mais un droit imprescriptible de l’Homme reconnu en 1789. Cela va beaucoup mieux en le disant, parce que, si l’on se fie aux bien-pensants (qui habitent généralement les beaux quartiers), rentrer chez soi sans stress le soir après une journée de boulot, c’est une revendication néo-fasciste. Vous vous sentirez beaucoup plus à l’aise pour mener vote combat si vous rétablissez la vérité historique et morale: la sûreté, comme on disait en 1789, est aussi importante et essentielle que la liberté ou la résistance à l’oppression (article 2 de la Déclaration de 1789).

2 - Comprendre l’inertie policière: dans votre petit combat citoyen, vous vous appuierez parfois sur les forces de police. Malheureusement leur guéantisation depuis 10 ans est une catastrophe. Un policier raisonnable n’a aucun intérêt à vous aider. S’attaquer aux incivilités prend du temps et de l’énergie, sans aucun résultat statistique à produire à la fin du mois. Il vaut beaucoup mieux arrêter un maçon malien ou une maman chinoise qui conduit ses enfants à l’école: vite fait, sans risque, et très bon pour la carrière.

Si vous intervenez auprès des occupants de votre hall, il faut donc viser juste: avant 22h ou après minuit (entre les deux, c’est la relève et personne n’intervient), et toujours chercher la qualification pénale pour les faits. Le tapage nocturne n’intéresse pas. La menace de mort non plus (le «je vais te niquer ta mère, et t’égorger, connard!» ne donne lieu à aucune sanction). En revanche: le «sale pédé», «sale pute» (si vous êtes un homme), éventuellement le «va te faire enculer!» sont très bien car les procureurs poursuivent systématiquement les injures homophobes. Si vous êtes une femme, vous préférerez donc le «grosse lesbienne», qui donne lieu à poursuite, au «je vais te violer».

Le mieux reste: «sale Juif», voire: «pédé de Juif», qui est poursuivi sans relâche, puisque homophobe et incitant à la haine raciale.

3 - Précautions à prendre quand vous engagez le combat. Vous prenez votre courage à deux mains, et vous descendez parler à ces jeunes pour leur dire, le plus calmement possible: «vous êtes dans une propriété privée, je vous demande de la quitter». Prévenez toujours quelqu’un de votre expédition. En principe, rien ne devrait arriver, mais on ne sait jamais.

Ayez un objectif simple et retenez deux règles fondamentales. L’objectif : vous ne remonterez pas chez vous tant que ces gêneurs ne seront pas partis. C’est la stratégie de la présence. Vous leur demandez de partir, et vous ne bougez pas tant qu’ils sont là, coûte-que-coûte.

Les deux règles fondamentales. Premièrement, ne vous laissez pas piéger par la question raciale. Vous vous entendrez très vite dire: «tu es raciste, c’est pour ça que tu nous fais chier». Ne répondez jamais à cette provocation, sauf si vous êtes étranger vous-même, auquel cas vous le faites savoir. Deuxièmement, face à eux, ne cédez jamais un pouce de terrain et transformez-les en trouble caractérisé à l’ordre public. Faites monter le ton au maximum pour ameuter le voisinage. C’est la meilleure façon de les faire partir.

4 - Les suites pénales. Quand le ton monte, faites appeler la police par la personne que vous avez prévenue. Il faut qu’elle indique que vous êtes en danger physique: dans ce cas, la Brigade Anti-Criminalité (BAC) intervient, qui est généralement plus efficace que les policiers de quartier, et rédige un rapport d’intervention. Si possible, allez porter plainte le lendemain contre vos agresseurs.

Répétez l’opération trois ou quatre fois, en prévenant vos voisins à l’avance de vos intentions. Et vous pourrez, au bout de deux semaines, rentrez chez vous au calme.

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