Quand Libération s'excuse d'être une "rédaction blanche"…<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Media
Quand Libération s'excuse d'être une "rédaction blanche"…
©PIERRE ANDRIEU / AFP

De la couleur SVP

Le journal annonce qu'il va faire des efforts pour corriger cette anomalie. Le chemin est long et la pente est rude.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

Le blanc est, comme nul ne l'ignore, une couleur froide. Et à Libération on grelote. Brr ! Cette triste et pénible situation fait l'objet d'un article circonstancié et long. Car l'affaire est d'importance. A Libération été comme hiver c'est toujours l'hiver…

Le texte, rédigé après consultation de toute la rédaction en assemblée générale donne, nombre détails sur la frigorifiante atmosphère qui règne dans les locaux du journal. La prise de conscience de ce dérèglement climatique date du lendemain de l'assassinat des dessinateurs de Charlie Hebdo.

Un journaliste noir américain, connu pour son militantisme antiraciste, avait téléphoné à Libération pour connaître la réaction du journal. Soucieux d'équilibre et d'objectivité il voulait parler "à un journaliste d'origine maghrébine". Émoi à Libé : il n'y avait qu'un stagiaire qui correspondait à cette définition.

On lui passa le stagiaire, Rachid Lareiche. Le journaliste s'indigna de ce qu'il ne fut que stagiaire. "Chez nous aux Etats-Unis on s'est battu avec succès pour avoir dans les journaux une représentation juste des Noirs et des Musulmans". Rachid Lareiche fut illico promu journaliste.

Mais un Rachid ne fait pas, à lui tout seul, un printemps coloré. Libération en a conscience. Et promet des efforts soutenus pour parvenir au kaléidoscope désiré. Un des directeurs du journal cité dans l'article, Yohann Huffnagel, avait proposé une solution efficace et radicale pour le recrutement : "A compétences égales je choisi un Noir ou un Arabe" !

Mais il est parti vers d'autres cieux, frigorifié sans doute par la morne et monotone blanchitude du journal. Laurent Joffrin, lui, est sensiblement plus circonspect. Il (c'est toujours dans l'article car nous n'inventons rien) estime qu'on ne peut pas tout ramener aux critères ethniques. Ceux-ci, dit-il, se recoupent souvent avec les critères sociaux mais pas toujours…

Les Noirs et les Arabes ont du souci à se faire avant d'accéder à l'enviable statut de journaliste à Libération. Comment leur assurer une représentation équitable, comment établir des quotas alors que les statistiques ethniques sont interdites en France ? Reste qu'il y a d'autres groupes méritants à l'égard desquels Libération devrait faire preuve de bienveillance. Les LGBT. Les ouvriers, les paysans. Les handicapés moteurs. Les malvoyants. Les malentendants. Pour les malécrivants Libération a déjà ce qu'il faut…

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !