Évasion de Rédoine Faïd : et maintenant, qui sont les détenus les plus surveillés de France ?

Gérald Pandelon : Il existe actuellement 332 détenus particulièrement signalés dans les prisons françaises. Ces « DPS » sont inscrits au sein d'un répertoire qui a fait l'objet courant 2007 d'une circulaire précisant leur statut, qui, désormais, détaille à la fois les critères d'inscription à l'acronyme " DPS" et les mesures applicables. Il y a aujourd'hui huit critères pour inscrire un détenu au rang de DPS, notamment, de façon non exhaustive, le "risque d'évasion », l' "l'intensité de l'atteinte à l'ordre public que celle-ci pourrait engendrer » ou encore le "comportement particulièrement violent en détention ».  Ainsi, un détenu appartenant à la criminalité organisée nationale ou internationale » ou « aux mouvances terroristes » peut être classé DPS sans même avoir manifesté l'envie de s'évader ou s'être montré violent. 

G.P. : Les DPS sont par définition les plus dangereux car, bien souvent, ils sont non seulement rusés mais également particulièrement violents ; ce faisant, comme pour Rédoine FAID, ils peuvent aisément bénéficier d'une logistique leur permettant de s'évader, et ce, même lorsqu'ils sont assignés à résidence au sein d'un QI...  Parmi ces détenus considérés dans certains milieux comme une sorte d'élite, il est possible de mentionner certains bandits corses appartenant à l'aréopage fermé de la "Brise de mer" et/ou au clan des "bergers corses de Venzolasca", mais également, pour d'autres motifs, Patrick HENRY, décédé récemment. Mais aussi, dans un autre registre, des braqueurs chevronnés comme Antonio FERRARA ou des terroristes comme CARLOS, Georges Ibrahim ABDALLAH, incarcéré depuis trente-cinq ans et, plus récemment, Salah ABDESLAM. Un statut qui, s'agissant de ce dernier, coûte cher à nos fragiles finances publiques si l'on admet que s'agissant du principal commanditaire des attentats de Paris ayant, entre autres, ensanglanté le Bataclan, ce sont près de 13.000 euros qui ont déjà été dépensés dans les sept caméras affectés à sa surveillance. D'ailleurs, l'administration pénitentiaire a mis les moyens pour ce DPS "VIP" puisqu'il bénéficie de deux cellules et que, pour des raisons de sécurité, l'intéressé doit être déménagé régulièrement de l'une à l'autre. Des conditions d'incarcération qui ne ressemblent toutefois pas vraiment au Goulag si l'on admet que ce détenu bénéficie à sa guise d'une salle de sport et que la surveillance de sa cour de promenade est un moindre mal par rapport à la gravité des actes qu'il a perpétrés.