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Paris, l’auto-partage et Renault : le fantastique enfumage d’Anne Hidalgo pour tenter de faire oublier le naufrage Autolib'
©JOEL SAGET / AFP

Tout de passe-passe

Alors que la mort du service d'autopartage Autolib' est actée, la maire de Paris tente de cacher la poussière sous le tapis en annonçant à cor et à cri l'arrivée de son prétendu successeur, Renault. Des effets d'annonce prématurés qui ne visent qu'à tenter d'étouffer le scandale.

Google et Yahoo, internet

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président d'Aimer Paris et candidat à l'élection municipale de 2020. Il est l'auteur de La marche des lemmings ou la 2e mort de Charlie, et de Nous-Fossoyeurs : le vrai bilan d'un fatal quinquennat, chez Plon.

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Les causes de l’échec total d’Autolib’ ont été pour la première fois anticipées dans ces colonnes et dans celles de Delanopolis, bien avant que les médias « industriels » et Anne Hidalgo fassent mine de les découvrir. En résumé, le « modèle d’affaires », pour parler français, était mensonger : prévisions de trafic et de recettes sur-gonflées, coûts minorés, maintenance approximative, solutions techniques douteuses avec la batterie au lithium dont le bilan énergétique est déplorable.

Mais, comme dans tout ce que fait la mairie de Paris depuis l’arrivée au pouvoir de Delanoë puis de sa clonesse, l’essentiel était le coup de com’ et l’effet d’annonce. Passées les inaugurations, nos socialistes se soucient peu du réel qui a fini par les rattraper.

Il en sera de même pour Vélib’ 2 où Hidalgo est engluée dans un échec à répétition. A trop vouloir parader et trop vite lors du lancement d’un projet aguicheur, elle n’a pas fait vérifier les promesses des bonimenteurs qui ont emporté le marché. A menteuse, menteur et demi …

Le système d’accroche ne fonctionne pas, la gestion à distance est catastrophique, les vélos pour la plupart inutilisables quand bien même ils sont présents en stations. Si le système est encore en respiration artificielle, c’est uniquement parce que la ville n’applique pas les pénalités qu’elle devrait imposer à Smovengo. La complicité continue.

Pensez-vous que la mairesse de Paris aura au moins appris de tous ces déboires ? On pourrait le croire en l’entendant à nouveau forfanter sous les lambris de l’Hôtel-de-Ville lors d’une conférence de presse avec Renault pour annoncer l’arrivée du prétendu successeur d’Autolib’.

Flanqué de Thierry Bolloré, le curieusement nommé directeur général délégué de Renault, elle a donné dans l’amphigourique : «Ce qui se passe là est historique … une alliance entre un grand groupe industriel et une grande ville-monde qui veut garder sa force d'innovation et d'attractivité». Nous qui pensions que Bolloré, l’autre, était déjà à la tête d’un grand groupe …

Et que nous annonce cette alliance de la carpe socialiste et du lapin à losange ? Deux choses principales : une offre de VTC électrique et un service d'auto-partage de véhicules électriques en libre-service. Contrairement à Autolib’, nous dit-on, ce dernier ne dépendra pas de stations et les voitures, en majorité des Zoe, n'auront pas besoin d'être branchées constamment à une borne de recharge puisqu'elles auraient 300 kilomètres d'autonomie.

Miracle donc : «il n'y aura pas de contrat» explique Hidalgo et pas de risque contentieux comme avec Bolloré, l’autre.

Hmm … hmm. Si l’on comprend bien ces annonces, ces véhicules seront comme les vélos en « free floating » qu’on voit depuis quelques mois sur les trottoirs parisiens, du reste dégradés à un point tel qu’une entreprise a jeté l’éponge récemment et que peu sont disponibles.

Raisonnons simplement, comme ne le fait jamais Hidalgo.

Une voiture n’est pas un vélo. On ne peut la garer n’importe où, sur un trottoir. Il faut des places de stationnement. Donc de deux choses l’une : soit Renault bénéficie d’un accord avec la ville pour pouvoir garer ses véhicules n’importe où ou au moins sur les ex-emplacements Autolib’ à des coûts préférentiels. Soit les utilisateurs de Zoé vont devoir tourner et tourner pour trouver une place.

Dans le premier cas, il faut un contrat avec délibération du Conseil de Paris. Dans le second Renault comptera sur le calme des utilisateurs et les quelques parkings partenaires de son offre.

Bref, on est très loin de suppléer à la disparition d’Autolib’. Et donc ? Bingo ! Il ne s’agit encore une fois que d’un effet d’annonce par lequel Hidalgo essaie de masquer ses fiascos et sur lequel, ma foi, Renault surfe car cela ne lui coûte rien.

Un vrai boniment préélectoral.

Heureusement qu’Aimer Paris, l’association qui mettra tout ce petit monde dehors en 2020 et que j’ai l’honneur de présider, est là pour repenser un plan de circulation dont l’auto-partage n’est qu’un élément. Aujourd’hui, peu de grandes villes au monde sont aussi mal gérées que Paris. Il fallait bien que Delanoë et Hidalgo se distinguent.

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