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Plongeon dans l’entrepreneuriat des DOM TOM. Délaissés de la République
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Il y a du talent partout. Mais le talent ne peut pas s’exprimer partout de la même façon. Nos territoires d’outre-mer le savent mieux que quiconque. « Loin des yeux, loin des sous », « loin du cœur », des aides, structures, soutiens que ce talent ultra marin mériterait et qui se sent « ultra abandonné ». Il n’y a pas de telle notion que l’amour, il n’y a que des preuves d’amour.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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J’avais envie, à mon retour de cette visite à la Réunion, pour rencontrer les entrepreneurs locaux et régionaux, vous raconter la vie de nos amis et frères de « galère », qui doivent attraper les contrats avec les dents et les clients à la nage ! Mais quelques remarques de ce que nous avons déjà vécu depuis plus de 5 ans grâce à nos rencontres et séances avec nos amis ultra-marins. Notamment de OutreMer Network.

Loin si loin. Pour tout provincial comme moi, qui se respecte, on aura noté depuis bien longtemps que ce qui se passe à Paris, reste à Paris. Comme à Las Vegas, le fun en moins. Combien d’entrepreneurs de province, de se plaindre du manque d’accès aux informations, soutiens, structures, investisseurs, information, qui semblent être naturelles pour le Parisien, qui tient cela comme acquis. Imaginez alors pour celui qui est à 8000km…

Près, si près. Chaque modèle français de territoire d’outre-mer, est éternellement comparé à son équivalent anglo-saxon. Souvent au détriment de nos français d’outre-mer. L’anglo-saxon mise tout sur le business, le français sur l’aide, entendons nous. C’est souvent vrai, tant l’Etat a plus souvent investit pour la paix social que le développement économique. Conséquence, ici,  à la Réunion, 50% des jeunes de 25 ans sont au chômage. Alors que l’Ile Maurice voisine capture le tourisme et le off-shoring. Pourquoi ?

Vue courte, ambition basse. Pourtant, à chaque fois les territoires sont les mêmes. Pas la culture. Jusqu’à l’exemple de St Martin, où sur la même ile se côtoient 2 mondes, totalement et radicalement différents, avec son côté français et hollandais. L’un regorge de touristes littéralement «vomis » de bateaux géants, qui ne prêtent pas un début d’attention à la partie bleu, blanc et rouge. Concentrés sur le rouge, la couleur de leur peau après 2 jours de bière et de soleil, dès qu’ils sortent des casinos. Pourquoi ? Nous semblons à chaque fois offrir au monde le pitoyable spectacle de territoires où seuls les fonctionnaires, bien payés, alimentent une vie trop chère pour le reste de la population et la cagnotte d’un nombre limité de familles qui possèdent tout depuis des générations. Le pitoyable spectacle de l’opposition entre des mondes anglo-saxons qui recrutent, pendant que nos français sont en révolte ou en grève.

Pourtant il suffirait de peu. Prenons exemple sur la Réunion. Pour capter le tourisme international, il faudrait que les gens parlent anglais. Même un anglais dit « Delorien » depuis la découverte de l’accent inimitable de Jacques Delors quand il parlait en anglais. Pas de guides, pas d’accompagnement, pas de parcours, pas de formation, alors que sur ces 50% de chômeurs de moins de 25 ans, il en est certainement qui ont le talent et l’envie de travailler et réussir. Il faut arrêter avec ce stéréotype de l’ultramarin, endormi par le rhum et la chaleur. C’est bien mal connaître l’écosystème que je fréquente avec notamment Outre Mer Network, désormais installé à la Station F. Une ile aussi, mais riche et agile, innovante et passionnée où l’on passe outre ces stéréotypes pour aveugles et sourds.

Nous avons, avec nos littoraux une richesse incroyable, l’un des plus grands au monde, à nous d’en faire, enfin, un atout.

Les solutions ? Je ne suis pas « Bruce tout puissant », mais quelques remarques s’imposent :

Que les prix à la consommation soient élevés du fait de taxes qui rend tout hors de prix, reste une interrogation. Que ces prix ne soient à la portée que des fonctionnaires bien payés qui y sont envoyés, en est une seconde. De savoir à qui profitent ces prix trop haut et ces taxes élevées, mériteraient un peu plus de travail…

La puissance publique, selon sa méthode habituelle, proche de celle du dealer, injecte la drogue de l’argent publique pour maintenir la paix sociale et représente l’essentiel des dépenses de l’Ile. Cela n’a jamais assuré une vision, une stratégie, une efficacité. Il faut donc donner plus de pouvoir au privé. Investir, autrement, sur la formation, les entreprises, l’innovation et le laisser gérer par ceux qui savent le faire. Et maintenir la puissance publique, non dans la situation de celle qui entretient le drogué en lui délivrant sa dose, mais en le sevrant, en lui en donnant les moyens.

L’Ile est entourée de pays avec qui elle peut difficilement se comparer et lutter. Les prix, les salaires, la fiscalité, le coût du travail. Il faut donc réfléchir à permettre à la Réunion de pouvoir bénéficier d’un statut particulier lui permettant de lutter à armes égales. Une révolution peut être, une nécessité certainement.

Les PME et TPE doivent s’emparer des outils numériques qui leur permettront de développer leur activité et donner une opportunité aux jeunes, majoritairement au chômage de s’emparer d’emplois indépendants, à défaut d’emplois salariés. Chaque montagne offre une escalade qui suppose d’aller par paliers, et ce dernier en est la première étape. La Réunion connaît bien l’escalade. Elle sait que l’air est plus pur à 3000m d’altitude mais que l’on attaque la montée par un air moins pur !

Aidons la Réunion à se libérer et ses entrepreneurs, brillants et volontaires, de s’envoler au dessus de cette île magique, vers l’international qui lui tend les ailes.

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