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Arnaud Beltrame, héros français, catholique et franc-maçon
©LA GAZETTE DE LA MANCHE / AFP

Bonnes feuilles

Trèbes, 23 mars 2018. Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame prend la place d’une otage retenue dans un supermarché. Portrait d’un homme de devoir. Face à la propagande de l’État islamique, la France avait besoin de son héros, dont le courage a été salué dans le monde entier. Extrait de "Arnaud Beltrame, le héros dont la France a besoin" de Jacques Duplessy et Benoît Leprince, aux éditions de L’Observatoire.

Jacques Duplessy

Jacques Duplessy

Après avoir travaillé au quotidien Ouest France, Jacques Duplessy a décidé de se consacrer aux reportages et à l’investigation. Il publie dans différents journaux et magazine, dont Paris Match, VSD, Le Canard Enchaîné, Le Point. Auditeur de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN), il a été conseiller éditorial du livre Libérez Tombouctou, journal de guerre au Mali(Tallandier, 2015).

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Benoît Leprince

Benoît Leprince

Benoît Leprince est journaliste à Paris Match où il est rédacteur en chef des éditions numériques.

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Son rapprochement de l’Église se concrétise en 2007. Il demande à se préparer à la première communion et au sacrement de confirmation. Il sera confirmé à Pâques, le 26  avril  2009, dans sa paroisse, à Rueil-Malmaison. Simultanément, Arnaud a rejoint la franc-maçonnerie, dans la Grande Loge de France (GLDF), qui est apolitique et ouverte à toutes les confessions religieuses. Il est initié en  2008 dans la Respectable loge Jérôme-Bonaparte à Rueil-Malmaison. Il avait été détecté par son beau-père, Maurice Fromager, qui l’avait reçu, perçu. « Ce n’était pas pour l’affairisme. C’était pour la fraternité, aider les autres, donner une bonne image. Et faire passer ce message, raconte Mau‑ rice. D’ailleurs, la devise liberté, égalité, fraternité vient de la franc-maçonnerie et sera reprise par la Seconde République. Ce n’était pas incompatible avec sa foi. Du reste, au cours de notre initiation, nous prêtons ser‑ ment sur la Bible. » Le général de gendarmerie Michel Marquant, qui sera son parrain dans la loge Jérôme Bonaparte, se souvient du parcours d’Arnaud  : « Je ne l’ai rencontré qu’au moment où il a été initié, le lundi 8 décembre 2008. Quand je l’ai récupéré, c’était déjà un apprenti. J’étais à la fin de mon vénéralat, on était en septembre 2008. Maurice Fromager m’ap‑ pelle de Vannes. Il cherche pour le fils de sa compagne une loge située à proximité de son affectation à la garde républicaine, alors qu’il commande la première compagnie, la compagnie d’honneur, qui s’occupe du président de la République, et basée à Nanterre. Je lui demande s’il m’appelle parce que je suis gendarme et secrétaire national de la Fraternelle de la gendarmerie.

Il me dit  : “Non, j’ai pris l’annuaire des loges et il y avait quatre loges qui correspondaient. Et la loge Jérôme-Bonaparte me plaisait au niveau du nom.” » Il précise : « Quand j’entends son nom, je lui dis que j’ai connu un Michel Fromager lors d’une conférence gendarmerie. Il me répond que c’était son frère de sang, qui était également maçon, retiré à Montpellier et décédé depuis. En cherchant dans les archives de la loge Jérôme-Bonaparte, je découvre que Michel Fromager en était un des fondateurs. Maurice Fromager avait donc trouvé une loge fondée par son frère de sang, où il y avait un gendarme, ce qui ne sera pas neutre pour la suite puisque je parrainerai également Arnaud au sein de la Fraternelle de la gendarmerie. Je le suivrai et nous nouerons des liens d’amitié très forts. Chez nous, on dit, le hasard n’existe pas. Un clin d’œil que les uns attribueront à Dieu, d’autres au Grand Architecte de l’Univers. »

Sur son appartenance à la franc-maçonnerie, Arnaud Beltrame demeure discret, comme en témoigne son ami Dave Nizet  : « Franc-maçon, je m’en doutais, mais ce n’est pas quelque chose qu’on avait abordé. Ça ne m’a pas surpris quand je l’ai découvert dans la presse. Parce que j’ai pas mal d’amis qui sont dans la franc-maçonnerie. » Le frère Étienne confirme que son engagement était solide  : « Je lui ai un jour fait cette réflexion  : “Il y a beaucoup de francs-maçons chez les officiers supérieurs. Si tu es général, tu y seras confronté.” J’ai été surpris, car Arnaud m’a répondu assez vivement  : “Il y a aussi des chrétiens dans la franc-maçonnerie, qui veulent vivre leur foi.” J’ai mieux compris sa réaction quand j’ai ensuite appris par les médias qu’il était membre d’une loge. Je me suis demandé pourquoi cette appartenance… Était-ce pour s’ouvrir des portes au niveau professionnel ? »

Lorsqu’il n’est pas gendarme, Arnaud voyage. Il se rend notamment à Malte sur les traces des chevaliers de l’ordre militaire hospitalier. Il visite également Madère, Porto, le Brésil et se rend à Singapour pour le mariage de son frère Cédric. Ces voyages lui donnent l’occasion de se plonger dans l’histoire, dont il est un passionné : les Celtes, les chevaliers de Malte, les Templiers, Napo‑ léon, la Seconde Guerre mondiale. Entre 2010 et 2014, Arnaud fera le Tro Breiz, le tour de Bretagne à pied. « Il le faisait huit jours par an avec son père, lui à pied, Jean-François à vélo. Ils se retrouvaient le soir dans un gîte », raconte Nicolle. Ensemble, ils font aussi un bout du chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Avec ses frères, il réalise l’ascension du mont Blanc et parcourt aussi le GR20, en Corse. « En Corse, se sou‑ vient Cédric, on avait un sac de 30 kilogrammes sur le dos et on avait fait dix étapes en cinq jours, deux étapes par jour en autonomie complète. On dormait avec une bâche tendue entre deux arbres. C’était ça aussi, Arnaud, l’amour de la nature et le besoin de spiritualité. Tout était lié et je pense que ça lui per‑ mettait de respirer. Parce que ce qu’il faisait était très dur. Quand il était à l’EPIGN, il voyait des blessés, des morts, la guerre. Cela contrebalançait. »

Extrait de "Arnaud Beltrame, le héros dont la France a besoin" de Jacques Duplessy et Benoît Leprince, aux éditions de L’Observatoire

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