De l'expérience
Pourquoi le travail post-retraite est indispensable à l'économie française
Le Projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel pose la question du travail post-retraite, la question de la longévité au travail et du rôle du retraité est de plus en plus importante.
Caroline Young
Caroline Young est diplômée HEC de l’université de Lausanne, possède un DEA en démographie économique de l’IEP Paris et un MBA de l’IESE Business School à Barcelone. Elle a commencé sa carrière en tant qu’Analyste en fusions acquisitions chez Schroders, puis comme Manager en fusions acquisitions chez Crédit Agricole Indosuez. En 2002, elle rejoint IP France, régie publicitaire du groupe RTL, en tant que Secrétaire générale où elle est chargée de la stratégie et du développement. Elle est actuellement Présidente d’Experconnect. Elle est co-auteur avec Gilles Effront et Jean-Yves Ruaux de « 60+Actifs Pourquoi le travail post-retraite est indispensable » (2014).
Gilles Effront
Gilles Effront est diplômé de l’École Polytechnique Fédérale de Zurich. Il possède une longue expérience de conseil en organisation : 5 ans chez Andersen Consulting, 3 ans au sein du groupe Richemont, 3 ans chez KPMG Peat Marwick. En 1999, il fonde ALCOM Consulting, cabinet de conseil en management où hormis de nombreuses missions qu’il mène lui-même, il se consacre plus particulièrement au développement. Il est actuellement Directeur général d’Experconnect. Il est co-auteur avec Caroline Young et Jean-Yves Ruaux de « 60+Actifs Pourquoi le travail post-retraite est indispensable » (2014). Il est co-fondateur d'Experconnect.
Alors que le 11 juin commence l’examen à l’Assemblée nationale du Projet de loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », que le 18 le projet de loi " pacte " sera à l’ordre du jour du Conseil des ministres, et qu’une nouvelle réforme des retraites s’amorce, interrogeant chacun sur les conséquences de la longévité au travail et de sa place dans nos vies, de nouvelles pratiques éclairantes émergent en entreprises.
Encore méconnus ou incompris en France, ces modes de management sont une chance pour nos entreprises, une aubaine pour la société et une source de jouvence pour les principaux intéressés.
De quoi s’agit-il ? Rien de moins que de proposer à de jeunes retraités de revenir le temps d’une mission apporter leurs compétences à l'entreprise, qui s’avoue souvent démunie après le départ de ses forces vives.
Aujourd’hui, les effets du choc démographique lié au départ à la retraite des baby-boomers se font sentir. Les pertes de compétences pointues dans l’industrie sont réelles. Les entreprises ont besoin de garder les activités à forte valeur ajoutée en France malgré la pénurie d’ingénieurs, et les jeunes entrants dans le marché du travail de bénéficier des transferts de compétences de leurs aînés.
Quand on sait que l’un des défis majeurs des entreprises pour la prochaine décennie est l’accès à la compétence, on comprend qu’il y a urgence. Les retraités compétents et désireux de poursuivre une activité professionnelle doivent être considérés pour ce qu’ils sont : une ressource stratégique.
Il faut 10 ans pour concevoir un train, une centrale nucléaire, un avion, qui seront exploités durant 30 ou 40 ans. Or, les jeunes ne connaissent pas les technologies du temps de l'analogique et les ingénieurs n'ont pas été formés en nombre suffisant pour que le transfert des savoirs ait lieu entre les générations.
En dégraissant son industrie, l'Europe a calmé la finance. Mais le départ des compétences chevronnées l'a fragilisée face à la concurrence. Les mesures d'âge ont diminué ses capacités à reprendre des parts de marché. Des marques françaises ont délocalisé leur fabrication. Elles se replient sur des fonctions d'assembleur, de concepteur, produisant dans les pays à bas coût. La posture est délicate. La Chine et l'Inde forment des millions d'ingénieurs. Les transferts occidentaux de technologie leur donnent un sérieux coup de pouce pour gagner la capacité totale à concevoir, produire, entretenir et... conquérir les marchés. Ces pays investissent massivement en R&D, contrairement à la France et au Royaume-Uni par exemple, qui ne nourrissent pas d'intérêt véritable pour une industrie structurée liée à la formation, notamment par l'apprentissage.
Or, on l'a dit, on ne forme pas assez d'ingénieurs et de techniciens en Europe. Qui plus est, Ils ne restent pas dans la technique mais s'orientent vers le commercial ou le conseil.
Et Les retraités dans tout ça ? Ils veulent se sentir utiles, intégrés. Préférer l'activité professionnelle au bénévolat n'est pas forcément une question de gains. En France, le milieu associatif n'offre pas toujours le professionnalisme à même de satisfaire des travailleurs épris d'efficacité. Les boomers n'ont pas fini d'étonner car 50% d'entre eux disent vouloir maintenir une activité après la retraite.
Les entreprises et les individus commencent à montrer moins d’a priori concernant l’allongement des carrières et c’est une bonne nouvelle. Nous ne sommes qu’au début d’une profonde mutation de nos sociétés, dans lesquelles les personnes resteront plus longtemps intégrées dans le monde du travail et pourront, pour ceux qui le souhaitent, mener une retraite professionnellement active.
Le génie humain est l'énergie majeure de l'entreprise, son futur. Le contexte économique et la situation des retraites justifient plus que jamais le travail post-retraite qui ouvre un avenir économique, social et intergénérationnel plus équilibré.
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