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Le G7 qui forcera l’Europe (et Macron) à revenir dans le jeu ?
©LEON NEAL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Atlantico Business

Bizarre, Trump a réussi à liguer le monde occidental contre lui... Il s’en moque mais il a tort.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Trump se retrouve seul contre tous. Qui l’eu cru.  Mais Trump n’en a cure. Il pense avoir réussi a complètement isolé les européens. Il n’a peut-être pas tort.

Le G7, qui se réunissait en cette fin de semaine, aura au moins permis de liguer tous les leaders européens membres du G7 contre la politique de Donald Trump. La version optimiste pour l’Europe, c’est qu on aura vu à la même table la France avec Emmanuel Macron, l’Allemagne d’Angela Merkel, le Royaume-Uni de Theresa May, Jean-Claude Junker, le président de la Commission, Donald Tusk le président du Conseil européen, et même Giuseppe Conte, le tout nouveau Premier ministre italien... Bref, tous les poids lourds de l‘Europe actuelle.

Ce groupe des Européens a même convaincu Justin Trudeau, le Premier ministre du Canada, de se joindre à eux pour décider de signer un communiqué commun sur le président américain et de préparer une communication commune à six, dénonçant :

- les décisions américaines de taxer les importations d’acier et d’aluminium et même de les déclarer illégales au regard des traités internationaux qui ont été signés par les gouvernements.

-dénoncer aussi les interdits américains de travailler avec l’Iran et dénoncer les amendes infligées à ceux qui entraveraient les interdits ;

-Enfin, cette communication devrait rappeler que l’Amérique est sortie de l’accord nucléaire avec l’Iran et qu‘elle a aussi renoncé à l'accord de Paris sur le réchauffement climatique.

Maintenant, reste à savoir par quelles actions concrètes sera suivi ce communiqué.

A priori ce front commun n’a pas trop ému le président  américain. Il a la puissance et le pouvoir de se passer de l’avis de ses « alliés occidentaux ». Il a donc aussitôt essayé de fissurer cette entente en suggérant haut et fort de demander à la Russie de se joindre au G7, tout en travaillant les italiens pour qu ils appuient cette demande.

Peine perdue, cette tentative de déstabilisation a semble-t-il échoué. Donc, isolé, et vexé Donald Trump a décidé d’abandonner la partie et d’abréger sa présence au G7.

Sa préoccupation première est purement politique. Même au G7, Donald Trump parle à son électorat de l’Amérique profonde et ne fait que ça. Et son électorat le suit s’il adopte des positions dures et pures contre la mondialisation, le multilatéralisme, les importations massives et les risques d’un islam radical qui serait nourri par l’Iran.

Sa priorité est de parler aux déclassés de la modernité et au passage à la diaspora ou aux lobbys juifs qui sont très influents à New-York comme à Los Angeles.

Et ça n’est pas parce que Emmanuel Macron va s’agiter comme un petit diable avec ses camarades du vieux continent que Donald Trump va changer d’habitude.

Il ne changera d’habitude que si son parti le lâche. Or, les républicains n’aiment guère ses manières, mais pour l’instant ils le supportent. Le président américain ne changera de pratique que si la classe moyenne américaine (celle où se trouvent ses électeurs) souffre de ces restrictions d’importations. S’il y a moins de voitures et que les voitures sont plus chères, ça va grogner. Si les agriculteurs sont gênés dans leur activité, ça va pleurer.

Le protectionnisme est une arme dangereuse, parce qu’elle peut se retourner contre le pays qui met en œuvre les restrictions...  Si les restrictions sont mises en œuvre.

Cela dit l’isolement américain face à un bloc des européens reconstitué, c’est évidemment un scenario qui a la faveur de Bruxelles. Parce qu’il y a un autre scenario inverse, où le président américain aurait plutôt isolé les européens pour mieux les déstabiliser ?

Parce que l’histoire montre que l’Amérique ne reste jamais isolée très longtemps. D’ailleurs les relations entre les Etats- unis et l’Asie ne sont pas mauvaises. Avec le Japon, la chine et la Corée le courant passe.

Alors que l’Union européenne, elle, ne reste jamais stable très longtemps. Dans la situation actuelle, la grande Bretagne avec son brexit n’a pas abandonné l’idée de passer un deal avec Trump. L’Italie peut aussi se laisser faire.

Dans ces conditions, la France court le risque de se retrouver face à face avec l’Allemagne pour gérer le bras de fer.

Tout le problème pour les Européens va donc être de passer des paroles aux actes. Transformer l’avertissement en menaces réelles, avec des rétorsions très risquées. Dresser des barrières douanières à l’entrée de l’Europe, c’est prendre le risque de l’escalade. Transgresser les embargos, c’est prendre le risque de payer des amendes lourdes que les budgets devront couvrir. En l‘état, aucune entreprise ne prendra le risque de braver les interdits sans l’autorisation de son Etat national.

Les pays européens n’ont guère les moyens d’aller plus loin. L’important à très court terme, c’est qu’ils ont montré au reste du monde qu’ils pouvaient se réveiller, à un moment où on croyait l’Europe complètement morte.

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