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Déjeuner sur une terrasse à Caen : mon voisin portait un t-shirt avec la faucille et le marteau
©JACQUES DEMARTHON / AFP

A l'attention du regretté camarade Staline

Tous les goûts sont dans la nature. Celui-ci à une odeur de mort.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le restaurant était sur les rives de l’Orne. A une table, un client portait un t-shirt qui rappelait le bon vieux temps de l’Union soviétique. Son copain en face de lui était vêtu d’un t-shirt rose. Mais manifestement il n’était pas socialiste.

Deux bouteilles de vin blanc trônaient sur leur table. L’une était vide, l’autre aux deux tiers. Très en verbe, le vin aidant, les deux camarades évoquaient leur prochaine retraite. ils parlaient forts. La voix de l’un couvrant souvent la voix de l’autre. J’ai pu saisir quand même quelques bribes.

« T’as combien de semestres toi ? » Réponse inaudible. « Merde alors ! »« Et tu sais ce qui nous attend. Ces enculés de bourgeois vont nous enculer ! »

Le type au t-shirt rouge s ‘étant aperçu que je regardais sans aucune tendresse sa faucille et son marteau m’interpella.

« Il y a quelque chose qui vous plaît pas ! » Je rétorquais. :« Le mot est faible : Ça m’écœure. »« Et pourquoi ? », dit-il en ricanant. « Parce que des millions d’hommes et de femmes ont été tués par les policiers staliniens qui portaient cet insigne ». La réponse fusa, d’une évidence aveuglante. « Normal, c’était des enculés de fascistes ! ».

Je tentais une réplique personnelle :« Un de mes grands oncles a été tué par le NKVD. Il était juif et on l’accusait d’être sioniste ». « Normal, c’était un enculé de sioniste ! ». Puis me dévisageant attentivement : « Et vous aussi, vous devez être un enculé de sioniste ! ».

Je n’ai pas démenti. Je suis parti laissant les deux enculés (je peux bien parler comme eux non ?) à leur pinard. Je me suis dit au regard de l’actualité que, comme au temps de Staline, le mot « sioniste » tuait encore en France. Et je me suis demandé si à une terrasse de restaurant on pouvait trouver un type portant un t-shirt avec une croix gammée.... 

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