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Banlieues : Emmanuel Macron entame (timidement) une révolution culturelle plus que nécessaire
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Enterrement du plan Borloo

Devant plusieurs centaines de personnes, dont le premier ministre et plusieurs membres du gouvernement, Emmanuel Macron a présenté à l'Elysée des mesures pour les quartiers populaires, en rupture avec les préconisations du plan Borloo. Le président a d'emblée anticipé les critiques de ceux qui lui reprocheraient "de ne pas injecter des milliards. On est là depuis un an, ceux qui n’ont pas réussi depuis 20 ans, ce n’est pas de ma faute », a-t-il souligné.

Atlantico : Emmanuel Macron a d'emblée indiqué qu'il ne voulait pas d'un énième plan banlieues, préférant insister sur une philosophie d'ensemble et une méthode souple, fondée sur le lancement de projets. Comment analysez-vous ce choix?

Laurent Chalard : La teneur de ce discours s'appuie sur un changement de paradigme. Son intervention marque une rupture par rapport aux politiques passées. Emmanuel Macron annonce clairement vouloir s'attaquer au sujet en ne reproduisant surtout pas les "plans banlieue" qui se sont succédé depuis 40 ans. Ses propos tranchent car ils sont plus volontaristes, plus réalistes et s'affranchissent d'une certaine "bien-pensance". On retrouve le prisme de "l'innovation" et de la nouveauté que recherche le président depuis son élection, et sa volonté de ne pas faire du 'tout sécuritaire" de droite ni du " tout social" de gauche.

Par ailleurs, il aborde le sujet de la politique de la ville par les questions de sécurité tout en évitant la démagogie que l'on a pu voir chez certains et c'est assez nouveau.

Ce réalisme atteint malgré tout sa limite avec le fait d'introduire la radicalisation dans un plan global pour les villes et les territoires ruraux. Les quartiers difficiles ne sont pas tous des foyers de radicalisation, et affirmer de façon générale que les jeunes de ces quartiers s’identifient à un "un rêve de mort", auquel il faut substituer le "rêve républicain" c'est un raccourci potentiellement dangereux.

Emmanuel Macron a expliqué qu'il préfère s’en tenir à « une philosophie et à une méthode » car il ne croit plus aux grands programmes propices, selon lui, à « une politique de clientèle ».Il a ajouté que les "subventions aux associations doivent désormais être différemment réparties". Comment analysez-vous ce discours?

Ce qu'il dit est vrai et peu d'élus osent évoquer publiquement le sujet du clientélisme propagé par certains maires de banlieue. Emmanuel Macron par son franc parler rassure aussi son électorat, tout en ne prenant pas trop de risques à se faire des ennemis car ce ne sont pas des réservoirs de voix pour En Marche. En revanche on peut s'étonner de la priorité donnée aux stages en entreprise pour les élèves de 3ème, tandis que ce "parler vrai" aborde peu la question de l'emploi et des entreprises, en dehors des opérations de testing sur les CV.

Sur la mixité sociale, Emmanuel Macron évoque "ceux qui ont réussi "et qui vont s’installer dans de meilleurs quartiers", tandis que "l’Etat depuis des décennies remet dans les quartiers les personnes les plus fragiles (…) Nous devons changer de stratégie. Il faut arrêter de mettre les primo-arrivants dans les quartiers les plus en difficulté". Qu'en pensez-vous?

Effectivement, il fait référence à un problème crucial qui n'a jamais été traité correctement, celui d'ajouter des populations d'immigrés non intégrées à des communautés elles-mêmes précarisées. C'est un vrai sujet, toutefois on peut se demander comment, concrètement, répartir ces primo-arrivants sur le territoire. De même, si l'annonce du plan anti-drogue est un gage de fermeté donné par Emmanuel Macron, la question de la méthode se pose, car ce sujet dépasse le strict périmètre des banlieues…

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