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L’effet Bradley ce phénomène qui explique pourquoi certains sondages se trompent
©AFP

Bonnes feuilles

Brexit, Trump, Fillon, 21 avril 2002, européennes ou municipales, notoriété et confiance… Tout faux ? Tout vrai ? Pourquoi les sondages ont-ils mauvaise presse ? Parce que nous ignorons tout d’eux. D’où ils proviennent, comment on les produit, quels outils ils impliquent, pourquoi il faut savoir les déchiffrer. Extrait de "La prophétie électorale. les sondages et le vote" de Frédéric Micheau, les éditions du Cerf. (1/2)

Frédéric Micheau

Frédéric Micheau

Directeur général adjoint d'OpinionWay et enseignant à Sciences Po, Frédéric Micheau est spécialiste des études d'opinion. Il est l'auteur, au Cerf, de La Prophétie électorale.

 

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Un cas particulier appelle une analyse propre : l’effet Bradley, mis en valeur pour la première fois en 1982 lors de l’élection au poste de gouverneur de Californie. Opposé à George Deukmejian, un blanc d’origine arménienne, l’afro-américain Tom Bradley a perdu l’élection, alors qu’il était largement en tête dans tous les sondages.

Dans la vie politique américaine, l’effet Bradley désigne un décalage entre les intentions de vote et les résultats électoraux, lorsqu’un candidat blanc affronte un candidat issu d’une minorité ethnique. Dans cette configuration particulière, les sondages seraient faussés par une tendance à surdéclarer le vote en faveur du candidat issu de la minorité. Selon une étude d’un universitaire de Harvard17, les candidats afro-américains obtenaient dans les urnes un score moyen inférieur de 2,7 points à leurs intentions de vote, jusqu’en 1996. Depuis cette date, l’effet Bradley a été largement atténué jusqu’à devenir insignifiant. En 2008, lors de la présidentielle américaine, l’évaluation correcte du score de Barack Obama a confirmé cette conclusion.

À partir des années 1990, le développement de la parité en politique aurait pu entraîner l’apparition d’un biais de déclaration similaire à l’encontre des femmes : tout comme ils ne souhaitaient pas être taxés de racisme dans l’hypothèse de l’effet Bradley, les interviewés auraient pu surdéclarer le vote en faveur des femmes pour ne pas paraître misogynes ou sexistes. L’observation a confirmé l’hypothèse inverse. Cette sous-estimation du score des candidates est dénommée « effet Whitman », en référence à Christine Todd Whitman élue, en 1993, gouverneur du New Jersey alors que les intentions de vote annonçaient sa défaite 18. Des recherches récentes 19 ont ainsi montré que les sondages minoraient en moyenne de 2,12 points les performances des candidates.

Plus généralement, il faut envisager l’existence de biais de déclaration liés à d’autres caractéristiques que le groupe ethnique ou le sexe, comme l’orientation sexuelle ou la religion des candidats testés. La véracité des réponses recueillies constitue une source de diffi- cultés pour les instituts de sondage. Mais, même si la sincérité des personnes interrogées était la règle, les sondeurs devraient surmonter un dernier type d’obstacle : l’instabilité du choix électoral déclaré.

Extrait de "La prophétie électorale. les sondages et le vote" de Frédéric Micheau, les éditions du Cerf

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