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Comment Neymar Junior, le futur joueur le plus cher de l’histoire du foot, a été découvert... en montant et descendant des escaliers
©FRANCK FIFE / AFP

Bonnes feuilles

Qui se cache derrière l’homme qui valait 222 M€ ? Le joueur le plus cher de la planète, Neymar Junior, 25 ans, est devenu une star planétaire. Il se déplace en jet-privé et fréquente le gratin. Mais le numéro 10 du PSG a longtemps connu une autre réalité, celle qui colle aux semelles de millions de Brésiliens. Extrait de "Neymar, le prince du Brésil" d'Eric Frosio, aux éditions Solar (1/2).

Éric Frosio

Éric Frosio

Éric Frosio, correspondant de L’Équipe et de RTL au Brésil, vit à Rio. Il a suivi les tout premiers pas de Neymar dans le football bien avant que le Brésilien ne devienne une star.

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Bordée par l’avenue Ayrton Senna, la plage d’Itararé a la forme d’un croissant de plusieurs kilomètres de long. Aux extrémités, on distingue d’un côté l’aquarium de Santos et de l’autre l’île Porchat avec son monument dessinée par le célèbre architecte Oscar Niemeyer. C’est au bord de cette plage urbaine que la municipalité de São Vicente installe un terrain de foot provisoire fin 1998. Pour l’inaugurer, le club amateur de Tumiaru affronte celui de Recanto da Vila, l’équipe dans laquelle Neymar Senior évolue en échange de main-d’œuvre pour la construction de sa maison. Au Brésil, la notion de match amical n’existe pas, surtout quand ce sont deux clubs de la même ville qui s’affrontent. Papa Neymar a aussi une réputation à faire valoir. En tant qu’ancien semi-professionnel, il n’a pas le droit de décevoir. Alors, il réalise ce qu’il sait faire de mieux : il centre, il feinte, il dribble…

Son petit garçon n’a pas encore 6 ans et il est encore trop jeune pour l’observer et l’encourager. Depuis les petites tribunes du stade éphémère, Juninho préfère dévaler les escaliers sous les yeux de sa maman. Il monte et descend les marches sans s’arrêter, avec une dextérité étonnante. Au bord de la main courante, un spectateur attentif suit les débats, sans grande conviction. Cet homme s’appelle Roberto Antonio de Santos, alias Betinho, et il est connu dans la région pour être un olheiro, un dénicheur de talents. Tout le monde sait qu’il a découvert Robinho alors que celui-ci n’avait que 6 ans. C’est grâce à lui que le roi du passement de jambes a intégré le centre de formation de Santos. La jeune promesse a grandi sous son aile puis est devenue une pépite vendue quelques années plus tard 30 M$ au Real Madrid.

Betinho, l’œil vif, le ventre arrondi et la moustache frétillante, commence néanmoins à s’ennuyer. Le match est engagé mais il ne produit aucune étincelle. Les joueurs sont soit des vétérans confirmés, soit des jeunes sans avenir. C’est alors que son regard se perd dans les tribunes et tombe sur ce gamin à l’agilité étonnante. « C’était comme un coup de foudre ! Ce qui m’a frappé, c’est qu’il avait une coordination moteur très développée pour son âge, se souvient le dénicheur de pépites. Normalement, aucun parent ne laisse son gosse courir dans les tribunes. Il risque de tomber, de se taper le menton ou de se casser un bras. Mais ce gamin était à l’aise, rapide, il montait et descendait les escaliers en un éclair. À côté de lui, j’ai remarqué sa mère et j’ai vu son biotype : elle était grande et longiligne. Son père, je le connaissais, je savais qu’il jouait très bien au foot. Je me suis dit que si ce garçon avait hérité des qualités de ses parents, il aurait tout pour lui ! ».

Bingo ! Betinho vient de découvrir Neymar Junior, le futur joueur le plus cher de l’histoire du foot. Le gamin n’a que 5 ans, il ne l’a même pas vu avec un ballon dans les pieds, mais son flair le pousse à aller discuter avec sa maman. À la fin du match, Betinho s’approche de Nadine et lui lance une invitation : « Je suis en train de monter l’équipe de futsal de Tumiaru. Je cherche des joueurs. Vous voulez bien m’amener votre fils à l’occasion ? » Dès le lendemain, séduite par le CV et le discours de cet entraîneur reconnu, la maman du petit prodige débarque au gymnase. Un peu intimidé, son fiston baisse la tête et regarde le bout de ses chaussures. Mais une fois sur le terrain, un ballon dans les pieds, le petit garçon maigrichon se désinhibe et illumine le parquet. « Dès les premiers contacts avec la balle, j’ai compris, se rappelle Betinho avec malice. Ce gamin avait du Robinho en lui. Il était agile, rapide, et il maîtrisait déjà le ballon. C’était magnifique ! J’avais déjà mon équipe mais il me manquait la cerise sur le gâteau, celui qui provoquerait des “oohhhhh” dans les tribunes. Dès la première séance, j’ai su que je l’avais trouvée ! ».

Première licence, premiers entraînements, premières victoires. La carrière de Neymar débute donc sous les couleurs du Clube de Regatas Tumiaru. C’est dans ce petit gymnase, au cœur de la ville de São Vicente, qu’il commence à mettre en pratique ce qu’il a appris en faisant des une-deux avec son père ou en s’amusant dans la rue avec ses voisins. Dudu est déjà là. Maicon va bientôt le rejoindre. « C’est le papa de Neymar qui m’a recommandé à Betinho. Il me voyait jouer dans la rue avec Juninho et il me trouvait pas trop mal… » Avec Luizinho et Ricardo, les cinq gamins se suivront jusqu’aux portes du professionnalisme. « Je n’ai pas été surpris quand Betinho m’a dit qu’il était séduit, recon‑ naît Neymar Senior. Je savais que mon fils était différent des autres enfants de son âge avec le ballon. Quand j’ai vu qu’il était à l’aise pour me renvoyer la balle, j’ai commencé à lui transmettre des ballons plus forts, plus puissants, plus difficiles à contrôler. Mais il s’en sortait à chaque fois et il me les renvoyait tranquillement. Je n’avais même pas besoin de lui expliquer, il savait quoi faire du ballon. Ses premiers pas avec le futsal ont donc été faciles. ».

Et Betinho, son premier coach officiel, s’est régalé avec un élève aussi doué et passionné : « Neymar était toujours demandeur ! Il était très intelligent, il répondait vite aux questions, il captait tout. Quand tu devais répéter deux ou trois fois la même chose à certains gamins, avec Neymar, en une seule fois il avait déjà compris. C’était facile avec lui. Il était aussi le premier quand il fallait courir, il était le premier à écouter ce qu’on lui disait et il était le dernier à vouloir quitter le terrain… Et pour lui faire quitter le terrain, il fallait enlever tous les ballons. Si tu laissais un ballon traîner, il allait jongler ou tirer des coups francs. Il ne voulait jamais s’arrêter. »

Extrait de "Neymar, le prince du Brésil" d'Eric Frosio, aux éditions Solar 

"Neymar, le prince du Brésil" d'Eric Frosio

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