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Pourquoi le recul du chômage s’opère moins vite que prévu
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Edito

Au milieu des bonnes nouvelles qui se multiplient depuis le début de l’année sur la conjoncture, c’est l’information en demi-teinte concernant l’emploi qui vient d’être publiée, car elle montre que le recul du chômage n’est pas à la hauteur de la plupart des indicateurs qui reflètent la santé du pays.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Le bilan du premier trimestre est certes positif. Le nombre des chômeurs a diminué de 33 300 pour s’établir à 3 430 000. L’amélioration est d’un pour cent par rapport aux trois mois précédents, mais de 1,4% seulement sur un an. C’est une performance modeste compte tenu de la haute conjoncture que connait l’économie mondiale et de l’ensemble des mesures qui ont été prises par le gouvernement pour améliorer la situation des entreprises, notamment par la baisse des impôts et des charges qui a été initiée ainsi que de la réforme du code du travail. Un contexte euphorisant traverse même le pays depuis plusieurs mois, avec un retour de la confiance, la multiplication des initiatives pour favoriser de nouvelles embauches, dont on aurait pu attendre de meilleurs résultats sur l’emploi. D’autant que le gouvernement va mettre en route d’autres dispositifs favorables : un plan compétence qui pourrait atteindre quinze milliards d’euros, pour améliorer les conditions de recrutement et de formation avec un pacte pluriannuel région par région qui va être négocié avec les collectivités locales jusqu’à la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron.

En réalité, le changement de rythme qui est administré au pays exige la prise en compte d’un facteur trop négligé : la valeur du temps. Car nos sociétés le négligent trop souvent, car elles se montrent exigeantes sur des résultats immédiats. Alors qu’une remise à niveau de la formation pour obtenir une main d’œuvre qualifiée peut exiger des années. De plus, on oublie que la population de la France augmente d’un million de personnes tous les trois ans, dont une partie vient gonfler les couches actives, alors même que certains chômeurs découragés par les échecs de la politique des gouvernements précédents ont repris confiance en se réinscrivant à Pole emploi qu’ils avaient délaissé, ce qui pèse aussi sur les statistiques. Ajoutons que les chiffres réels de l’activité dans l’hexagone représentent aujourd’hui des situations exactes, alors qu’ils avaient été gonflés artificiellement dans un passé récent par des aides à l’emploi revues désormais à la baisse et des contrats aidés qui ne le sont plus.

Cela dit, une autre menace pèse sur les prochains mois. La croissance européenne est aujourd’hui sur un plateau : elle ne progresse plus, et les conjoncturistes commencent à redouter l’approche d’un trou d’air. L’Allemagne ne joue plus son rôle de locomotive naturelle du vieux continent, alors que les menaces de Trump, si elles sont mises en œuvre, auront des effets négatifs sur les ventes communautaires, dès lors que l’expansion européenne est largement conditionnée par ses exportations. Au demeurant, Mario Draghi, le président de la BCE laisse entendre qu’il existe aujourd’hui un risque réel de ralentissement de l’activité compte tenu des périls internationaux. Dans ce contexte, le mouvement en faveur des embauches en France pourrait connaître un coup d’arrêt, avec le freinage de la demande extérieure, sans compter que la poursuite des grèves dans les transports, à la SNCF et à Air France, entraîne des dégâts qui pourraient prendre de l’ampleur. Les prochaines statistiques de l’emploi, publiées dans trois mois, seront donc scrutées avec particulièrement d’attention, car elles signeront aux yeux de l’opinion le succès ou l’échec de la politique du gouvernement.

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