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Pourquoi la majorité silencieuse finira par venir à bout des grèves
©JEFF PACHOUD / AFP

Edito

On commence à observer des signes de lassitude de la part des Français qui assistent impuissants aux dégâts provoqués par une minorité d’activistes. La majorité silencieuse pourrait bien se réveiller.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Apparemment, la France se trouve aujourd’hui dans une situation de non droit. L’Assemblée nationale vient de voter la réforme de la SNCF à une majorité écrasante de quatre députés sur cinq, qui garantit le maintien à vie du statut des cheminots en place. Ces derniers ont ainsi obtenu satisfaction sur leur revendication essentielle ainsi que sur l’engagement de l’Etat de prendre en charge l’essentiel de la dette de l’entreprise publique. Pourtant, la majorité des conducteurs de trains affiche sa volonté de poursuivre la grève, dans une politique du refus inconcevable dans un pays moderne lorsque les objectifs poursuivis ont été atteints. De même, les zadistes de Notre-Dame des Landes ont obtenu l’abandon du projet d’aéroport dans la région, ce qui aurait dû les conduire à se retirer. Mais là encore une minorité combative aux éléments disparates refuse tout compromis., sans la moindre justification.

Parallèlement, certaines universités s’agitent avec la nostalgie de mai 1958, en occupant plusieurs facultés avec l’espoir de développer le mouvement de contestation. Il y a même quelque chose de dérisoire de voir une école comme Sciences Po rejoindre les grévistes en accusant Emmanuel Macron d’engager une « vaste entreprise néolibérale » qui leur parait intolérable.

Pourtant, la « convergence des luttes » prônée par Jean-Luc Mélenchon est en train de faire long feu, ne fût-ce qu’en raison des divergences observées par les syndicats qui refusent de défiler ensemble le 1er mai tant leurs points de vue sont opposés. La grande manifestation organisée le 19 avril s’est traduite par un échec en raison du faible nombre de participants compte tenu de la variété des professions qui étaient appelées à descendre dans la rue. Au demeurant, on commence à observer des signes de lassitude de la part des Français qui assistent impuissants aux dégâts provoqués par une minorité d’activistes. La majorité silencieuse pourrait bien se réveiller, comme le montre la véritable mobilisation des réseaux sociaux en faveur de l’évacuation des établissements occupés par des grévistes, avec le souci de créer les conditions favorables à la reprise des cours et des examens. Une prise de conscience s’est produite pour dénoncer les aberrations où la sélection est présentée comme une exclusion dans un système égalitariste, alors que l’absence de sélection est justement le meilleur moyen de dévaloriser les diplômes ainsi que la fonction des enseignants, dans un monde où la compétition est la règle.

Par ailleurs, les mouvements de menton du gouvernement pour assurer l’ordre républicain génèrent un certain scepticisme, devant les atermoiements observés au niveau de l’administration pour faire preuve de fermeté. Préfets ou magistrats observent une certaine tolérance, parce qu’ils décèlent une certaine mollesse au niveau du pouvoir central qui les conduit à temporiser. Mais l’opinion se montre de plus en plus impatiente : les sondages montrent qu’elle ne suit pas les grévistes et la cote de popularité du président de la République, qui prêche la fermeté vient de remonter de trois points.

Dans l’immédiat, l’essentiel est de mettre fin au conflit du rail le plus tôt possible, alors que de nombreux compatriotes avaient construit des projets de déplacement en mai pour profiter d’un nombre de jours de congés exceptionnels. Les cheminots sont aujourd’hui comme un corps blessé qu’il faudrait soigner psychologiquement pour lui faire comprendre que le gouvernement n’a pas organisé la révolution du modèle français, mais préconise seulement une évolution douce pour lui faire comprendre que le service public peut être conservé dans un régime de concurrence qui correspond à une directive européenne datée de plus d’un quart de siècle, en 1991, qui n’a jamais été appliquée.

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