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E-santé : quand le système de santé français entre dans le 21ème siècle
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Santé 2.0

Alain Rousset, président de l'ARF (Association des régions de France) et Jean-Marie Leguen, député de Paris ont dénoncé le manque de modernité du système de santé français. Une position qui, selon la Secrétaire d'État chargée de la santé Nora Berra, ne prend pas en compte les progrès réalisé notamment par le biais de l'e-santé.

Nora Berra

Nora Berra

Nora Berra est une femme politique, députée européenne de la circonscription Sud-Est, Secrétaire d'Etat à la Santé.

Elle est aussi médecin.

 

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Je lisais récemment avec un certain étonnement un extraordinaire exercice de dénigrement de la modernisation de notre système de santé produit sous forme d’éditorial par Alain Rousset (président de l’ARF) et Jean Marie Leguen (Député de Paris et Conseiller de François Hollande pour la santé). A en croire ce médiocre pamphlet, la France serait aujourd’hui encore à la traîne de la plupart des autres états européens et plongée dans un immobilisme pour ce qui concerne l’engagement nécessaire vers les technologies numériques dans le domaine de la santé.

Outre la partialité bien comprise d’une telle assertion en cette période électorale féconde en caricatures, je note que pour illustrer cette analyse grossière et mal documentée, ses auteurs ont utilisés, à l’appui de leur thèse , une ficelle vieille comme le monde pour tenter de la travestir des habits de la crédibilité : se référer à une étude comparative européenne assez récente, sans regarder pour autant la date pourtant ancienne des données utilisées, en extraire parmi une multitude  l’indicateur le plus défavorable, et généraliser un discours de principe à partir de cette donnée parcellaire et obsolète. Je tiens en tout cas, à ce stade, à féliciter chaudement messieurs Rousset et Leguen pour leur rigueur intellectuelle tout à fait exemplaire !

Mais ce qui me paraît le plus grave, à ce niveau, dans cet exercice de mauvaise foi politicienne qui va à l’encontre des évidences que chacun peut constater aujourd’hui, c’est de s’exprimer ainsi, en forme de postulat de principe et en absolue méconnaissance des actions entreprises durant ce quinquennat. Je vais donc, non pas les rappeler aux auteurs, mais les leur révéler car à l’évidence, ils n’ont pas même pris le temps de s’en informer dans leurs fonctions respectives avant de se prononcer de manière si caricaturale.

Avec  Xavier Bertrand, nous avons décidé de faire de la modernisation des systèmes d’information de santé une priorité. Il nous est apparu indispensable de développer une stratégie globale, cohérente et lisible de numérisation de la santé.

Cette démarche, qui touche un grand nombre d’acteurs de divers secteurs d’activité, ne peut qu’être interministérielle. C’est la raison pour laquelle nous avons développé une collaboration très active, plus particulièrement avec le ministère de l’industrie, de l’énergie et de l’économie numérique, mais également avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, ainsi qu’avec le ministère de l’éducation nationale, la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale (DATAR) et tous les organismes publics intéressés.

C’est sur une véritable stratégie gouvernementale, validée d’ailleurs en Conseil des ministres que s’est engagée cette nécessaire évolution de notre système de santé. Elle ne repose pas sur une approche technocratique et technologique, mais vise plutôt à favoriser un large déploiement de services d’e-santé utiles aux professionnels comme aux patients et d’en faciliter l’usage.

La politique publique de numérisation de la santé, que ne connaissent de toute évidence pas messieurs Rousset et Leguen  repose sur quelques grands objectifs clairement identifiés : j’en présenterai ici les six principaux :

  • Le premier objectif porte sur le déploiement des services d’e-santé favorisant le partage des informations nécessaires à une prise en charge de qualité, pour chacun et partout en France. L’outil pour y parvenir, c’est la généralisation du DMP (dossier médical personnel), outil majeur de la coordination des soins. Quelques conditions doivent être réunies sur lesquelles un travail est engagé par l’ASIP : l’interopérabilité des systèmes d’information de santé ainsi que la création d’un espace de confiance reposant sur une protection rigoureuse de la confidentialité et de la sécurité des données de santé personnelles. J’entends que certains estiment que le DMP n’a pas fait la preuve de son intérêt : je réponds laissons l’outil se déployer, être approprié par les professionnels sur la base du volontariat et nous jugerons ensuite.
  • Le second objectif concerne la mise en œuvre du plan national de télémédecine. J’ai voulu  par ce plan que nous changions d’échelle en quittant le stade des expérimentations. Des priorités nationales ont été ciblées comme la prise en charge des AVC oula téléradiologie. Ceplan national est aujourd’hui en phase de déploiement  au niveau territorial dans les plans régionaux de santé.

  • Le troisième objectif stratégique vise l’accélération de l’informatisation des établissements de santé, avec le déploiement du programme « hôpital numérique » à l’horizon 2015. Cette informatisation doit concerner le cœur de métier de l’hôpital c’est-à-dire le processus de soins avec cinq domaines fonctionnels prioritaires comme par exemple, le partage de résultats d’examens médico-techniques (imagerie médicale, biologie, anatomopathologie), ou encore la prescription électronique.

  • Le quatrième objectif vise le déploiement par l’assurance maladie d’un bouquet de services aux assurés et aux professionnels, afin de rendre l’information dématérialisée immédiatement accessible, dans une forme adaptée, comme le permet le site AMELI. Ces services permettront également l’accompagnement de patients atteints de certaines affections, comme le propose le programme SOPHIA aux diabétiques.

  • Le cinquième objectif concerne le recours à des technologies et à des services adaptés pour favoriser l’autonomie et le bien être à domicile de personnes malades en particulier chroniques, de personnes handicapées ainsi que de personnes âgées dépendantes. Cet objectif constitue aujourd’hui un enjeu majeur de société et une priorité gouvernementale, comme vous le savez.

  • Enfin, le sixième objectif stratégique prévoit un soutien à l’innovation industrielle en s’appuyant notamment sur les appels à projets pilotés par le Commissariat à général à l’investissement dans le cadre des « investissements d’avenir ». 

Le gouvernement a décidé de soutenir la réalisation de ces objectifs stratégiques par des aides financières conséquentes, malgré un contexte économique difficile. Ainsi, en 2011, près de 80 M€ d’aides ont été mobilisées pour un montant de 180 M€ en volume de projets. 

A ces principaux objectifs, dont la liste est déjà impressionnante, correspondent aujourd’hui des chantiers ouverts, pour lesquels je souhaite une progression rapide.

Ainsi, en me limitant à trois exemples importants :

  • après une année consacrée à la construction des infrastructures et des services de base du DMP, celui-ci entame sa montée en charge avec près de 30 000 DMP créés.
    Il va l’intensifier significativement en 2012, sous la conduite de l’ASIP Santé, en s’appuyant sur des appels à projets ciblés auprès des régions et des établissements de santé ; environ 25 M€ seront engagés dans ce cadre sur la période 2011-2012 ;
  • les plans « télémédecine » et « hôpital numérique », après une phase de conception et de concertation se déclinent aujourd’hui sur le terrain, avec le concours des ARS et avec des aides financières importantes (26 M€ pour la télémédecine en 2011 et 400 M€ sur cinq ans pour hôpital numérique) ;
  • les deux appels à projets prévus dans le cadre des «  investissements d’avenir » ont été lancés au premier semestre 2011, mobilisant 40 M€ pour développer des produits et des services industriels de qualité, notamment dans le domaine de l’autonomie et du bien-être à domicile.

Mais je veux insister sur ce point : l’informatisation de notre système de santé est une entreprise complexe, à forte dimension culturelle confrontée à de nombreux freins. L’ensemble des pays engagés dans cette démarche rencontrent des difficultés, parfois importantes. Face à ces enjeux multiples et importants, ce gouvernement a conduit  une politique publique déterminée et inscrite dans la durée, fondée sur une stratégie globale et cohérente, s’appuyant sur une gouvernance solide. Je suis sûre –et je le déplore- que messieurs Leguen et Rousset découvriront tout cela aux détours de ces quelques lignes …..

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