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Présidence du Medef : élection décisive entre David et Goliath à l’UIMM
©JACQUES DEMARTHON / AFP

Enjeux

La fédération de la métallurgie cherche un remplaçant à Alexandre Saubot. Deux candidats, que tout oppose, sont en lice. Du résultat de ce scrutin, plus ouvert qu’il n’y paraît, dépendra aussi l’élection à la présidence du Medef.

Jeff  Dentreprise

Jeff Dentreprise

Jeff Dentreprise est un fin connaisseur des arcanes du Medef souhaitant garder son anonymat sous peine de ne plus l’être

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À l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), les grandes manœuvres ont commencé. La puissante fédération va élire son futur président le 19 avril.

Alexandre Saubot, à la tête de l'UIMM depuis 2015, renonce à se présenter à sa propre succession, tout absorbé qu'il est par sa campagne pour ravir le fauteuil de Pierre Gattaz à la tête du Medef. Deux candidats se sont lancés dans la course, Paul Rolland et Philippe Darmayan. Deux profils que tout oppose.

Paul Rolland, l’autodidacte des territoires

Sur le papier, Paul Rolland n’a rien d’une « star ». Dirigeant d’une PME familiale de 25 salariés, dans le département du Rhône, il préside aussi, depuis 2012, l’antenne lyonnaise de l’UIMM. Autodidacte – il détient plusieurs CAP, dont celui de fraiseur et de mécanicien tourneur –, attaché à son territoire, on le dit très apprécié localement. Sa très bonne connaissance du tissu industriel régional n’est pas pour rien dans cette bonne impression. Soutien de la première heure de Pierre Gattaz en 2013, Paul Rolland incarne le profil type des adhérents de l’UIMM, majoritairement issus de PME.

Alors certes, Paul Rolland fait un peu figure de Petit Poucet. Il ne ressemble en rien à ces technocrates ou patrons de grands groupes, bardés de diplômes prestigieux, qui accèdent traditionnellement aux commandes de la fédération de la métallurgie. Mais ce défaut pourrait se retourner à son avantage, compte tenu du système électoral en cours à l’UIMM. Les deux tiers des voix du conseil de l’organisation patronale (soit 70 votants) appartiennent, en effet, à des chefs d’entreprise issus, comme lui, des territoires. Une confortable réserve de voix, donc, qui pourrait faire basculer le scrutin en sa faveur.

Philippe Darmayan, le technocrate parisien

De son côté, Philippe Darmayan affiche le profil type des dirigeants de la métallurgie hexagonale. Pur produit de la méritocratie à la française, ce diplômé d’HEC est passé par la crème des groupes industriels du pays : Péchiney, Framatome, Arcelor puis ArcelorMittal, dont il préside les activités françaises depuis 2015. Dans la plus pure tradition technocratique, il cumule ces fonctions avec la vice-présidence de France Industrie, tout en étant administrateur du Conseil national de l’industrie. Un homme très occupé, en somme. 

Philippe Darmayan a d’autres atouts dans sa manche. A commencer par sa proximité affichée avec Alexandre Saubot, qui le considère comme son dauphin légitime. En revanche, s’il fréquente les hauts responsables du Medef, sa connaissance de l’appareil reste lacunaire. Et c’est là où le bât blesse. Comme on l’a vu, le Conseil de l’UIMM est sociologiquement très marqué : l’entregent et les réseaux parisiens de Philippe Darmayan lui seront de peu d’intérêt pour convaincre les petits patrons, issus des territoires, de lui accorder leur confiance.

Si Darmayan venait à perdre son pari, sa défaite rejaillirait indiscutablement sur son mentor, Alexandre Saubot, dont la position au Medef – dont il vise la présidence – s’en trouverait très affaiblie. La chute de son poulain viendrait confirmer ce que beaucoup d’observateurs disent à voix basse, à savoir que sa présidence de l’UIMM a été un semi-échec. En interne, Philippe Darmayan a été vertement critiqué pour sa complaisance dans certaines négociations sociales (compte pénibilité, UNEDIC, etc.), de même que pour son style parfois arrogant et sa volonté de tout centraliser autour de lui. 

Vers un séisme à la tête de l’UIMM ?

Minces sur le papier, les chances que Paul Rolland soit élu à la tête de l’UIMM sont, dans les faits, loin d’être négligeables. Sa seule candidature témoigne de ce qu’une page se tourne peut-être dans la métallurgie française. Les électeurs ne veulent plus de ces scrutins pipés, dont les vainqueurs sont désignés en petit comité par les sortants et les apparatchiks du système. Ils veulent de vrais patrons, des chefs d’entreprise qui leur ressemblent. Un séisme est donc possible à la tête de l’UIMM. Avec, comme lors de tout séisme, des répliques : si son poulain venait à perdre l’élection de l’UIMM, la candidature d’Alexandre Saubot pour la présidence du Medef aurait du plomb dans l’aile.

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