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Mais quel français parle donc Françoise Nyssen ?
©AFP

Gloubiboulga…

A Actes Sud, elle éditait des livres dont la langue était sans reproches. Mais c’est qu’il y avait des correcteurs…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Voici la phrase. « Il faut une politique volontariste d’irrigation des territoires fondée sur l’itinérance ». Elle a été – comment en douter ? – écrite par un quelconque stagiaire de la mairie de La Courneuve embauché là-bas dans le cadre d’un emploi aidé. Un jour qu’elle était fatiguée Françoise Nyssen l’a laborieusement recopiée.

Ce triste charabia administratif, germé dans la tête d’un trépané de l’intelligence, est sorti de sa bouche. Lors d’un grand discours prétendant apporter « la culture près de chez vous ». Et, à écouter Françoise Nyssen, on acquiert la conviction certaine qu’elle ne dit jamais « à Paris » mais « sur Paris ». Et que chez elle « en région » prend la place de « en province ». Et oui, c’est comme ça qu’elle cause la dame…

Françoise Nyssen parlait de peinture. Elle veut libérer les tableaux de « leurs prisons dorées ». C’est pour ça qu’elle a demandé aux musées nationaux d’ouvrir « un catalogue des désirs ». Elle a entendu la supplique qui montait de nos campagnes, de nos petites villes et de nos cités : nous voulons des Picasso, des Matisse, des Degas, des Monet… Et elle n’est pas restée sourde à la plainte de La Joconde qui gémit derrière les barreaux de la prison du Louvre.

Dans le concours au charabia le plus élaboré, Françoise Nyssen a trouvé son maître en la personne de Serge Lasvignes le président du centre Pompidou qui était à ses côtés. Il a parlé des « œuvres qu’on peut faire voyager sur les lieux de sociabilité du quotidien, soutenues par un dispositif de médiation ». Il a dû copier sur le même employé de mairie que Françoise Nyssen ! Mais la suite, il l’a trouvée tout seul : « Un Picabia pourrait bien squatter les locaux d’une mairie ou d’un lycée professionnel » !

Un lycée professionnel ? M. Lasvignes a omis de nous indiquer combien de policiers de la BAC et du RAID il faudrait pour escorter le précieux Picabia. Mais arrêtons de nous moquer. C’est ce que demande Aurore Bergé dans une interview au Journal du Dimanche. Cette parlementaire LREM prend vigoureusement la défense de Françoise Nyssen.

A toutes fins utiles rappelons qu’Aurore Bergé s’est rendue célèbre en exigeant que des profs soient domiciliés dans le 93 « pour les rapprocher des conditions de vie de leurs élèves ». Longtemps, longtemps avant Françoise Nyssen nous avons eu en France un ministre de la Culture : André Malraux. Avec elle, nous avons un ministre de la culture (petit c).

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