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Ces quelques petites choses oubliées par Jean-Marie Le Pen dans ses Mémoires
©AFP

Un passé qui ne passe pas

Il s'agit de points de détail. Une expression qu'il affectionne.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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C'est un article qui commence mal et qui finit bien. Au début il y a Jean-Marie Le Pen. Dans une excellente contribution Philippe Bilger écrit qu'il est parfaitement légitime de lire les Mémoires du fondateur du Front National. N'en déplaise à Christine Angot.

Nous les avons lues.  Les mémoires ne sont jamais toute la vérité d'un homme. Seule sa vérité y a droit de cité. Avec des omissions et des silences. C'est normal. Et il n'y a là rien de scandaleux.

Mais il n'est pas interdit de remplir les blancs qu'a laissée la plume de Jean-Marie Le Pen. Voici une histoire que je tiens de mon père. En 1960 (1961?) il se trouvait avec un ami au Bar des Théâtres rue Jean Goujon. Un endroit cosy et plutôt bien fréquenté.

A une table proche de la leur se trouvait deux Nord Africains (c'est comme ça qu'on disait à 'l'époque). Bien mis, genre étudiants ou intellectuels. Au bar trois hommes vidaient des bouteilles de bière. A la boutonnière de leur veste l'insigne des parachutistes.

L'un d'eux portait un bandeau sur l'œil. Les deux Nord Africains se dirigèrent vers la sortie. En passant devant le bar ils s'écrièrent "Et vive l'Algérie algérienne Monsieur Le Pen!". Et ils se précipitèrent vers la sortie. Au bar il n'y eut pas une seule seconde d'hésitation.

Les trois hommes cassèrent leurs bouteilles de bière sur le comptoir. Et tessons à la main ils se lancèrent à la poursuite des deux Arabes. On ignore ce qu'il leur est arrivé. On sait ce que Jean-Marie Le Pen est devenu…

Le président d'honneur du Front National a des pudeurs de jeune fille. Ainsi il a récemment déclaré que "si on le lui avait demandé il aurait sans doute torturé" en Algérie. Triste littérature de boudoir… Pendant la bataille d'Alger en 1957 la torture fut de règle dans les unités de parachutistes. Pas besoin de leur demander. Cette année-là Jean-Marie Le Pen servit à Alger comme parachutiste.

En 1957 un autre soldat fit parler de lui : le général Jacques Pâris de Bollardière. Il avait été parachuté en France pendant l'occupation nazie. Il avait fait la guerre d'Indochine. Il était l'officier le plus décoré de l'armée française : Grand-Croix de la Légion d'honneur, Croix de Guerre, Médaille de la Résistance, Compagnon de la Libération.

Fervent catholique, il fut révulsé par ce qu'il vit à Alger. Il écrivit ce qui suit. "La guerre n'est qu'une dangereuse maladie d'une humanité infantile qui cherche douloureusement sa voie. La torture, ce dialogue dans l'horreur, n'est que l'envers affreux de la communication fraternelle. Elle dégrade celui qui l'inflige plus encore que celui qui la subit. Céder à la violence et à la torture c'est, par impuissance à croire en l'Homme, renoncer à construire un monde plus humain."

Cela lui valut 60 jours de forteresse. Seul contre tous le général Jacques Pâris de Bollardière sauva l'honneur de l'armée française. Pourquoi évoquer sa mémoire dans un article consacré à Jean-Marie Le Pen ? Parce qu'ils furent tous deux soldats en Algérie au même moment. Et aussi parce qu'il y a des hommes qui sont plus dignes de respect que d'autres.

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