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Réforme SNCF : les syndicats communistes de fonctionnaires lâchent les cheminots
©FRED DUFOUR / AFP

La solidarité a ses limites

Dans le combat auquel ils se préparent, les cheminots enregistrent un véritable lâchage en règle: celui des syndicats communistes de la fonction publique (FSU et… CGT elle-même), qui ont d’ores et déjà annoncé qu’ils maintiendraient leur mouvement du 22 mars à l’écart de celui des cheminots.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Les syndicats de fonctionnaires ne manquent jamais un appel à la solidarité… en leur faveur. Mais quand il s’agit de s’engager au profit des autres, leurs affinités sont beaucoup plus électives. Les cheminots devraient en faire l’amère expérience dès le mois de mars.

Les cheminots lâchés par la FSU

Certains esprits naïfs pourraient craindre que la grève des fonctionnaires pour leur pouvoir d’achat, annoncée le 22 mars, rejoignent le mouvement des cheminots. 

Interrogée sur cette mythique convergence entre les mouvements sociaux, Bernadette Groison, secrétaire générale du syndicat communiste enseignant FSU, a eu des paroles qui ont dû faire chaud au cœur des cheminots:

« Nous n’avons pas construit la date du 22 mars en convergence avec les cheminots », a dit à la presse la secrétaire générale de la FSU, Bernadette Groison. « Nous restons, nous l’intersyndicale, sur la nécessité et l’exigence d’une visibilité à nos questions de fonction publique. Une attaque contre les services publics, les cheminots et les fonctionnaires ne partagent pas les mêmes problématiques. Le statut des cheminots n’est pas le statut de la fonction publique ».

Voilà ce qui s’appelle lâcher ses petits camarades en beauté, au nom du dicton: « Charité bien ordonnée commence par soi-même ». On a beau aimer la solidarité, on n’en est pas moins femme.

La CGT fonction publique ne bronche pas

Autre indication intéressante: le CGT de la fonction publique a décidé de ne pas bouger d’un pouce, alors même que la CGT Cheminots est sur les charbons ardents. Les fonctionnaires de la CGT sont tout entier consacrés à leur grève du 22 mars et ne semblent pas s’émouvoir de la remise en cause du statut de leurs petits camarades de la SNCF.

On s’amusera de cet attentisme. En effet, la même fédération s’était en son temps largement mobilisée contre la loi El-Khomri qui s’attaquait au code du travail. On retrouvera par exemple une déclaration syndicale de l’époque:

Croire qu’un tel recul dans le secteur privé serait sans conséquences sur les conditions de travail, la santé et les droits des agents publics titulaires et contractuels est illusoire. S’il devait passer, le projet El Khomri fragilisera les salariés du secteur privé et constituera un nouvel argument massue pour mettre à mal les garanties du secteur public !

C’était il y a longtemps…

L’égoïsme des cheminots leur revient en boomerang

En même temps… les cheminots récoltent les fruits de leur égoïsme non dissimulé. Les syndicats de la SNCF se sont en effet tenus à l’écart des mouvements sociaux opposés aux réformes de la fonction publique. Ce manque d’entrain se paie aujourd’hui cash, au point que les syndicats de la SNCF peuvent nourrir quelques inquiétudes sur la réussite de leur mouvement. 

Macron doit-il avoir peur d’une grande grève à la SNCF?

Du même coup, on en vient à s’interroger sur les chances réelles d’un mouvement massif à la SNCF au mois de mars. Les syndicats de cheminots risquent de se trouver d’autant plus isolés qu’ils n’ont pas réagi aux ordonnances sur le code du travail. On voit désormais mal pour quelle raison les salariés du secteur privé marqueraient de la sympathie pour une profession dont les capacités à la solidarité sont aussi instables. 

Lorsque les trains de banlieue seront à l’arrêt pour cause de défense très égoïste d’un statut obsolète, la réaction devrait même être plutôt vive. On voit mal comment des salariés souvent harassés par des rythmes de travail et de vie stressants accepteront un surplus de pression du fait d’un mouvement qui suit des pannes lourdes dans les gares.

Cet article a été initialement publié sur le site Décider & Entreprendre

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