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Racine était-il un sioniste avant la lettre ? C'est vraisemblable et c'est pas bien…
©Wikipedia / François de Troy

Changement de décor

Il faut revoir et purger certains de nos classiques. Sinon de nombreuses personnes pourraient être offensées.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Phèdre ça va. Iphigénie aussi. Ça se passe chez les Grecs. Bajazet pose problème. La tragédie se déroule chez les Ottomans. Avec un sultan, Mourad, particulièrement cruel et sanglant. Il y a là des relans manifestes d'islamophobie.

Mais le pire, le plus scandaleux, le plus insupportable c'est dans Bérénice. Nous allons y venir. Mais avant évoquons deux exemples récents qui prouvent que cette tragédie de Racine peut parfaitement faire l'objet d'un nettoyage indispensable.

Récemment à la Scala de Milan on a présenté une version actualisée de Carmen. La belle gitane est devenue une réfugiée kosovare parquée dans un camp de migrants. Et le garde civil qui la désirait a été, par un coup de baguette bienpensante, transformé en un policier méchant et brutal.

Shakespeare a subit la même chose que Bizet. Othello a été revisité. Dans la nouvelle version Desdémone ne meurt plus. Car, a expliqué le metteur en scène, "à une époque où il est tant question de violences faites aux femmes il était hors de question de la faire mourir". On ne sait si dans cette version Othello est toujours noir. Blanc nous semblerait plus approprié…

Bérénice commence mal. Très mal. Dans une longue préface Racine dédie sa pièce à Colbert. Et Colbert est l'auteur du célèbre Code Noir, réglementant la pratique de l'esclavage. Il a, comme d'autres grands commis de l'Etat, sa statue au Palais Bourbon. Le CRAN, blessé au plus profond de son âme, exige qu'elle soit déboulonnée.

Le plus affreux est à venir. Bérénice est une reine juive! Oui une reine juive ! Le rappeler, le montrer sur scène c'est donner des arguments aux sionistes qui prétendent qu'ils ont des droits historiques sur une terre qu'ils s'obstinent à nommer Israël au lieu de Palestine. Nous pardonnerons sans doute à Racine qui, peut-être, n'était pas au courant de cet enjeu. Mais les metteurs en scène d'aujourd'hui n'ont pas cette excuse.

 Il y a dans Bérénice cette tirade :

-Madame il faut vous faire un aveu véritable

Lorsque j'envisageais le moment redoutable

Où pressé par les lois d'un austère devoir

Il fallait à jamais renoncer à vous voir.

Il n'est pas acceptable que ces mots s'adressent à une reine juive. Bérénice doit dorénavant s'appeler Djamila ou Amal. Et elle sera une reine arabe. Titus, lui, sera un empereur occidental. Touché par la grâce de Djamila, ou d'Amal, et par la douceur de la religion musulmane il se convertira à l'islam.

Bravant en cela les diktats racistes et islamophobes du sénat de Rome. Voilà à l'exemple de Carmen et d'Othello ce que doit être le nouveau message de Bérénice. En attendant vous pouvez toujours aller voir cette tragédie à la Comédie Française. Elle y est jouée dans sa version initiale. Pour combien de temps encore ?

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