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Être perfectionniste tue. Parfois. Le reste du temps, ça peut vraiment vous rendre malade
©Flickr

Parfait !

Souvent pensé comme un vecteur de réussite et de dépassement de soi, le perfectionnisme pourrait finalement avoir l'effet totalement inverse.

Atlantico : Dans une expérience de laboratoire de l'Université York St-John, on a donné des objectifs spécifiques à un groupe de perfectionnistes et de non-perfectionnistes. Le test était truqué : aucun d'entre eux ne réussirait. Fait intéressant, les deux groupes ont continué à faire le même effort. Mais le premier groupe s'est senti beaucoup plus malheureux à propos de tout cela et a abandonné plus tôt. Jusqu'à quel point cette pathologie pénalise-t-elle les personnes qui en sont atteintes ?

François ChauchotLes plus malheureux ont nécessairement été ceux du groupe des perfectionnistes, car ils n’ont pu atteindre cet image idéale d’eux-mêmes, c'est-à-dire celle qui aurait réalisé cette tâche impossible. Le perfectionnisme  renvoi à l’image idéale de nous-même, image qui n’est pas celle de la réalité et qui n’est pas non plus celle que certains voudraient nous voir jouer, par exemple, en nous demandant de nous dépasser, de faire « plus avec moins » pour reprendre une phrase à la mode dans certaines organisations.

Être perfectionniste, c’est donc vouloir atteindre un idéal, souvent sans accepter les approximations et les petites étapes nécessaires pour atteindre un but. C’est donc vouloir être parfait, ce qui entre rapidement en contradiction avec la nature humaine, qui intègre les imperfections dans son fonctionnement global. C’est donc vouloir chasser une part humaine, celle de l’erreur, des limites de chacun, des faiblesses. Cette tendance s’oppose donc à la représentation que nous avons de nous, et met de ce fait là en danger l’estime de nous-même et la satisfaction que nous avons de nous.

Il s’agit donc d’une question de narcissisme, c'est-à-dire d’amour de soi, et le risque couru par le perfectionniste est grand de ne jamais s’apprécier, et de toujours juger négativement ses réalisations. Cela ne sera donc jamais assez à ses yeux, ce qui va ralentir le perfectionniste dans son quotidien, ou parfois le bloquer à l’idée de ne jamais atteindre d’emblée ses objectifs. Si vous estimez que courir un marathon au-dessus des trois heures n’a vraiment pas d’intérêt, il est probable que vous n’allez jamais vous inscrire à une telle course.

Le perfectionnisme pathologique fait donc souffrir et peut avoir de graves conséquences personnelles et professionnelles, dans la mesure où le sujet hésite à s’engager dans une action qu’il ne maitrise pas d’emblée totalement et au premier essai. L’inhibition, l’insatisfaction personnelle, le dépit et le renoncement sont des conséquences possibles d’un tel état. Car le perfectionniste prend tout pour lui, et toute entreprise met en jeu l’estime qu’il a de lui ; en d’autre terme, s’il ne réussit pas aussi bien qu’il se l’imagine -mais c’est dès le départ impossible car idéal - il est nul !

Comment certains tombent-ils dans un tel excès ? Certains profils ou caractères prédestinent-ils aussi au phénomène ? (age, milieu professionnel, santé mentale…)

Probablement ceux qui ont le plus à prouver aux autres et à eux-mêmes leur valeur, leur existence ; ceux pour qui les choses ne sont jamais simples car toujours associées à un doute - ai-je bien fait , ais-je fait assez ?- ; ceux pour qui l’enjeu de réussir est un enjeu d’amour - on m’aime uniquement si je réussis parfaitement , si je ne déchoit pas, ceux qui n’ont pas assez fait l’épreuve de l’imperfection, qui est une force face à l’adversité des demandes excessives de notre société, de faire plus, de faire mieux, de tout prévoir même l’impossible...  il n’y a donc pas d’âge pour "tomber dans le perfectionnisme" , mais un profil de fonctionnement psychologique dans un environnement peu sécurisant alimente l’insécurité du sujet .


Comment discerner le bon perfectionnisme du perfectionnisme toxique ?

Mais être un peu perfectionniste n’est pas un défaut, dans la mesure où il vous amène à réaliser des tâches complexes et de qualité. On peut le voir dans de multiples secteurs, et l’individu se dépasse, mais éprouve une satisfaction de sa réalisation, source de gratifications et de progressions dans la vie professionnelle, par exemple.

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