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Et si l’or ne servait plus à rien ?
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Le statut de l’or est-il en train de changer au profit de devises alternatives ou de mode de gestion plus moderne ?

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Beaucoup d’investisseurs achètent et conservent de l’or ou de l’argent comme une classe d’actifs « alternative » ou plus souvent comme une protection destinée à se couvrir contre la volatilité des marchés actions. Historiquement cette couverture a plutôt fonctionné dans les périodes de fortes turbulences…Par contre, la tension de début février n’a pas profité au cours de l’or. Pourquoi ? Le statut de l’or est-il en train de changer au profit de devises alternatives ou de mode de gestion plus moderne ?

Pendant que le marché actions reculait de 7% pendant les premières séances de février, l’or reculait de 3% et les actions des mines d’or plongeaient de 5%. L’argument du manque de recul pour analyser des phénomènes aussi importants est recevable mais c’est bien dans les périodes de fortes volatilités que l’on a besoin de l’or comme protection…et là, l’échec est patent.

Il nous semble intéressant de se demander pourquoi les actions ont baissé en analysant ce qui s’est passé aux Etats-Unis source du recul récent des marchés :

  • Ralentissement de l’économie américaine ?
  • Crainte d’une inflation en hausse ?
  • Crainte de la politique de la FED ?


S’il s’agissait d’un ralentissement économique américain, le Dollar serait en baisse ainsi que l’ensemble des actifs américain. Mécaniquement cela aurait propulsé les cours de l’or à la hausse. Cette fois-ci difficile de discerner des signes de ralentissement de l’économie Américaine. Même si la croissance n’accélère pas en ce moment, elle ne montre pas non plus de signe de ralentissement. Et, de fait, seules les actions ont vraiment baissé dans la semaine de tensions.

L’inflation ? Même si les chiffres semblent montrer une accélération,  la crainte des marchés nous semblent un peu surestimée…Là aussi, si l’inflation s’installait réellement dans l’économie, les actions, le Dollar et les obligations seraient orientés à la baisse… au moins jusqu’à ce que la FED intervienne pour empêcher le développement d’une inflation trop forte. Rien de tout cela début février.

La vraie raison de la baisse, outre les raisons techniques spécifiques aux marchés actions américaines,  nous semble plutôt résider dans les craintes des investisseurs, vis à vis des hausses de taux à venir de la FED. Effectivement, dans ces cas les actions peuvent marquer temporairement le pas et les taux courts  se tendre au moins un peu. C’est bien ce qui s’est passé…or dès que les taux courts se tendent, l’or devient immédiatement moins intéressant. Pour le moment, le message de la FED via son nouveau président M. Powell n’a pas modifié les anticipations des investisseurs : en 2018, ce sont toujours 3 hausses des taux qui sont anticipées.

On comprend donc en «zoomant » sur les premières séances de baisse des marchés pourquoi l’or n’a pas joué son rôle d’assurance contre une baisse des actions. 

Pour que cela change il faudrait que la baisse des actions s’amplifie à un point tel que cela finisse par altérer la confiance des consommateurs et des industriels et par peser sur l’économie…ou bien que l’inflation accélère massivement. A ce stade cela nous semble bien prématuré.

Par contre, l’or pourrait, comme c’est le cas depuis quelques temps, se comporter comme une matière première comme une autre. C’est à dire voir son cours fluctuer en fonction de l’offre et la demande. Dans ce cas, inutile de dire que l’on sera assez loin pour l’or d’une assurance anti-krach boursier…surtout que dans ce cas, si l’économie ralentit, les matières premières ont plutôt tendance à baisser.

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