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Faire 10 000 pas par jour pour être en forme ? Un mythe marketing inventé au Japon sans fondement scientifique
©Reuters

Santé

La sécurité sociale anglaise encourage les Britanniques à pratiquer un exercice de marche "énergique" 3 fois 10 minutes par jour. Selon l'agence, ce type d'exercice physique est préférable à un exercice plus prolongé, tel celui des 10.000 pas popularisés au Japon dans les années 50.

Arnaud Cocaul

Arnaud Cocaul

Arnaud Cocaul est médecin nutritionniste. Il est membre du Think Tank ObésitéSIl a dernièrement écrit Le S.A.V. des régimes aux éditions Marabout.

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Atlantico : La sécurité sociale anglaise encourage les Britanniques à pratiquer un exercice de marche "énergique" 3 fois 10 minutes par jour. Selon l'agence, ce type d'exercice physique est préférable à un exercice plus prolongé, tel celui des 10.000 pas popularisés au Japon dans les années 50, qui faisait jusqu'ici souvent référence. Quelle serait votre recommandation en terme d'exercice physique quotidien ?

Arnaud Cocaul : Ma recommandation peut être en premier lieu de s'intéresser aux deux méthodes, parce qu'il faut s'adapter au patient qu'on a en face de soi. Et ce même s'il faut bien reconnaître qu'on parle d'un côté d'une méthode japonnaise inventée pour des raisons très peu scientifiques (c'est un coup de marketing à l'origine) et de l'autre d'une proposition faites par le National Health Service anglais. Cela dit, si vous avez des personnes qui veulent faire les 10.000 pas par jour et qui les font, je pense qu'il faut les encourager. Cela demande une certaine condition physique certes, mais aussi d'avoir la possibilité de sortir une heure pour faire ces 10.000 pas. Une personne plus sédentaire, celle que le NHS vise très certainement avec sa campagne, aura plus de mal. La proposition de fractionner l'activité en trois fois dix minutes lui ira probablement mieux. Et ce sera plus réaliste à réaliser pour elle. Les études, on leur fait souvent dire ce qu'on veut. Il faut garder un point de vue pratique, et donc peut-être fonctionner par paliers. Avant de demander 10.000 pas, le 3x10 min me semble une bonne solution. Et peut-être faudra-t-il encourager celui qui fait déjà 3x10 min à faire les 10.000 pas.

Les deux propositions sont toutes deux intéressantes, mais elles sont complémentaires avant tout ! Il ne faut pas en rejeter une pour l'autre.

Qu'est-ce qu'apporte ce type d'exercices ?

Quand vous faites de l'exercice, vous perdez des calories, c'est indéniable. Tout dépend cependant dès lors de la vitesse à laquelle vous marchez. Il ne faut pas faire de lèche-vitrine ! La proposition qui conseille de marcher à une vitesse permettant de parler, mais pas de chanter, me semble une bonne façon d'évaluer sa vitesse. La personne ne doit pas puiser dans ses réserves respiratoires, c'est-à-dire être à bout de souffle.

Un tel exercice est extrêmement positif : il va améliorer les paramètres métaboliques c'est-à-dire régulation de la glycémie, cela améliorera le fonctionnement cardiaque, vous faire agir au niveau de la respiration ventrale, vous permettant de mobiliser vos graisses de réserve. Et au niveau psychique, vous serez mieux dans votre tête. Et en plus, comme vous êtes en extérieur, vous faites un plein de vitamine D. Dans notre période hivernale, où il n'y en a peu, c'est la façon de s'exposer un minimum à ce qu'il y a de rayonnement ultra-violet pour produire la photosynthèse de la vitamine D.

Tous ces paramètres psychiques, métaboliques et cardiovasculaires ne peuvent être que bénéfique au contrôle de son poids ou à la maîtrise de son vieillissement.

Faire de l'activité physique trop rapidement et/ou intensément n'est pas nécessairement une bonne idée. Vous risquez d'oxyder, d'avoir une réaction inefficace. Donc d'abord : de l'activité physique efficace au quotidien. Et pour ce faire, on ne demande pas aux gens de faire des marathons.

Et une fois cette nouvelle pratique quotidienne intégrée, quelle peut-être l'étape suivante ?

On peut ensuite augmenter progressivement l'intensité physique de l'exercice. On peut pour cela s'aider des podomètres et autres applications pour smartphone qui font cela très bien. Certains vont même partager ces efforts sur les réseaux sociaux. Pourquoi pas. Mais il ne faut pas tomber dans l'exagération de l'effort ou dans l'obsession. De la même manière qu'on observe dans l'alimentaire une orthorexie, c'est-à-dire l'obsession de manger sain, il ne faudrait pas qu'on ait une obsession de faire une activité physique de façon indispensable. Il faut bouger, certes, mais il faut que cela reste du plaisir. Il faut que cela reste du plaisir de faire du sport. Le jour où vous n'avez pas envie d'en faire, il ne faut pas culpabiliser : car les risque sont de s'y mettre à fond… mais pas vraiment. On connaît tous des gens qui sont inscrits en salle de sport, mais qui n'y vont pas si souvent, voire très peu. Ils sont abonnés mais n'y vont pas : c'est dépenser de l'argent inutilement. Surtout quand il s'agit seulement de marcher au quotidien, dans sa ville, et peut-être de fréquenter les parcs, monter des escaliers, voire utiliser des mobiliers urbains. C'est intelligent, sauf cas d'excès. Sans oublier donc qu'on vieillit tous et que notre physique à 20 ans n'est pas le même que celui des 40 ans, qui ne sera pas celui des 50 ans. À chaque âge son mode et son rythme d'activité physique. Il y a des gens qui veulent faire de la marche nordique quand ils sont âgés, c'est très bien. Quand ils sont plus jeunes, ils peuvent faire du sport plus soutenu. Mais ce qui prime, c'est la régularité !

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