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Edwy MacPlenel ou l’homme qui traquait les frontistes cachés
©Reuters

Wanted !

Hier il en était à 40. C'est sûr qu'il peut mieux faire.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Dans les années 50 officiait aux Etats-Unis une très célèbre et très efficace Commission des activités anti-américaines. Elle était présidée par le sénateur McCarthy, un ange exterminateur passablement paranoïaque sur les bords. Tout ce qui était un peu rouge, progressiste ou communisant fut par lui impitoyablement traqué. 

Des centaines d'acteurs, de réalisateurs, d'écrivains furent victimes de cette chasse aux sorcières. Charlie Chaplin, le grand Charlot, dut même s'exiler en Grande-Bretagne. Pour rester dans la tradition des sagas américaines, il y eut – à l'époque du grand Ouest sauvage où le Colt faisait la loi – des chasseurs de tête. Ils voyaient une affiche "Wanted", et hop, ils dégainaient pour empocher la prime. 

De ces glorieux ancêtres, Edwy Plenel a tout appris. Lui, ce qu'il chasse c'est le frontiste caché. Il n'a pas besoin de prime. Tout ce qui peux concourir à sa gloire d'inquisiteur et de délateur suffit en effet à l'amener à l'extase. Pour être sûr de faire une bonne récolte de têtes, il s'est associé au site Buzzfeed. Et le résultat est là : une riche et abondante moisson. 40 sympathisants frontistes découverts en pénétrant (avec l'aide de qui ?) les mails internes du FN. Rien que du beau linge. Des patrons du CAC40, des hauts fonctionnaires, des préfets, des gradés de la gendarmerie.

Tout y est comme sur les affiches du Far West : leur nom, leur photo, leur fonction, leur biographie. Tous ont aidé Marine Le Pen à fourbir ses arguments pour les dernières présidentielles. Vus les résultats, on peut se demander s'ils étaient nuls ou si c'est Marine Le Pen qui décroche la palme de l'incompétence…

Le Front National a le droit à notre entière commisération : celle qu'on doit aux handicapés de l'âme et aux invalides de l'esprit. Car il faut avoir vraiment très faim pour aller brouter l'herbe amère des pâturages frontistes. Mais ce parti fait peur : c'est pourquoi les 40 sympathisants de haut vol débusqués par Mediapart et Buzzfeed préféraient rester cachés. 

Jeter leur nom sur la place publique c'est peut-être en condamner certains à la mort civile. C'est peut-être susciter dans leur milieu professionnel et dans leur entourage une levée de crucifix et de gousses d'ails destinées à exorciser le vampire.

Plenel et les siens font un métier honteux. Mais ils n'en ont pas honte et s'en félicitent. Il y a longtemps, quand le Parti communiste était encore grand, il disposait d'une réserve de militants et de sympathisants cachés. Tous hauts placés. Car, comme le FN aujourd'hui, le PC faisait peur. Être identifié comme un de ses membres pouvait briser une vie, une carrière. Pourtant ils vécurent heureux et cachés. Edwy Plenel n'existait pas encore.

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