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Pourquoi l'anti-sarkozysme est-il devenu un élément central du quinquennat ? Le point de vue de Gilles-William Goldnadel
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Anti-sarkozysme

Deuxième partie de notre série consacrée à l'anti-sarkozysme. Revue d'effectifs des "anti-sarko" entre bobos modeux et révolutionnaires en peau de lapin.

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il a notamment écrit en 2024 "Journal de guerre : C'est l'Occident qu'on assassine" (éditions Fayard) et en 2021 "Manuel de résistance au fascisme d'extrême-gauche" (Les Nouvelles éditions de Passy). 

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A lire aussi la première partie :
Pourquoi l'anti-sarkozysme est-il devenu un élément central du quinquennat ? Le point de vue de Chantal Delsol

Ainsi, François Hollande, sans illusion sur l’enthousiasme qu’il inspire, fait fond sur l’anti-sarkozysme à tout crin. Mais, au fait, de quoi l’anti-sarkozysme est-il le nom, pour paraphraser un philosophe post-maoïste, bien en cour ? Précisément, de ce goût pour la radicalité ultra-mondaine et plébéienne à la fois, dont ce pays a la noire magie.

Qui se retrouve, sous le large étendard anti-Sarko ? Une cohorte hétéroclite et bigarrée faite de bobos modeux, de révolutionnaires en peau de lapin, d’indignes-niais en keffiehs peu portés à la discussion, de socialistes respectables et respectueux en voie de disparition, ainsi que de quelques sombres nationalistes ombrageux.

Qu’ont-ils, sans le savoir, en commun ? L’appétence pour le plaisir grégaire et la jactance, le goût pour la radicalité onirique à irresponsabilité illimitée, l’habitude pour le préjugé xénophobe ou xénophile. Mais encore, le mépris religieux, d’autant plus affiché qu’il n’est pas toujours pratiqué, pour le commerce, le profit, et sa traduction financière appelée argent.

Si la posture sans-culotte vient de loin, la sans-papier n’est que quarantenaire et a hérité d’une haine anti–occidentale pathologique.

Dans sa version la plus sévère, cette maladie infantile mais mortelle, ressemble à s’y méprendre à ce chansonnier de Radio Paris qui moquait « l’Amérique, pays judaïque ».

J’ai déjà évoqué, au moment de l’élection de 2007, le site «tout sauf Sarkozy» ainsi que l’ineffable Daniel Mermet qui fut gentiment gourmandé par sa direction, pour avoir diffusé sur France Inter un avis de décès imaginaire judéo-nazifiant de l’actuel président : Nicolas Sarkozy ( 1955- ? ), politicien, mort dans son bunker à Jérusalem.

Mais ces postures anti-sarkozystes sans-culotte et sans-papiers, sont toutes aussi sans mémoire.

L’anti-sarkozysme porte aussi le nom de Mélenchon

Sans vouloir mésestimer son talent de posticheur, sa posture sans-culotte et sans-papiers bénéficie aussi du sans-mémoire de la société médiatique qui, lorsqu’elle ne le porte pas, le ménage.

Alors que nul n’est rabroué lorsque le noir passé est convoqué pour reprocher à l’autre populiste d’avoir valsé avec des autrichiens en culotte de peau, l’invocation du passé rouge sang pour contester ses tangos sud-américains déclenche immédiatement un rire moqueur.

« 100 millions de morts du communisme, ça ne vous suffit pas ? stop ou encore ? » ai-je lu lundi, griffonné à la main sur une affiche du bateleur soutenu par le PCF. En voilà au moins un, qui, à défaut de complexes, a de la mémoire.

La signification politique du succès de Mélenchon, est que l’anticommunisme, en France, faute d’un débat libre et sérieux, reste une tare plus qu’une vertu. Et voilà pourquoi, lorsque la réincarnation grotesque de Robespierre soutient une Chine qui s’est livrée à l’épuration ethnique au Tibet, personne ne rit, ni ne grogne.

A ce stade, dois-je encore citer Daniel Cohn-Bendit qui, dans une interview, lundi, dans le Monde déclare : «Moi aussi, je veux bien refaire l’histoire à ma sauce, ça n’est pas bien compliqué, mais c’est tellement simplificateur. La vie, ce n’est pas aussi simple qu’un discours de Jean-Luc Mélenchon. ( …) Il parle de la révolution, sans jamais en montrer les aspects dérangeants (…) cela lui permet de désigner à l’opinion cette gauche littéralement gangrenée par la question nationale, bloquée idéologiquement sur la question européenne, et fondamentalement anti-occidentale….»

Ceci dit et bien dit, en quoi le parti Vert de Mme Joly et de M. Mamère est-il moins anti-occidental ? Et si M. Mélenchon n’était pas si à gauche, Cohn-Bendit userait-il, pour le rabrouer, de ce ton urbain et policé, auquel le gamin des rues de Paris au mois de Mai ne nous avait pas habitués ?

La droite sarkozyste commence enfin à évoquer le risque d’un Hollande, prisonnier du citoyen Mélenchon. Ici encore, cette stratégie surabondamment spéculative m’échappe. Prisonnière ou non, la gauche démocratique est coupable, moralement et politiquement, de s’être faite du camarade de Castro, de Chavez et de Babeuf, un allié fréquentable. Un point, c’est tout.

Dans ce bestiaire anti-sarkozyste, le point commun anatomique est d’avoir la langue fourchue mais un épiderme à la sensibilité particulièrement délicate. C’est ainsi que Bertrand Delanoë, s’est déclaré « stupéfait » par les propos tenus par l’actuel président dans le JDD.

Effrayant, celui-ci avait osé moquer la « gauche caviar » ! C’est quand même autrement plus agressif que d’avoir comparé Sarkozy à Poutine, Madoff ou Pétain.

« Nicolas Sarkozy défend les victimes, en terrain conquis »

Dans un état d’esprit assez voisin, le Monde, n’y va pas de main morte lorsqu’il s’agit de disqualifier du débat démocratique ceux qu’il présente comme des compagnons de route du candidat président.

Dans un article intitulé « Nicolas Sarkozy défend les victimes, en terrain conquis », Franck Johannes, ordinairement bien mieux inspiré, décrit ainsi un Institut pour la justice dont je me flatte d’être l’avocat : «la venue, samedi 31 mars, de Nicolas Sarkozy à l’Institut pour la justice constitue une victoire pour ce think thank marqué à droite, qui déploie des efforts méritoires pour passer pour un interlocuteur crédible (…). L’institut se situe un peu à la droite de Genghis Khan (…). Il a une obsession, les victimes ; une méthode, la réaction aux faits divers…».

Outre que je mets au défi le chroniqueur de trouver dans le programme de l’Institut, uniquement technique, une ligne qui le situerait là où celui-ci rêverait de le classer, trois remarques :

- Je ne savais pas le souci obsessionnel de Genghis Khan pour les victimes.

- Le Monde ne répugne pas à utiliser les faits divers : ainsi, la couverture du vendredi 6 avril titrant largement sur cette « Amérique surarmée où il est permis de tuer » et traitant du cas du jeune noir Trayvon Martin, abattu en Floride le 26 février, peut-être dans le cadre d’un crime raciste.

- Quelles seraient les réactions médiatiques, au cas où le Syndicat de la Magistrature, recevant François Hollande, serait situé par le Figaro « à la gauche de Kim Il-sung ? »

Et si l’anti-sarkozysme carnassier devenait le meilleur allié de sa proie ?

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