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Julien Dray vous devriez faire –plus qu'un autre- attention avec le mot "rafle"!
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Pas vous et pas ça!

Ce terme n'est pas, loin s'en faut, innocent. Il a un sens précis, dramatique et meurtrier.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Julian Dray n'aime pas, c'est son droit, la circulaire Collomb qui va autoriser les services de l'Etat à contrôler ceux qui résident dans les centres d'hébergement. Le but affiché est de vérifier qui est, ou n'est pas, éligible au droit d'asile. Par déduction, par soustraction on saura qui sont les clandestins et les sans-papiers.

Mais Julien Dray n'a pas le droit de convoquer une tragédie passée pour la calquer, de façon honteuse, sur le présent. Il a dit et répété que "ça ressemblerait à une  rafle"! "Quand la police vient on sait comment ça finit…" a-t-il précisé.

En français le mot "rafle" a un double usage. Au casino : rafler la mise. Mais nous ne sommes pas au casino. Sinon c'est la rafle du Vel' d'Hiv. Des milliers de Juifs arrêtés puis, plus tard, parqués à Drancy, ultime étape avant un voyage sans retour. Pour leur mémoire, pour ces pauvres morts, pour la vérité on est tenu de faire attention. Surtout quand on est –c'est le cas de Dray- de la même origine que moi.

Quand les mots perdent tout sens ils s'imposent comme une chape de mensonge sur la réalité. Mal nommer les choses c'est ajouter à la tragédie du monde (Camus). A supposer que les clandestins et autres migrants soient interrogés par la police ils auront des avocats, des associations, des Julien Dray, des recours pour les défendre et les protéger. Ils ont eu ça les Juifs qui attendaient devant les chambres à gaz ? 

C'est fou d'ailleurs ce qu'on "rafle" en France. Une descente de police dans une cité vérolée par la drogue c'est une "rafle"! Des manifestants réputés violents arrêtés préventivement c'est une "rafle"! Quand les hommes de la BAC interviennent lors d'une émeute en banlieue et ramassent tout ce qui bouge un peu trop c'est aussi une "rafle"! En effet on les contrôlerait, parait-il, au faciès. Comme les Juifs en 1942 n'est-ce pas ? 

Voyons maintenant précisément ce qui arriverait aux migrants "raflés" dans les centres d'hébergement. Voyons ce que Julien Dray ne veut pas voir. Dans la plupart des cas ils seront relâchés car trop nombreux pour nos centres de rétention. Dans le pire, quelques-uns d'entre eux seront expulsés.

On les emmènera par cars à Orly ou à Roissy, là, tous frais payés, ils prendront place dans des avions qui les ramèneront dans leurs pays d'origine. Aucun de ces pays n'a Auschwitz pour capitale.

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